une promenade sonore bilingue avec Steven Moran, conseiller municipal de Gatineau (Hull-Wright), autour de ‘la filature’ dans le cadre de Radio-Hull 2023
une promenade sonore bilingue avec Steven Moran, conseiller municipal de Gatineau (Hull-Wright), autour de ‘la filature’ dans le cadre de Radio-Hull 2023
TRANSCRIPTION DE l’ÉPISODE (cet épisode est un mélange d'anglais et de français, vous trouverez ci-dessous la version anglaise complète)
(cloche et respiration)
Claude (C ) : Steven Morin, je t'invite à faire une promenade sonore avec moi.
Steve (S): Excellent. On y va?
C: Alors t'es conseiller municipal de la région ici?
S: Oui. De Hull-Wright.
C : Moi, je suis artiste en résidence ici à DAIMON puis je crée des œuvres pour la radio-hull 2023. Puis j'ai décidé de faire une promenade avec un ami, toi, en français, en anglais. L’idée d'une promenade sonore, c'est de porter attention à tous les détails, par exemple, nos pieds en ce moment font un son assez doux. Il vient de pleuvoir ici à Gatineau. Tous les détails de la vie, on peut sentir par le son.
C (en anglais): Et ce sera une conversation bilingue parce que Gatineau est multilingue et que je suis bilingue. En fait, ma famille, mon grand-père, vivait à Hull à l'époque. Il y a donc beaucoup d'histoires que nous pouvons raconter. Mais en parlant de son, c'en est un beau. Dites-moi ce qui vient de se passer ici.
C: Je commencerais avec ce que tu entends en ce moment, Steven.
S : J'entends les feuilles dans le peuplier qui est là. On entend de la construction parce qu'on entend toujours la construction dans le centre ville. J'entends des oiseaux. Je pense que c'était une mésange. J'entends le vent. J'entends le vent tout seul je pense. J'entends le vent dans les feuilles. J'entends l'autoroute et puis Montcalm. Quelqu'un avec une tronçonneuse, on dirait.
C: Donc c'est ça l'idée. Mais ce qui est intéressant avec la promenade sonore, c'est qu'on peut aussi interagir avec le paysage sonore. Donc on l'écoute, on perçoit, on est sensible à… par exemple, la voiture qui vient de passer. On sait que c'est l'été parce qu'il n'y a pas de slush.On peut percevoir toutes sortes de choses avec le son. Par exemple, il y a des outardes devant nous. On va voir si elles vont faire du son. On est tellement habitué à voir que nos sensations d'audition sont des fois un peu moins développées, alors une promenade sonore, c'est une façon d'aiguiser notre…
S: Avec les bernaches, on les entend dans le ciel, mais on y pense moins quand ils sont par terre.
C: Par exemple, ici le building est intéressant. La filature, c'était une ancienne manufacture c’est le Hanson dont j'oublie le nom.
S: Hanson Mills. Des chaussettes, entre autres? Oui, entre autres.
C: Puis ça a été converti dans un centre d’artiste dans les années 80 et maintenant c'est AxeNéo7 et Daimon. Je trouve ça intéressant qu'il y ait un centre culturel dans un ancien lieu industriel, que ça soit quand une façon de donner une nouvelle vie à l'édifice et au quartier.
(paysage sonore d’enfants qui jouent)
S: Le ruisseau de la.Brasserie a été vraiment ça été le centre de tout un milieu industriel. C'était le cœur battant de l'industrie Gatinoise. Les haches ont été faites juste là bas. La distillerie était juste là et plein de choses qui se passaient sur le ruisseau. Donc, quand on pense industrie et culture, quand on parle de lieu, évidemment, c'est souvent des espaces post-industriels qui ne sont peut être pas nécessairement adaptés au logement donc un s'en sert pour faire des espaces culturels. Comme la filature était un exemple parfait.
