Note: une transcription de cet émission ainsi qu'une traduction de l'épisode e178 podium 2024 - what more can we sing and do? se retrouve dans le tab 'Transcript'.
Bienvenue à un épisode spécial du balado conscient qui présente un panel bilingue que j’ai modéré intitulé ‘Une mise en voix de la crise écologique : que pouvons-nous chanter et faire de plus ? Ce panel a été enregistré le dimanche 19 mai 2024 dans le cadre de Podium 2024, le congrès et festival de chant choral Voix libres, Esprits ouverts organisé par Canada Choral et l’Alliance chorale du Québec à Tiohtià:ke sur le territoire traditionnel non cédé des Kanien'keha:kaé, autrement connu comme Montréal.
J’ai eu l'honneur de choisir les participantes du panel et de modérer la conversation.
Vous allez entendre deux présentations en français issues de ce panel par Megan Chartrand et Sarah Fioravanti. Je vous invite également à écouter les interventions de Deantha Edmunds et Elise Naccarato en anglais sur l'épisode 178 du conscient podcast. Vous trouverez une transcription de leur présentation dans la section ‘transcript’ cet épisode.
J’avoue que le sujet de notre conversation ce dimanche après-midi était extrêmement sérieux, complexe et je dirais même existentiel, mais j’ai rappelé aux congressistes que j’avais promis dans la note de programme que nous allions ‘quitter la conversation en ayant pris conscience de la réalité tout en fredonnant l'espoir.’
Mais comment fredonner l'espoir lorsque nous sommes confrontés à un effondrement sociétal imminent ?
J'ai demandé au groupe, et je me suis posé la même question, comment la musique chorale ou le chant collectif pouvaient aider ?
Et j'ai aussi rappelé aux congressistes que la crise écologique, qu'il s'agisse du changement climatique, de la perte de biodiversité, des ravages du capitalisme extractif, etc. s'aggrave à un rythme effrayant, laissant de nombreuses personnes, y compris des artistes, des chanteurs et chanteuses, désemparées, démoralisées et même vivant dans le déni.
Ainsi, lorsque Meghan Hila, directrice générale de Canada Choral, m'a demandé d'animer cette table ronde, j'ai été très heureux de donner un coup de main afin d'approfondir ces conversations, par exemple, sur la commande de nouvelles œuvres sur des sujets écologiques, les stratégies visant à réduire l'empreinte de carbone des activités de musique chorale, tel, des tournées et la façon de s'engager dans une action politique collective accrue.
J'admire le leadership de Canada Choral et j'ai beaucoup appris en écoutant leur travail artistique des congressistes et leurs stratégies innovantes.
Le congrès dans son ensemble était assez fabuleux et il était bon de se rappeler que la communauté chorale canadienne a une longue histoire d'engagement et de prévoyance en matière de questions environnementales.
Par exemple, pendant Podium 2024, Nicholas Fairbank a parlé des Sujets environnementaux dans la musique chorale canadienne et de la longue liste de musique chorale sur des thèmes environnementaux.
La compositrice Katerina Gimon, la poétesse Lauren Peat et la chef d'orchestre Elise Naccarato ont aussi présenté leur projet Unsung: If the Earth Could Sing, un cycle choral inspiré par l'environnement, etc.
J'ai également entendu parler d'activités chorales qui explorent certaines des causes de la crise écologique, telles la colonisation et la déconnexion de la nature. Je pense notamment au concert novateur Ahskennon'nia : songs of peace, qui s'est tenu vendredi soir et dont l'une de nos panélistes, Deantha Edmunds, était l'une des solistes.
Deantha était également soliste le 18 mai avec sa composition Song of the Whale interprétée par le Holy Heart Chamber Choir de Terre-Neuve. J'ai été profondément émue. Il s'agit d'une magnifique composition sonore qui se termine par ‘carry the song on, evolve’.
Ces cinq mots restent gravés dans ma mémoire : "Carry the song on, evolve..." (Poursuivre la chanson, évoluer...)
J'ai également entendu des présentations intéressantes sur l'intersection des collaborations musicales autochtones et non autochtones, sur l'abandon de la notion coloniale de chœur au profit du chant collectif et de groupe, sur la façon dont les chœurs sont souvent un microcosme de la diversité de notre société avec toutes ses complexités, aussi sur la façon dont le canon de la musique chorale est remis en question et repensé et sur la façon dont l'écoute elle-même évolue etc.
Cependant, ce que je n'entendais pas à ce congrès, et pour être honnête, je ne l'entends pas beaucoup ailleurs dans le secteur artistique au Canada, c'est la reconnaissance et le sentiment d'urgence que nous sommes dans une situation d'urgence existentielle en matière de climat et de nature.
