quels sont les pièges dans votre vie ? Découvrez une conversation fictive entre moi-même et un observateur de moi sur quelques-uns des pièges de la modernité
(cloche, souffle et des sons de ballon de temps en temps)
Moi : Avez-vous déjà eu l'impression d'être observé ?
L'observateur : Je t'observe.
Moi : Qui es-tu et qu'est-ce que tu observes ?
L'observateur : Ah, tu vois, je suis une partie de toi et j'observe les pièges dans lesquels tu tombes.
Moi : Pièges ?
L'observateur : Tu te souviens du cours Facing Human Wrongs que tu as suivi pendant l'été 2022 ?
Moi: Oui
L'observateur : celui qui consiste à naviguer dans les paradoxes et les complexités du changement social et mondial, avec tous les pièges que cela comporte ?
Moi : Oui, je m'en souviens. Mais c'est plus facile à le dire qu'à le faire.
L'observateur : En effet
Moi : Alors, qu'est-ce que tu observes ?
L'observateur : OK. mais en… , je remarque que tu es tombé dans le piège appelé « fixation de sortie » qui est celui où les gens ressentent une forte envie de se soustraire aux engagements existants. Par exemple, lorsqu'une personne réalise que le chemin qu'elle emprunte est rempli de paradoxes, de contradictions et de complicités, sa première réaction est souvent de trouver une issue immédiate dans l'espoir d'une alternative plus satisfaisante et/ou plus innocente ou bien d'une communauté idéale avec laquelle poursuivre ce travail.
Moi : Comme une évasion ?
L'observateur : Oui, quelque chose comme ça.
Moi : En passant, d'où viennent ces sons de ballons ?
L'observateur : Ah, ils viennent de ton imagination, cher ami.
Moi : Hum. Ça sonne un peu comme…
L'observateur : (rires) Tout est possible
Moi : OK. Mais, dis-moi, que vois-tu d'autre ?
L'observateur : Eh bien. Je vois aussi le piège appelé prosélytisme, qui se produit lorsque les gens essaient d'enseigner aux autres et de les convaincre qu'un sujet d'intérêt particulier devrait être la chose la plus importante pour tout le monde.
Moi : Attends une seconde, je fais ça tout le temps en tant que militant climatique et avec mon balado sur l'art et l'écologie et...
L'observateur : (interrompant) Bien sûr que tu le fais et tu devrais continuer - pas de soucis - mais il y a le risque que ton travail soit perçu comme un effort pour revendiquer une « position morale supérieure » et, bien que ce piège puisse être motivé par une véritable passion pour une problématique, et tu es certainement passionné par ton travail, il a le potentiel d'imposer aux autres une manière qui ne respecte pas leur propre cheminement de désapprentissage ou d'apprentissage, et qui produit souvent l'effet inverse, soit de repousser les gens plutôt que de les inviter.
Moi : Ok. Je vois. Laisse-moi réfléchir à cela.
L'observateur : Bien sûr et lorsque ce piège se produit, il peut être utile de se demander « Pourquoi ai-je besoin d'enseigner aux autres ou de les convaincre ou de les inspirer concernant mon expérience d'apprentissage ? » D'où vient ce besoin perçu ? Et si tu sens vraiment que tu dois porter quelque chose à l'attention des autres, demandes-toi : D'un point de vue pédagogique, quelle est la chose la plus responsable et la plus efficace à faire pour que ce message puisse passer ?
Moi : Ok. Quoi d'autre ?
L'observateur : Je vois aussi un peu du piège de la vertu ostentatoire et l'outrecuidance, lorsque tu t'affirmes comme ayant la meilleure, la plus juste, la plus critique, la plus perspicace, la plus créative, la plus valide ou la plus marginalisée des perspectives.
L'observateur : Cette approche tend à être axée sur le désir d'être vu d'une certaine manière par les autres ou par soi-même et peut être motivée par le désir de minimiser ou de nier sa complicité dans le mal.
Moi : Peut-être inconsciemment, mais c'est un cercle vicieux, n'est-ce pas ?
L'observateur : (interrompant) Plutôt comme un labyrinthe ou un dilemme auquel tu devrais réfléchir... (silence) Comme Donna Haraway le dit si bien, il faut « demeurer avec ce qui est troublant » : stay with the trouble. OK. Un dernier piège ?
Moi : Vas-y.
L'observateur : Ce piège est particulièrement difficile pour toi.
Moi : hum.
L'observateur : Hé, j'ai besoin que tu sois fort ici mon pote, ok.