(paysage sonore urbain)
S: Mais c'est clair que dans cet endroit, si il y avait une époque. J'essaie de m'imaginer, puis je l'entends dans ma tête: les marteaux, les grosses machines, les scies, etc. Ce n'est plus le cas. Je veux dire, il n'y a aucune industrie de ce genre d’industrie lourde de ce genre là, ici. Les sons seraient complètement différents. C'est fascinant d'imaginer ce que ça aurait dû être à l'époque. Aussi, il faut se le rappeler, juste avant la deuxième guerre mondiale, il y avait une grosse crise d'itinérance de ce qu'on appelle les sans abris à l'époque, qui étaient ici, qui étaient centrés sur la partie Ouest. Donc il y aurait eu des camps même. Est ce que ce sont des sons industriels? Mais ça aurait été des familles laissées dans la pauvreté, dans ce système industriel qui les ont laissés pour compte. Ça aurait été aussi un endroit familial. Mais pas de la même façon que maintenant.
(paysage sonore d’enfants qui jouent)
C: Quand je suis venu plus tôt, il y avait beaucoup d'enfants qui jouaient avec leurs vélos. J'ai fait des prises de son et pour moi, c'est une découverte aussi parce que je ne connais pas bien Gatineau. Je suis un artiste d'Ottawa qui vient ici pour écouter… et pour participer à la Radio-Hull . Puis je trouve ça vraiment intéressant de se laisser emporter par l'ambiance, par la culture, par les espaces de Gatineau.
(son de pied sur la route)
C : Mais en parlant de son, c'est un beau son. Oui, c'est vrai. Dites-moi ce qui vient de se passer.
Steven : Les voitures qui traversent les flaques d'eau, tout le monde connaît ce bruit. C'est typique d'après la pluie. Oui, c'est typique d'après la pluie. Ouais. Mais aussi, je veux dire, c'est de l'asphalte. Ce ne serait pas pareil si c'était de la boue. Ce ne serait pas la même chose si c'était de l'herbe. Une voiture qui traverse des flaques d'eau, c'est vraiment de l'asphalte. Et nous oublions de penser... Je pense toujours qu'il est intéressant de garder à l'esprit ce qu'il y avait ici avant que nous ne construisions des villes et quels étaient les sons possibles à ce moment-là... Je veux dire, je ne pense pas seulement aux sons, je pense à tous les espaces, aux arbres. Bien sûr, les sons viennent avec. En quoi cet endroit aurait-il été différent ? Il aurait été totalement boisé. Vous auriez donc eu une perspective différente sur tout. Le son aurait été très différent. Les sons d'une forêt, vous savez, auraient presque certainement été ceux d'une forêt d'érables. Quels étaient les sons de cette forêt, n'est-ce pas ?
C : En ce moment, nous sommes au-dessus du type d'arbre, mais ce n'est pas le peuplier de tout à l'heure. C'est une feuille plus douce.
S : C'est un érable du Manitoba. Un très gros érable, étonnamment.
C : En venant ici ce matin, je jouais avec ce son.
(bruit de portail)
S : Un autre son que tout le monde connaît.
C : Mais celui-ci est si riche. Et c'est un portail. Et nous allons traverser ce portail et retourner à la filiation...
S : Cela me fait penser à l'école : Le son de l'école. Tout à fait. Je n'ai jamais travaillé dans une usine, mais je pense que les gens qui travaillaient dans les usines, c'est le son de l'usine qui ferme tout ça, probablement plus un son de bip quand on le fait glisser que de se fermer comme ça. Mais pour moi, c'est le bruit de l'école. Chaque école a une clôture comme celle-ci. C'est vrai. Le clic, le clic et le..,
C : Est-ce que c'est cool dans le bon sens du terme ou dans le mauvais sens ?
S : J'aime l'école, je suis parent, mais j'aime l'école. Quand j'étais enfant, j'aurais peut-être eu une idée différente de l'école.
C : Pour moi, en tant qu'artiste, c'est un son très intéressant avec lequel je pourrais jouer, n'est-ce pas ? Je dirais, ok, c'est une barrière. Quelle est la notion de ce qui est, de qui est exclu ? Qu'est-ce qui est protégé ? Le côté conceptuel en quelque sorte, mais aussi le son lui-même et la richesse des secousses et, en quelque sorte, c'est un matériau artistique très intéressant.
S : Et c'est drôle, c'est évidemment du métal, mais je ne pense pas qu'on puisse entendre le métal. Oui, on peut entendre le métal après la secousse, mais pendant la secousse, ce son n'est pas nécessairement clairement métallique.