Ceci est troublant.
Par exemple, au moment où nous parlions le 19 mai, des incendies de forêt ravagent l'ouest du Canada et nos concitoyens migrent vers des terres plus sûres, et malheureusement ce phénomène s'amplifie.
Mais qui mieux que les artistes, les chanteurs /chanteuses, les compositeurs/compositrices et les éducateurs/éducatrices que j'ai rencontrés à Podium 2024 peuvent aider la société à faire face à ces complexités ?
Je note que le professeur Adam Con de l'Université de Victoria à mentionner lors du panel sur l'éducation le 18 mai, que la musique chorale est bien adaptée aux défis auxquels nous sommes confrontés parce que le chant collectif est une forme d'art participatif, engageant la communauté, coopérative, inclusive et accessible.
Je suis d’accord et je pense que nous aurons besoin de plus en plus de cette forme d'art collective et communautaire au fur et à mesure que notre avenir se dessine.
Premièrement vous allez entendre Megan Chartrand, soprano et directrice exécutive de Inspire, un chœur fondé avec une mission de justice sociale et les questions écologiques. Elle discutera de l'importance de forger des partenariats en dehors de la communauté musicale afin de raffiner l'impact des efforts artistiques face à des questions sociétales telles que le changement climatique.
Ensuite vous entendrez Sarah Fioravanti, qui discutera de certains des outils et des ressources dont disposent les artistes pour s'engager davantage dans l'action climatique et la gestion de l'environnement.
Après les présentations du panel, le public a posé des questions.
La première question portait sur la prédominance des femmes dans la défense du changement climatique auquel Megan Chartrand a répondu.
Note: Dans l'épisode 178 en anglais il y a aussi une intervention en anglais du compositeur de musique chorale Donald Patriquin qui a dit:
Aussi une question sur la programmation et la réaction du public à des musiques socialement engagées avec Elise Naccarato et Deantha Edmunds que vous trouverez dans la transcription.
Finalement, Sarah Fioravanti a ajouté un commentaire sur les outils Creative Green.
Veuillez noter que les biographies des panélistes sont indiquées dans les notes d'épisode et que la qualité du son n'est pas optimale en raison de la réverbération dans la salle alors SVP prêter attention et lisez la transcription en cas de doute.
Transcription des présentations en anglais par Megan Chartrand, Sarah Fioravanti et les questions et traduction des présentations en anglais par Deantha Edmunds et Elise Naccarato et les questions
Présentation de Megan Chartrand
Merci beaucoup. Je sais que ma bio se trouve ailleurs, mais je vais quand même prendre deux secondes pour me présenter. Je viens de l'Alberta et j'ai fait mes études là-bas. Est-ce que d'autres Albertains ici? J'espère. Puis j'ai vraiment tombé en amour avec le chant choral. J'ai fait mes études en chant, je ne suis pas chef de chœur et puis j'ai déménagé aux États-Unis pour faire ma maîtrise. Puis par après, j'ai travaillé à New York en tant que cantatrice professionnelle. Puis là j'ai commencé à chœur avec une mission sociale qui fait des concerts avec plein d'autres personnes. C'est vraiment un travail d'équipe et je pense que c'est à ce sujet qu'on m'a demandé de venir vous parler aujourd'hui.
Mais juste avant de rentrer là-dedans, je veux reconnaître que c'est vraiment un sujet difficile qu'on confronte aujourd'hui. Ce n’est pas évident de savoir comment la confrontation de la crise climatique est un problème tellement énorme. Puis le chant choral, comment ça peut même se parler? Comment on peut même imaginer que ces deux choses puissent s'entraider. Je veux juste reconnaître qu'on a un défi, que c'est 'overwhelming' peut être de même penser à s'abonner à ce sujet. Puis je veux aussi remercier les autres artistes qui sont ici. Je pense qu'on approche cette question tous de très différentes perspectives. Puis j'espère qu'en écoutant nos histoires, il y aura peut-être un petit peu de quelque chose qu'on vous offre, chacun qui vous serait utile, qui sera pensé par après.
Alors Inspired c'est aussi le nom d'une chorale qu'on a commencé en 2017 maintenant ça fait déjà assez longtemps. Puis euh, ça a été né dans un esprit de vouloir confronter des problèmes sociaux qu'on voyait dans le monde avec les outils qu'on avait comme musiciens et musiciennes. On a quelque chose de très puissant en tant que chanteur, des choristes, comme l'a mentionné Claude. Ça peut nous permettre de discuter, de confronter des sujets qui sont difficiles, qui sont aussi sur lesquels tout le monde n'est pas d'accord et de le faire d'une façon approchable et sécuritaire et aussi présenter un défi à ceux qui nous écoutent.
