une composition de paysage sonore sur la composition de paysage sonore at Parc national urbain Rouge à Toronto
une composition de paysage sonore sur la composition de paysage sonore at Parc national urbain Rouge à Toronto
TRANSCRIPTION DE L'ÉPISODE
(Cloche et souffle)
(divers enregistrements de terrain du parc national urbain de la Rouge)
Moi (au parc de la Rouge, en anglais) :
Lac Ontario, parc de la Rouge, eau, bruit de train qui arrive, qui part.
Le 21 août 2023, je me suis joint à la compositrice Wendalyn Bartley et à l'écologiste Leo Cabrera pour visiter le Parc urbain national de la Rouge, qui est centré autour de la rivière Rouge et de ses affluents dans la région du Grand Toronto.
Nous étions là pour écouter des paysages sonores, comme celui que vous entendez maintenant.
À la fin de notre session d’écoute, Léo m'a demandé d'expliquer comment je créais des compositions de paysages sonores, alors cet épisode explore cette question, accompagné de...
(Bruit d'une femme qui parle de ‘petits poissons’)
paysages sonores.
Qu'est-ce que la composition de paysage sonore ?
Claude (pendant l'enregistrement sur le terrain, en anglais)
Parc national Rouge, 21 août, vers 19 heures, j'attends un train.
Donc, la composition de paysages sonores est une forme de musique électroacoustique caractérisée par la présence de sons et de contextes environnementaux reconnaissables...
Et le contexte est important ici.
Par exemple, qu’est ce que vous entendez en ce moment? J’entends une poussette, un oiseau, des voix, un vélo qui vient de passer, j'entends un enfant en arrière plan, Bien sûr, il y a un grondement de la ville, ah, voila des jeunes voix et j’entends quelqu’un qui marche lentement qui traine du pied un peu qui un son…
(train qui passe)
Et bien sûr, il y a des trains passent toutes les quelques minutes ici... Alors nous voici dans un autre espace. Qu’est ce que vous entendez?
Qu’est-ce qui arrive si je change l'histoire en coupant les basses fréquences de ce cygne et de ces vagues ?
Qu’est-ce qui arrive si je rendais le train un peu plus distant, et que je le plaçais à … gauche ?
Et si je plaçais aussi la maman qui parle à son fils des petits poissons dans une réverbération un peu… à droite.
Que ressenteriez-vous s'il n'y avait pas de son du tout ?
Vous voyez, pour moi, la composition de paysage sonore et l'art en général, est un jeu d'illusion. Les artistes jouent avec nos sens de la perception et notre compréhension et notre interprétation de la réalité.
Je vous invite à écouter la réalité - du moins ce que mes microphones ont capté ce jour-là - mais aussi à la fantaisie, c'est-à-dire mes manipulations de ces sons. C'est une zone liminale intéressante, mais c'est aussi un espace très privilégié. Ce n’est pas tout le monde qui ont les moyens de créer et d'écouter des compositions de paysages électroacoustique.
Je pense aux êtres vivants - humains et non humains - qui ne peuvent pas baisser le volume d'un train bruyant qui passe devant leur maison toutes les quelques minutes comme celui que j’ai enregistré dans le parc.
(Un train bruyant passe)
De plus, qu'en est-il des sons qui ont disparu de notre environnement sonore ?
Comment pouvons-nous nous souvenir et faire le deuil des sons qui se sont éteints ?
Comment pouvons-nous tenter de faire réapparaître certains sons?
La composition de paysage sonore peut-elle nous y aider ?
Mon approche via a via la composition de paysages sonores est de poser beaucoup de questions... sur l'éthique de l'enregistrement, sur la position d’écoute et sur la valeur ajoutée d’une intervention artistique dans un espace acoustique.
Je réfléchis aussi à qui dois-je rendre compte avec mes enregistrements et comment puis-je créer un art sonore qui ne perpétue pas les cycles d'extraction et d'exploitation qui sont en train de nous tuer?
Beaucoup de questions.
Qu'en pensez-vous ?
Je termine cet épisode par une conversation que j'ai eue au cours de l'été 1990 avec le défunt compositeur R. Murray Schafer, qui est l’auteur du livre Tuning of the World et qui était à la tête du World Soundscape Project à Simon Fraser University à Vancouver dans les années 1970.
Murray et moi parlons de microphones et d’écoute. Vous trouverez une traduction dans les notes d’épisode.
Si le microphone remplace votre oreille, c'est que quelque chose ne va pas. Et comme on le voit dans beaucoup de nos écoutes, le microphone a remplacé l'oreille. Le simple fait que, par exemple, nous exigions la présence de tous les sons enregistrés et qu'ils soient tous captés par des micros rapprochés, est une reconnaissance du fait que le microphone, qui est un instrument permettant d'obtenir des gros plans, est plus respecté que notre propre expérience auditive. Le fait que nous ne puissions plus écouter à distance. Si l'on veut vraiment s'impliquer dans l'écologie de l'environnement, il faut redécouvrir comment écouter la distance, parce qu'une grande partie des sons dont nous parlons sont distants.
Je suis d'accord avec Murray pour dire que nous devons remettre en question notre utilisation de la technologie et réapprendre à écouter à distance, avec ou sans micro.
(Une femme parle)
Poisson, où es-tu ?
Réapprendre à écouter à distance.
*
Merci à Wendalyn et Leo, mes collègues du conseil d'administration de l'Association canadienne pour l'écologie sonore (ACES), de s'être joints à moi lors de ce voyage d'enregistrement sur le terrain. Je remercie également les personnes qui ont été enregistrées ce jour-là et un coup de chapeau à Murray Schafer qui continue à être présent dans nos vies à travers ses mots et sa musique.