C : Très bien, Steven, continuons. Ce que je vais faire avec cette promenade sonore, c'est une façon spéciale de faire la promenade sonore, c'est que je vais insérer des sons et faire un peu de composition pour que vos interventions soient avec des gros plans des sons, ce qui est une façon amusante de jouer avec la notion d'espace parce que c'est ce que les artistes font, c'est interpréter et jouer avec les expériences esthétiques pour que le public puisse avoir des sensations différentes et des façons différentes de, dans ce cas, écouter....
(bruit d'un chariot qui passe)
C: Qu'est ce que tu entends?
S : J'entends un avion
C: Donc il va passer par-dessus nous. la stéréophonie pour le capter.
S: C'est évidemment quelque chose de spécifique. Dans cette partie de Hall, il y a une certaine hauteur à laquelle les avions se trouvent parce qu'ils atterrissent ou partent de l'aéroport d'Ottawa. Ça, c'est une chose qu'on entend. L'autre chose qu'on entend, c'est des ‘biplanes’ souvent des petits avions de fun qui sortent de l'aéroport de Gatineau. Ils sont plus bas, mais un son différent qui vient avec. Mais c'est toujours une hauteur très spécifique.
C: Intéressant. T’es bon. Tu portes attention aux détails, C'est parce que ça fait une différence de savoir d'où vient un son, à quelle hauteur est ce que est ce que c'est plus clair s'il y a des nuages ou non? C'est surtout des détails vraiment importants et intéressants je trouve. Alors j'ai promis au début de notre promenade que je te raconterais un peu une histoire. Mon père, Maurice, qui est décédé malheureusement maintenant… Son père s'appelait Maurice et je me souviens qu'on venait ici à Hull sur avenue Roy qui n'est pas loin d'ici. J'ai un souvenir d'enfance d'un feu, un poêle à bois, parce qu'à l'époque, la plupart des gens chauffaient par le poêle à bois. Bonjour Monsieur.
S: Je peux entendre le frigidaire? Très typique d'un dépanneur.
C: Ah oui? Comment ça?
S: Écoute? Tu connais ce son là? T'es dans un dépanneur, monsieur?
C : Est -ce qu'on peut entrer? Ok, ce frigidaire là. Wow. Bonjour, je veux juste faire une prise de son pour une promenade sonore.
S: He’s just taking a sound clip. OK?
C: Want to record the fridge.
Propriétaire du dépanneur: Go ahead.
C : Cheers. Tell me more Steven.
S: You hear the fan that is very typical of the fridge. Low ceilings. The small areas, it's very typical. I love depanneur. It’s something that we take for granted.
Proprietaire: For Youtube?
C: C’est pour une station de radio
Propriétaire: Ah, radio station 106.5 ok cool. Thank you.
C: You're welcome…
S:Je pense qu'il y a réflexion à faire sur le rôle du dépanneur comme centre communautaire. C'est une espèce en voie de disparition les dépanneurs.. Moi, j'ai habité à Montréal, mais c'est le cas aussi à Hull. Les dépanneurs ont joué et pourront jouer un rôle de centre. C'est ce qu'ils appellent le lieu tiers, où les gens se ramassent parce qu'il y a de quoi à faire, ils se parlent, ils se reconnaissent, ils se voient. Ça devient des endroits communautaires très importants, particulièrement avec le rétrécissement de l'espace public et les espaces qui appartiennent à l'État. C'est espaces de lieu tiers sont super importants. Moi, je pense qu'une réflexion importante à faire sur le rôle du dépanneur.
C: Et le son des dépanneurs.
S: Ça fait partie de la chose. Tu sais, l'odeur que tu as là dedans. La vision, c'est une dépendance. C'est un dépanneur. Tout le monde le connaît. Quand tu rentres dedans, mais un son très typique. Tu sais, la machine à ‘sloche’ a son bruit. Elle est frigidaire, ça fait son bruit. Il y a toujours les lumières tout croche qui font du bruit. Tout le monde avec du cash qui passent par le comptoir, ça fait un bruit. Un son.
C: Steven, c'est fascinant. Je suis tellement content qu'on ait pu découvrir ça. Il y a un autre phénomène sonore qui arrive là, c'est les chiens.
S: Bonjour, bonjour. Bonjour.