Alors c'est pour ça qu'on a commencé inspire. Il y avait vraiment un désir chez nos collègues à New York de faire quelque chose de même. Puis notre solution à nous, c'était qu'on n'était pas des experts. On n'est pas des experts sur ces sujets difficiles. On a confronté plein de différences sociales dont la crise climatique en était seulement une. Mais on voulait aider mais on ne savait pas toujours comment le faire. Puis je pense que c'est acceptable d'admettre cela en tant que musiciennes et musiciens. On n'a pas toutes les réponses. Puis on s'est dit bon pis qu'y en a plus de réponses. Donc c'est super. Ce sont les gens qui ont des organismes qui font ça tous les jours, qui, au quotidien confrontent ces problèmes.
Donc on a approché un organisme qui s'appelle 350 NYC. Ça fait partie d'une plus grande organisation mondiale, 350, qui eux est un organisme qui savait quoi faire. Après la première collaboration avec eux ils ont réussi à faire un an, je ne sais pas comment dire ça en français 'Divest New York'. Alors ils ont pu enlever tout l'argent: 'Divest New York City from Fossil Fuels'. Puis donc nos concepts ont été créé de manière collaborative en parler avec ces partenaires durant le processus de planification. Ils contribuaient à l'histoire. On parlait et on racontait durant le concert à choisir le répertoire, à inviter du monde, de venir nous écouter. C'est beaucoup de travail, j'avoue, mais ça vaut la peine. Puis tous nos concerts étaient aussi suivis d'une réception éducative pour un aspect conversationnel d'apprentissage pour tout le monde dans la salle prendre place au concert aussi.
Ce partenariat avec 350, on a commencé notre conversation avec eux, puis la première chose qu'il fallait leur expliquer, c'était que ce n’était pas un concert de levée de fonds, pas un 'benefit concert'. C'est plutôt les célébrités, les gens célèbres qui puissent gagner beaucoup d'argent en faisant des concerts. Ce n’était pas ça qu'on était là pour faire, C'était vraiment pour commencer une conversation, pour engager le monde et avoir un aspect éducatif et de construire une communauté qui se connaît mieux. Puis, honnêtement, c'était de tous les partenaires avec lesquels on a travaillé, ces gens-là étaient les plus engagés, les plus intéressés. On a eu plein de monde de la communauté environnementale qui sont venus nous appuyer, qui étaient curieux de ce qu'on faisait. Et genre, par après, on avait pour la réception éducative on avait des affiches partout dans la salle qui amenaient aux protestations.
Il y avait des gens-là pour expliquer ce qu'ils faisaient. La chorale, pendant le processus de répétition a été enseigné par des gens de 350 pour nous expliquer ce qu'ils faisaient pour qu'on pouvait par après expliquer aux gens qui sont venus au concert. Un des aspects le plus spécial, je trouve ce qui est arrivé à cet événement, c'est que on a découvert que la fondatrice de 350 NYC était-elle même une chanteuse, un 'singer songwriter', une écrivaine, une chanteuse qui a travaillé avec ce groupe pendant quinze ans, puis personne ne savait la chanter avec eux. Puis on s'est dit bon, c'est une chanson que tu aimes chanter. On a dit Ah oui, j'en ai une. La chanson s'appelait Touch the water (Touchons l'eau). Puis on a trouvé quelqu'un pour arranger cette chanson, pour avoir la chorale, pour chanter avec elle. Puis elle a monté sur scène, puis elle a chanté avec nous.
C'était un moment tellement spécial à partager avec sa communauté, mais aussi avec un autre. J'ai pensé aussi à partager pour cette collaboration, en particulier avec des résultats un peu inattendus que je pense s'adresse un peu à ce sujet. C'était on se demande ce qu’est le pouvoir qu'avait la musique en chantant. On ne va pas réduire des Gas qui sont dans l'atmosphère quand il n'y a pas un résultat direct qui se passe entre les deux. Mais après ce concert-là on a eu plusieurs personnes de l'organismes qui sont venus nous parler, qui ont dit : ça nous a donné de l'énergie dans ce travail à tous les jours. C'est quelque chose. Qui a un peu 'thankless' pour combattre la crise climatique. C'est un peu désespérant. Et puis les gens qui le font tous les jours, il faut les apprécier. Puis ils nous ont dit on s'est senti apprécié, on s'est senti renouvelé, puis on a maintenant de l'énergie pour continuer ce travail difficile que personne n'a jamais fait. Quelque chose de même pour nous avant.