Je suis reconnaissant et responsable envers la terre et le travail humain qui m’ont offert le privilège de produire cet épisode (y compris tous les matériaux toxiques et les processus d’extraction à l’origine des ordinateurs, des enregistreurs, des transports et des infrastructures qui rendent ce balado possible).
Mon geste de réciprocité pour cet épisode est un don à Société pour la nature et les parcs du Canada (SNAP Canada).
TRANSCRIPTION DE L'ÉPISODE
(Cloche et souffle)
(divers enregistrements de terrain du parc national urbain de la Rouge)
Moi (au parc de la Rouge, en anglais) :
Lac Ontario, parc de la Rouge, eau, bruit de train qui arrive, qui part.
Le 21 août 2023, je me suis joint à la compositrice Wendalyn Bartley et à l'écologiste Leo Cabrera pour visiter le Parc urbain national de la Rouge, qui est centré autour de la rivière Rouge et de ses affluents dans la région du Grand Toronto.
Nous étions là pour écouter des paysages sonores, comme celui que vous entendez maintenant.
À la fin de notre session d’écoute, Léo m'a demandé d'expliquer comment je créais des compositions de paysages sonores, alors cet épisode explore cette question, accompagné de...
(Bruit d'une femme qui parle de ‘petits poissons’)
paysages sonores.
Qu'est-ce que la composition de paysage sonore ?
Claude (pendant l'enregistrement sur le terrain, en anglais)
Parc national Rouge, 21 août, vers 19 heures, j'attends un train.
Donc, la composition de paysages sonores est une forme de musique électroacoustique caractérisée par la présence de sons et de contextes environnementaux reconnaissables...
Et le contexte est important ici.
Par exemple, qu’est ce que vous entendez en ce moment? J’entends une poussette, un oiseau, des voix, un vélo qui vient de passer, j'entends un enfant en arrière plan, Bien sûr, il y a un grondement de la ville, ah, voila des jeunes voix et j’entends quelqu’un qui marche lentement qui traine du pied un peu qui un son…
(train qui passe)
Et bien sûr, il y a des trains passent toutes les quelques minutes ici... Alors nous voici dans un autre espace. Qu’est ce que vous entendez?
Qu’est-ce qui arrive si je change l'histoire en coupant les basses fréquences de ce cygne et de ces vagues ?
Qu’est-ce qui arrive si je rendais le train un peu plus distant, et que je le plaçais à … gauche ?
Et si je plaçais aussi la maman qui parle à son fils des petits poissons dans une réverbération un peu… à droite.
Que ressenteriez-vous s'il n'y avait pas de son du tout ?
Vous voyez, pour moi, la composition de paysage sonore et l'art en général, est un jeu d'illusion. Les artistes jouent avec nos sens de la perception et notre compréhension et notre interprétation de la réalité.
Je vous invite à écouter la réalité - du moins ce que mes microphones ont capté ce jour-là - mais aussi à la fantaisie, c'est-à-dire mes manipulations de ces sons. C'est une zone liminale intéressante, mais c'est aussi un espace très privilégié. Ce n’est pas tout le monde qui ont les moyens de créer et d'écouter des compositions de paysages électroacoustique.
Je pense aux êtres vivants - humains et non humains - qui ne peuvent pas baisser le volume d'un train bruyant qui passe devant leur maison toutes les quelques minutes comme celui que j’ai enregistré dans le parc.
(Un train bruyant passe)
De plus, qu'en est-il des sons qui ont disparu de notre environnement sonore ?
Comment pouvons-nous nous souvenir et faire le deuil des sons qui se sont éteints ?
Comment pouvons-nous tenter de faire réapparaître certains sons?
La composition de paysage sonore peut-elle nous y aider ?
Mon approche via a via la composition de paysages sonores est de poser beaucoup de questions... sur l'éthique de l'enregistrement, sur la position d’écoute et sur la valeur ajoutée d’une intervention artistique dans un espace acoustique.
Je réfléchis aussi à qui dois-je rendre compte avec mes enregistrements et comment puis-je créer un art sonore qui ne perpétue pas les cycles d'extraction et d'exploitation qui sont en train de nous tuer?
Beaucoup de questions.
Qu'en pensez-vous ?
Je termine cet épisode par une conversation que j'ai eue au cours de l'été 1990 avec le défunt compositeur R. Murray Schafer, qui est l’auteur du livre Tuning of the World et qui était à la tête du World Soundscape Project à Simon Fraser University à Vancouver dans les années 1970.
Murray et moi parlons de microphones et d’écoute (vous trouverez une traduction dans les notes d’épisode):
Si le microphone remplace votre oreille, c'est que quelque chose ne va pas. Et comme on le voit dans beaucoup de nos écoutes, le microphone a remplacé l'oreille. Le simple fait que, par exemple, nous exigions la présence de tous les sons enregistrés et qu'ils soient tous captés par des micros rapprochés, est une reconnaissance du fait que le microphone, qui est un instrument permettant d'obtenir des gros plans, est plus respecté que notre propre expérience auditive. Le fait que nous ne puissions plus écouter à distance. Si l'on veut vraiment s'impliquer dans l'écologie de l'environnement, il faut redécouvrir comment écouter la distance, parce qu'une grande partie des sons dont nous parlons sont distants.
Je suis d'accord avec Murray pour dire que nous devons remettre en question notre utilisation de la technologie et réapprendre à écouter à distance, avec ou sans micro.
(Une femme parle)
Poisson, où es-tu ?
Réapprendre à écouter à distance.