C: Les petits chiens font un son particulièrement aigu et quand il y en a trois comme ça ensemble. j'appelle ça une présence sonore intéressante.
S: Je dirais. On entend aussi le bruit des mécaniques, des édifices autour. Je sais pas si je les entends, je crois pas que c'est des climatiseurs ou le chauffage, mais on entend ce bruit de fond là qui est vraiment ‘white noise’ On l'entend ici. Je pense qu'il y a toujours une réflexion à faire aussi sur le son et la pollution sonore, parce que nous sommes dans un quartier pauvre à côté. c'est un quartier aisé. Les sons seraient très différents. Il y a toujours une réflexion à faire là-dessus à mon avis. Quand on pense à la ville, il faut toujours penser à ça.
(son de cricket)
C: Eh ben on revient. On a fait le tour un peu de l'édifice. La filature qui est filature, je pense que c'est en lien avec le fil et le raccommodage et tout ça. On va entrer un instant dans le building, puis après on va finir avec une sculpture sonore qui est sur place, ici devant le Centre d’artiste Daimon.
C: Bonjour Philippe, tu sais, fait partie de l'équipe de Radio Hall alors j'ai été très bien accueilli ici… Donc à l'intérieur, ici, c'est juste pour sentir la différence entre l'espace extérieur et intérieur. Donc, qu'est ce que tu entends ici à l'intérieur?
S: C'est le silence. C'est plus que le silence. C'est c'est comme comment on appelle ça. On arrête le bruit. Tout est organisé pour arrêter le bruit. Très typique à l'intérieur des édifices. On va baisser le bruit, donc les murs, c'est comme si ça mangeait le bruit. On entend du monde qui parle, qui jouent avec des fils, quelqu'un comme ça, des morceaux métalliques, qui est quand même quelqu'un qui parle. Un téléphone je pense. Il y a un bruit. C'est un bruit de lumière.
C: Puis il y a aussi un éventail là-bas qu'on voit qui fait un petit son ici. Ouais, c'est ça. S: C'est ça que j'entendais. Les gens, on les entend.
C:. le contraste entre un espace intérieur et extérieur, quelque chose qui est vraiment intéressant, qui nous arrive tous les jours et auquel on ne porte pas tellement attention. Mais c'est vraiment une belle expérience de dire simplement intérieur. Extérieur.
(silence)
C: Il y a une sculpture devant le building ici qui est d'un artiste de Montréal. Je vais retrouver son nom.
S: Il n'y a pas. Il n'y a pas une petite pancarte.
C : C'est Adam Basanta. Ça s'appelle Triad. Puis je vais mettre mon micro comme ça. Je t'invite à écouter.
S: Super intéressant comme expérience. Et si tu fais des deux bouts différents.
C; Je peux te parler de.
S: On dirait des fréquences différentes. Mais parle moi de ce de là.
S: Tu veux que je te parle d'ici? C'est intéressant. Oui. Wow!
C: Asseyons toi ici et on va essayer. Moi, je vais à l'autre bout. Vas y..
S: Salut Oui, tu m'entends bien. C'est fascinant comme bruit ici, mais en fait, il y a quelque chose dans ce tuyau là. J'imagine que ça change le son légèrement. C'est fascinant les jeux de fréquence et de longueur. Il y a un jeu de mathématiques là-dedans, qu'on ignore ou qu'on écoute, parce que c'est tellement naturel. Mais la longueur, ça change de fréquence.
C: Bon, on va s'arrêter là puisqu'il y a une œuvre d'art qui nous a aidé à mieux écouter l'espace ici. Je te remercie pour la promenade sonore. Ça va jouer, évidemment. a Radio-hull 2023, mais aussi sur mon balado conscient parce que ça fait partie de la série que j'explore, sur les sons de la modernité. Donc on a parlé de tout ça ce matin. Merci beaucoup Steven Moran.
S: C'est toujours un plaisir de parler de Hull, puis c'est le fun de voir aussi.
C: À bientôt. Merci.
*
Enregistré à La Filature, Gatineau le 30 août 2023. Un grand merci à Steven Moran pour sa collaboration.