Moi : Oui oui oui, j’écoute…
L'observateur : C'est ce qu'on appelle le contournement spirituel et cela se produit lorsque des idées ou des pratiques spirituelles sont utilisées pour contourner, éviter ou encore fuir l'analyse de la violence historique et systémique et aux difficultés de sa propre complicité dans le mal historique et systémique. Tu comprends ce que je veux dire ?
Moi : Oui, je pense que oui, mais je ne crois pas que je fasse ça.
L'observateur : (interrompant) oui, peut-être pas consciemment, mais le contournement spirituel se manifeste souvent en même temps que l'appropriation culturelle, par exemple, tu réfléchis chaque fois que tu enregistres un paysage sonore avec ton micro, non ?
Moi : Je vois ce que tu veux dire. Tu es un bon observateur.
L'observateur : Merci et de même pour toi. Je suis un peu comme ton ange gardien.
Moi : Ou le diable?
L'observateur : C’est comme tu veux. De toute façon, je suis là pour toi. Maintenant, l'un des dangers du contournement spirituel est de projeter des interprétations de « l'unicité » qui effacent la réalité des inégalités historiques et systémiques, et des interprétations des « Lumières » qui tendent à renforcer l'exceptionnalisme et, je remarque, que tu as tendance à faire cela...
Moi : Oui, bien sûr, je le fais, mais cela fait partie de la vie d'un artiste.
L'observateur : (interrompant) C'est vrai, oui, oui, mais cela ne signifie pas nécessairement que c'est bien, n'est-ce pas ? Il faut réfléchir à tout cela.
Moi : (interrompant) Oui, beaucoup de choses auxquelles penser ou qu'il faut apprendre et désapprendre.
L'observateur : Quels sont les pièges dans votre vie ?
*
Cet épisode est plus long que les 5 minutes habituelles car c'est le temps qu'il a fallu pour raconter cette histoire !
Cet épisode est le fruit de l'apprentissage que j'ai fait en suivant le cours Facing Human Wrongs pendant l'été 2022 avec le soutien de Azul Carolina Duque.
Le son du ballon m'est venu lorsque j’ai dégonflé un ballon alors que je créais le son pour une production théâtrale intitulée Why Worry About their Future, produite par ma collègue Sanita Fejzić, dans le cadre du festival undercurrents ici à Ottawa, lorsque j'ai constaté que le son de l'air expiré d'un ballon était le bon son pour accompagner cette pièce pour deux personnes.
Je suis reconnaissant et responsable envers la terre et le travail humain qui m'ont offert le privilège de produire cet épisode (y compris tous les matériaux toxiques et les processus d'extraction à l'origine des ordinateurs, des enregistreurs, des transports et des infrastructures qui rendent ce balado possible).
Mon geste de réciprocité pour cet épisode est un don à la South American Indigenous Network Emergency Fund (deuxième don).
(cloche, souffle et des sons de ballon de temps en temps)
Moi : Avez-vous déjà eu l'impression d'être observé ?
L'observateur : Je t'observe.
Moi : Qui es-tu et qu'est-ce que tu observes ?
L'observateur : Ah, tu vois, je suis une partie de toi et j'observe les pièges dans lesquels tu tombes.
Moi : Pièges ?
L'observateur : Tu te souviens du cours Facing Human Wrongs que tu as suivi pendant l'été 2022 ?
Moi: Oui
L'observateur : celui qui consiste à naviguer dans les paradoxes et les complexités du changement social et mondial, avec tous les pièges que cela comporte ?
Moi : Oui, je m'en souviens. Mais c'est plus facile à le dire qu'à le faire.
L'observateur : En effet
Moi : Alors, qu'est-ce que tu observes ?
L'observateur : OK. mais en… , je remarque que tu es tombé dans le piège appelé « fixation de sortie » qui est celui où les gens ressentent une forte envie de se soustraire aux engagements existants. Par exemple, lorsqu'une personne réalise que le chemin qu'elle emprunte est rempli de paradoxes, de contradictions et de complicités, sa première réaction est souvent de trouver une issue immédiate dans l'espoir d'une alternative plus satisfaisante et/ou plus innocente ou bien d'une communauté idéale avec laquelle poursuivre ce travail.
Moi : Comme une évasion ?
L'observateur : Oui, quelque chose comme ça.
Moi : En passant, d'où viennent ces sons de ballons ?
L'observateur : Ah, ils viennent de ton imagination, cher ami.