Cet épisode a été créé alors que j'étais en résidence durant l'été 2023 au Centre de production DAÏMÔN à Gatineau Québec dans le cadre de la quatrième édition de Radio-Hull 28 jours de programmation du 7 septembre au 4 octobre 2023 mettant en valeur les pratiques artistiques locales.
Merci à l'équipe de production du Centre de production DAÏMÔN : Manon, Coco, Philippe et Simon et aux bailleurs de fonds et partenaires de DAÏMÔN.
Je suis reconnaissant et responsable envers la terre et le travail humain qui m’ont offert le privilège de produire cet épisode (y compris tous les matériaux toxiques et les processus d’extraction à l’origine des ordinateurs, des enregistreurs, des transports et des infrastructures qui rendent ce balado possible).
Mon geste de réciprocité pour cet épisode est un don à la Croix-rouge canadienne.
TRANSCRIPTION DE l’ÉPISODE
(cloche et respiration)
Claude (C ) : Steven Morin, je t'invite à faire une promenade sonore avec moi.
Steve (S): Excellent. On y va?
C: Alors t'es conseiller municipal de la région ici?
S: Oui. De Hull-Wright.
C : Moi, je suis artiste en résidence ici à DAIMON puis je crée des œuvres pour la radio-hull 2023. Puis j'ai décidé de faire une promenade avec un ami, toi, en français, en anglais. L’idée d'une promenade sonore, c'est de porter attention à tous les détails, par exemple, nos pieds en ce moment font un son assez doux. Il vient de pleuvoir ici à Gatineau. Tous les détails de la vie, on peut sentir par le son.
C (en anglais): Et ce sera une conversation bilingue parce que Gatineau est multilingue et que je suis bilingue. En fait, ma famille, mon grand-père, vivait à Hull à l'époque. Il y a donc beaucoup d'histoires que nous pouvons raconter. Mais en parlant de son, c'en est un beau. Dites-moi ce qui vient de se passer ici.
C: Je commencerais avec ce que tu entends en ce moment, Steven.
S : J'entends les feuilles dans le peuplier qui est là. On entend de la construction parce qu'on entend toujours la construction dans le centre ville. J'entends des oiseaux. Je pense que c'était une mésange. J'entends le vent. J'entends le vent tout seul je pense. J'entends le vent dans les feuilles. J'entends l'autoroute et puis Montcalm. Quelqu'un avec une tronçonneuse, on dirait.
C: Donc c'est ça l'idée. Mais ce qui est intéressant avec la promenade sonore, c'est qu'on peut aussi interagir avec le paysage sonore. Donc on l'écoute, on perçoit, on est sensible à… par exemple, la voiture qui vient de passer. On sait que c'est l'été parce qu'il n'y a pas de slush.On peut percevoir toutes sortes de choses avec le son. Par exemple, il y a des outardes devant nous. On va voir si elles vont faire du son. On est tellement habitué à voir que nos sensations d'audition sont des fois un peu moins développées, alors une promenade sonore, c'est une façon d'aiguiser notre…
S: Avec les bernaches, on les entend dans le ciel, mais on y pense moins quand ils sont par terre.
C: Par exemple, ici le building est intéressant. La filature, c'était une ancienne manufacture c’est le Hanson dont j'oublie le nom.
S: Hanson Mills. Des chaussettes, entre autres? Oui, entre autres.
C: Puis ça a été converti dans un centre d’artiste dans les années 80 et maintenant c'est AxeNéo7 et Daimon. Je trouve ça intéressant qu'il y ait un centre culturel dans un ancien lieu industriel, que ça soit quand une façon de donner une nouvelle vie à l'édifice et au quartier.
(paysage sonore d’enfants qui jouent)
S: Le ruisseau de la.Brasserie a été vraiment ça été le centre de tout un milieu industriel. C'était le cœur battant de l'industrie Gatinoise. Les haches ont été faites juste là bas. La distillerie était juste là et plein de choses qui se passaient sur le ruisseau. Donc, quand on pense industrie et culture, quand on parle de lieu, évidemment, c'est souvent des espaces post-industriels qui ne sont peut être pas nécessairement adaptés au logement donc un s'en sert pour faire des espaces culturels. Comme la filature était un exemple parfait.
(paysage sonore urbain)
S: Mais c'est clair que dans cet endroit, si il y avait une époque. J'essaie de m'imaginer, puis je l'entends dans ma tête: les marteaux, les grosses machines, les scies, etc. Ce n'est plus le cas. Je veux dire, il n'y a aucune industrie de ce genre d’industrie lourde de ce genre là, ici. Les sons seraient complètement différents. C'est fascinant d'imaginer ce que ça aurait dû être à l'époque. Aussi, il faut se le rappeler, juste avant la deuxième guerre mondiale, il y avait une grosse crise d'itinérance de ce qu'on appelle les sans abris à l'époque, qui étaient ici, qui étaient centrés sur la partie Ouest. Donc il y aurait eu des camps même. Est ce que ce sont des sons industriels? Mais ça aurait été des familles laissées dans la pauvreté, dans ce système industriel qui les ont laissés pour compte. Ça aurait été aussi un endroit familial. Mais pas de la même façon que maintenant.
(paysage sonore d’enfants qui jouent)
C: Quand je suis venu plus tôt, il y avait beaucoup d'enfants qui jouaient avec leurs vélos. J'ai fait des prises de son et pour moi, c'est une découverte aussi parce que je ne connais pas bien Gatineau. Je suis un artiste d'Ottawa qui vient ici pour écouter… et pour participer à la Radio-Hull . Puis je trouve ça vraiment intéressant de se laisser emporter par l'ambiance, par la culture, par les espaces de Gatineau.
(son de pied sur la route)
C : Mais en parlant de son, c'est un beau son. Oui, c'est vrai. Dites-moi ce qui vient de se passer.
Steven : Les voitures qui traversent les flaques d'eau, tout le monde connaît ce bruit. C'est typique d'après la pluie. Oui, c'est typique d'après la pluie. Ouais. Mais aussi, je veux dire, c'est de l'asphalte. Ce ne serait pas pareil si c'était de la boue. Ce ne serait pas la même chose si c'était de l'herbe. Une voiture qui traverse des flaques d'eau, c'est vraiment de l'asphalte. Et nous oublions de penser... Je pense toujours qu'il est intéressant de garder à l'esprit ce qu'il y avait ici avant que nous ne construisions des villes et quels étaient les sons possibles à ce moment-là... Je veux dire, je ne pense pas seulement aux sons, je pense à tous les espaces, aux arbres. Bien sûr, les sons viennent avec. En quoi cet endroit aurait-il été différent ? Il aurait été totalement boisé. Vous auriez donc eu une perspective différente sur tout. Le son aurait été très différent. Les sons d'une forêt, vous savez, auraient presque certainement été ceux d'une forêt d'érables. Quels étaient les sons de cette forêt, n'est-ce pas ?
C : En ce moment, nous sommes au-dessus du type d'arbre, mais ce n'est pas le peuplier de tout à l'heure. C'est une feuille plus douce.
S : C'est un érable du Manitoba. Un très gros érable, étonnamment.
C : En venant ici ce matin, je jouais avec ce son.
(bruit de portail)
S : Un autre son que tout le monde connaît.
C : Mais celui-ci est si riche. Et c'est un portail. Et nous allons traverser ce portail et retourner à la filiation...
S : Cela me fait penser à l'école : Le son de l'école. Tout à fait. Je n'ai jamais travaillé dans une usine, mais je pense que les gens qui travaillaient dans les usines, c'est le son de l'usine qui ferme tout ça, probablement plus un son de bip quand on le fait glisser que de se fermer comme ça. Mais pour moi, c'est le bruit de l'école. Chaque école a une clôture comme celle-ci. C'est vrai. Le clic, le clic et le..,
C : Est-ce que c'est cool dans le bon sens du terme ou dans le mauvais sens ?
S : J'aime l'école, je suis parent, mais j'aime l'école. Quand j'étais enfant, j'aurais peut-être eu une idée différente de l'école.
C : Pour moi, en tant qu'artiste, c'est un son très intéressant avec lequel je pourrais jouer, n'est-ce pas ? Je dirais, ok, c'est une barrière. Quelle est la notion de ce qui est, de qui est exclu ? Qu'est-ce qui est protégé ? Le côté conceptuel en quelque sorte, mais aussi le son lui-même et la richesse des secousses et, en quelque sorte, c'est un matériau artistique très intéressant.