Moi : Hum. Ça sonne un peu comme…
L'observateur : (rires) Tout est possible
Moi : OK. Mais, dis-moi, que vois-tu d'autre ?
L'observateur : Eh bien. Je vois aussi le piège appelé prosélytisme, qui se produit lorsque les gens essaient d'enseigner aux autres et de les convaincre qu'un sujet d'intérêt particulier devrait être la chose la plus importante pour tout le monde.
Moi : Attends une seconde, je fais ça tout le temps en tant que militant climatique et avec mon balado sur l'art et l'écologie et...
L'observateur : (interrompant) Bien sûr que tu le fais et tu devrais continuer - pas de soucis - mais il y a le risque que ton travail soit perçu comme un effort pour revendiquer une « position morale supérieure » et, bien que ce piège puisse être motivé par une véritable passion pour une problématique, et tu es certainement passionné par ton travail, il a le potentiel d'imposer aux autres une manière qui ne respecte pas leur propre cheminement de désapprentissage ou d'apprentissage, et qui produit souvent l'effet inverse, soit de repousser les gens plutôt que de les inviter.
Moi : Ok. Je vois. Laisse-moi réfléchir à cela.
L'observateur : Bien sûr et lorsque ce piège se produit, il peut être utile de se demander « Pourquoi ai-je besoin d'enseigner aux autres ou de les convaincre ou de les inspirer concernant mon expérience d'apprentissage ? » D'où vient ce besoin perçu ? Et si tu sens vraiment que tu dois porter quelque chose à l'attention des autres, demandes-toi : D'un point de vue pédagogique, quelle est la chose la plus responsable et la plus efficace à faire pour que ce message puisse passer ?
Moi : Ok. Quoi d'autre ?
L'observateur : Je vois aussi un peu du piège de la vertu ostentatoire et l'outrecuidance, lorsque tu t'affirmes comme ayant la meilleure, la plus juste, la plus critique, la plus perspicace, la plus créative, la plus valide ou la plus marginalisée des perspectives.
L'observateur : Cette approche tend à être axée sur le désir d'être vu d'une certaine manière par les autres ou par soi-même et peut être motivée par le désir de minimiser ou de nier sa complicité dans le mal.
Moi : Peut-être inconsciemment, mais c'est un cercle vicieux, n'est-ce pas ?
L'observateur : (interrompant) Plutôt comme un labyrinthe ou un dilemme auquel tu devrais réfléchir... (silence) Comme Donna Haraway le dit si bien, il faut « demeurer avec ce qui est troublant » : stay with the trouble. OK. Un dernier piège ?
Moi : Vas-y.
L'observateur : Ce piège est particulièrement difficile pour toi.
Moi : hum.
L'observateur : Hé, j'ai besoin que tu sois fort ici mon pote, ok.
Moi : Oui oui oui, j’écoute…
L'observateur : C'est ce qu'on appelle le contournement spirituel et cela se produit lorsque des idées ou des pratiques spirituelles sont utilisées pour contourner, éviter ou encore fuir l'analyse de la violence historique et systémique et aux difficultés de sa propre complicité dans le mal historique et systémique. Tu comprends ce que je veux dire ?
Moi : Oui, je pense que oui, mais je ne crois pas que je fasse ça.
L'observateur : (interrompant) oui, peut-être pas consciemment, mais le contournement spirituel se manifeste souvent en même temps que l'appropriation culturelle, par exemple, tu réfléchis chaque fois que tu enregistres un paysage sonore avec ton micro, non ?
Moi : Je vois ce que tu veux dire. Tu es un bon observateur.
L'observateur : Merci et de même pour toi. Je suis un peu comme ton ange gardien.
Moi : Ou le diable?
L'observateur : C’est comme tu veux. De toute façon, je suis là pour toi. Maintenant, l'un des dangers du contournement spirituel est de projeter des interprétations de « l'unicité » qui effacent la réalité des inégalités historiques et systémiques, et des interprétations des « Lumières » qui tendent à renforcer l'exceptionnalisme et, je remarque, que tu as tendance à faire cela...
Moi : Oui, bien sûr, je le fais, mais cela fait partie de la vie d'un artiste.
L'observateur : (interrompant) C'est vrai, oui, oui, mais cela ne signifie pas nécessairement que c'est bien, n'est-ce pas ? Il faut réfléchir à tout cela.
Moi : (interrompant) Oui, beaucoup de choses auxquelles penser ou qu'il faut apprendre et désapprendre.
L'observateur : Quels sont les pièges dans votre vie ?