S : Et c'est drôle, c'est évidemment du métal, mais je ne pense pas qu'on puisse entendre le métal. Oui, on peut entendre le métal après la secousse, mais pendant la secousse, ce son n'est pas nécessairement clairement métallique.
C : Très bien, Steven, continuons. Ce que je vais faire avec cette promenade sonore, c'est une façon spéciale de faire la promenade sonore, c'est que je vais insérer des sons et faire un peu de composition pour que vos interventions soient avec des gros plans des sons, ce qui est une façon amusante de jouer avec la notion d'espace parce que c'est ce que les artistes font, c'est interpréter et jouer avec les expériences esthétiques pour que le public puisse avoir des sensations différentes et des façons différentes de, dans ce cas, écouter....
(bruit d'un chariot qui passe)
C: Qu'est ce que tu entends?
S : J'entends un avion
C: Donc il va passer par-dessus nous. la stéréophonie pour le capter.
S: C'est évidemment quelque chose de spécifique. Dans cette partie de Hall, il y a une certaine hauteur à laquelle les avions se trouvent parce qu'ils atterrissent ou partent de l'aéroport d'Ottawa. Ça, c'est une chose qu'on entend. L'autre chose qu'on entend, c'est des ‘biplanes’ souvent des petits avions de fun qui sortent de l'aéroport de Gatineau. Ils sont plus bas, mais un son différent qui vient avec. Mais c'est toujours une hauteur très spécifique.
C: Intéressant. T’es bon. Tu portes attention aux détails, C'est parce que ça fait une différence de savoir d'où vient un son, à quelle hauteur est ce que est ce que c'est plus clair s'il y a des nuages ou non? C'est surtout des détails vraiment importants et intéressants je trouve. Alors j'ai promis au début de notre promenade que je te raconterais un peu une histoire. Mon père, Maurice, qui est décédé malheureusement maintenant… Son père s'appelait Maurice et je me souviens qu'on venait ici à Hull sur avenue Roy qui n'est pas loin d'ici. J'ai un souvenir d'enfance d'un feu, un poêle à bois, parce qu'à l'époque, la plupart des gens chauffaient par le poêle à bois. Bonjour Monsieur.
S: Je peux entendre le frigidaire? Très typique d'un dépanneur.
C: Ah oui? Comment ça?
S: Écoute? Tu connais ce son là? T'es dans un dépanneur, monsieur?
C : Est -ce qu'on peut entrer? Ok, ce frigidaire là. Wow. Bonjour, je veux juste faire une prise de son pour une promenade sonore.
S: He’s just taking a sound clip. OK?
C: Want to record the fridge.
Propriétaire du dépanneur: Go ahead.
C : Cheers. Tell me more Steven.
S: You hear the fan that is very typical of the fridge. Low ceilings. The small areas, it's very typical. I love depanneur. It’s something that we take for granted.
Proprietaire: For Youtube?
C: C’est pour une station de radio
Propriétaire: Ah, radio station 106.5 ok cool. Thank you.
C: You're welcome…
S:Je pense qu'il y a réflexion à faire sur le rôle du dépanneur comme centre communautaire. C'est une espèce en voie de disparition les dépanneurs.. Moi, j'ai habité à Montréal, mais c'est le cas aussi à Hull. Les dépanneurs ont joué et pourront jouer un rôle de centre. C'est ce qu'ils appellent le lieu tiers, où les gens se ramassent parce qu'il y a de quoi à faire, ils se parlent, ils se reconnaissent, ils se voient. Ça devient des endroits communautaires très importants, particulièrement avec le rétrécissement de l'espace public et les espaces qui appartiennent à l'État. C'est espaces de lieu tiers sont super importants. Moi, je pense qu'une réflexion importante à faire sur le rôle du dépanneur.
C: Et le son des dépanneurs.
S: Ça fait partie de la chose. Tu sais, l'odeur que tu as là dedans. La vision, c'est une dépendance. C'est un dépanneur. Tout le monde le connaît. Quand tu rentres dedans, mais un son très typique. Tu sais, la machine à ‘sloche’ a son bruit. Elle est frigidaire, ça fait son bruit. Il y a toujours les lumières tout croche qui font du bruit. Tout le monde avec du cash qui passent par le comptoir, ça fait un bruit. Un son.
C: Steven, c'est fascinant. Je suis tellement content qu'on ait pu découvrir ça. Il y a un autre phénomène sonore qui arrive là, c'est les chiens.
S: Bonjour, bonjour. Bonjour.
C: Les petits chiens font un son particulièrement aigu et quand il y en a trois comme ça ensemble. j'appelle ça une présence sonore intéressante.
S: Je dirais. On entend aussi le bruit des mécaniques, des édifices autour. Je sais pas si je les entends, je crois pas que c'est des climatiseurs ou le chauffage, mais on entend ce bruit de fond là qui est vraiment ‘white noise’ On l'entend ici. Je pense qu'il y a toujours une réflexion à faire aussi sur le son et la pollution sonore, parce que nous sommes dans un quartier pauvre à côté. c'est un quartier aisé. Les sons seraient très différents. Il y a toujours une réflexion à faire là-dessus à mon avis. Quand on pense à la ville, il faut toujours penser à ça.
(son de cricket)
C: Eh ben on revient. On a fait le tour un peu de l'édifice. La filature qui est filature, je pense que c'est en lien avec le fil et le raccommodage et tout ça. On va entrer un instant dans le building, puis après on va finir avec une sculpture sonore qui est sur place, ici devant le Centre d’artiste Daimon.
C: Bonjour Philippe, tu sais, fait partie de l'équipe de Radio Hall alors j'ai été très bien accueilli ici… Donc à l'intérieur, ici, c'est juste pour sentir la différence entre l'espace extérieur et intérieur. Donc, qu'est ce que tu entends ici à l'intérieur?
S: C'est le silence. C'est plus que le silence. C'est c'est comme comment on appelle ça. On arrête le bruit. Tout est organisé pour arrêter le bruit. Très typique à l'intérieur des édifices. On va baisser le bruit, donc les murs, c'est comme si ça mangeait le bruit. On entend du monde qui parle, qui jouent avec des fils, quelqu'un comme ça, des morceaux métalliques, qui est quand même quelqu'un qui parle. Un téléphone je pense. Il y a un bruit. C'est un bruit de lumière.
C: Puis il y a aussi un éventail là-bas qu'on voit qui fait un petit son ici. Ouais, c'est ça. S: C'est ça que j'entendais. Les gens, on les entend.
C:. le contraste entre un espace intérieur et extérieur, quelque chose qui est vraiment intéressant, qui nous arrive tous les jours et auquel on ne porte pas tellement attention. Mais c'est vraiment une belle expérience de dire simplement intérieur. Extérieur.
(silence)
C: Il y a une sculpture devant le building ici qui est d'un artiste de Montréal. Je vais retrouver son nom.
S: Il n'y a pas. Il n'y a pas une petite pancarte.
C : C'est Adam Basanta. Ça s'appelle Triad. Puis je vais mettre mon micro comme ça. Je t'invite à écouter.
S: Super intéressant comme expérience. Et si tu fais des deux bouts différents.
C; Je peux te parler de.
S: On dirait des fréquences différentes. Mais parle moi de ce de là.
S: Tu veux que je te parle d'ici? C'est intéressant. Oui. Wow!
C: Asseyons toi ici et on va essayer. Moi, je vais à l'autre bout. Vas y..
S: Salut Oui, tu m'entends bien. C'est fascinant comme bruit ici, mais en fait, il y a quelque chose dans ce tuyau là. J'imagine que ça change le son légèrement. C'est fascinant les jeux de fréquence et de longueur. Il y a un jeu de mathématiques là-dedans, qu'on ignore ou qu'on écoute, parce que c'est tellement naturel. Mais la longueur, ça change de fréquence.
C: Bon, on va s'arrêter là puisqu'il y a une œuvre d'art qui nous a aidé à mieux écouter l'espace ici. Je te remercie pour la promenade sonore. Ça va jouer, évidemment. a Radio-hull 2023, mais aussi sur mon balado conscient parce que ça fait partie de la série que j'explore, sur les sons de la modernité. Donc on a parlé de tout ça ce matin. Merci beaucoup Steven Moran.
S: C'est toujours un plaisir de parler de Hull, puis c'est le fun de voir aussi.
C: À bientôt. Merci.