Je n’ai pas de temps pour continuer, mais je veux juste mentionner que ce n'est pas le seul projet qu'on a fait avec eux, que c'est très important quand on fait des opérations de bien renouveler le deuxième concert, qu'on a fait avec eux des collaborations avec des jeunes qui ont écrit des poèmes qu'on a eu, qui ont pu. On les a mis cette musique avec le compositeur. Ce sont des mémoires très spécial.
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Présentation de Sarah Fioravanti
Oui. Bonjour tout le monde. Ça fait vraiment un grand plaisir aujourd'hui de pouvoir discuter d'un sujet qui me tient à cœur depuis l'enfance. Particulièrement la responsabilité qu'on a envers notre environnement. Avant de travailler pour le Centre for Sustainable Practices in the Arts, j'ai pu travailler comme scientifique de terrain et collecter des échantillons d'air, d'eau, de sol pour mesurer la concentration de contaminants, notamment pour des industries pétrolières qui cherchaient à décontaminer les sols pour donner suite à des décennies d'activité.
Donc, quand j'ai transitionné vers la durabilité dans le domaine des arts et de la culture, on m'a questionné sur la pertinence de cette transition. Passer du domaine pétrolier aux arts parce que les arts sont moins polluants et je vous promets, la pertinence existe et j'espère vraiment vous la partager aujourd'hui. Donc aujourd'hui, j'ai l'occasion de collaborer avec des organismes dans le domaine des arts et la culture qui cherchent à comprendre et mesurer l'impact environnemental de leurs activités. Ce que nous on fait dans ce contexte ci à travers la création d'empreintes de carbone.
Donc notre plateforme, les outils Creative Green sont un ensemble gratuit de calculateur de carbone qui permettent aux industries, spécialement dans l'art et la culture, de comprendre leurs impacts et avec ces données, on peut faire des choix qui sont réfléchis et efficaces. L'intérêt aussi de discuter de l'empreinte environnementale aujourd'hui très présent, mais je pense que c'est important aussi de le définir pour qu'on comprenne tous que c'est l'empreinte carbone.
Donc quand on parle de ça, on parle de l'ensemble des gaz à effet de serre qui sont émis à la suite de nos activités. Donc on a plusieurs types de gaz à effet de serre, que ce soit le CO2, le méthane, la vapeur d'eau et ce qu'ils ont en commun, c'est l'effet de serre, donc de retenir la chaleur une fois qu'ils sont dans l'atmosphère. Chacun a une force différente. Donc quand on parle d'empreinte de carbone, en fait on convertit tous ces gaz en une unité commune de CO2 pour simplifier en fait les comparaisons.
Donc maintenant qu'on a bien défini l'empreinte de carbone, je pense que c'est important de clarifier pourquoi rajouter ce poids sur les artistes? Ce n’est pas un but punitif du tout, bien au contraire. C'est surtout pour mettre en puissance. Parce que si on attend que les industries, les émetteurs de gaz au Canada soient les seuls à agir, on peut attendre bien longtemps puis se sentir impuissants. En attendant, c'est vraiment collectivement qu'on a eu l'impact le plus puissant. Et vous, les chorales, vous en êtes la métaphore la plus belle. C'est l'ensemble du chant individuel qui crée le côté grandiose de la chorale. Si chacun des choristes choisit de ne pas chanter lors d'un spectacle parce que de toute façon son son est noyé dans la. Dans la chorale, ça va être un concert très silencieux et je vous conseille d'être dévoué 100 % à une vie durable.
Depuis la seconde guerre mondiale, on a choisi collectivement de vivre dans un monde d'illusion total. Les ressources matérielles sont infinies. Donc pourquoi laver la vaisselle quand on peut manger dans une assiette en plastique et la jeter? Parce que de toute façon il y a un camion magique qui vient toutes les semaines chercher nos poubelles et les faire disparaître. Pourquoi pas acheter 28 spectacles au prix d'une lorsqu'elles sont faites à l'autre bout du monde dans des conditions misérables et polluantes.
Donc je vous invite à être conscients de chacune des actions qu'on prend. Ça va éviter l'idée alarmiste qu'on a de notre futur. Et puis, en parlant de chacune des actions qu'on fait, on peut commencer par nos déplacements. On pense aux chorales, aux concerts, aux régulations, aux répétitions fréquentes. On peut se concentrer là-dessus. C'est une source d’une source d'émission importante. Donc on peut faire la promotion du covoiturage, du transport en commun. Le chœur polyphonique de Montréal est un bel exemple de choriste qui se déplace en transport en commun pour aller aux répétitions, surtout avec une salle de spectacle accessible en milieu urbain aussi facilement où parfois c'est dur de se garer, surtout à Montréal. On peut non seulement en faisant du covoiturage et promouvoir les transports en commun, c'est aussi une façon de faire la promotion des échanges humains et de réduire la pollution de l'air qu'on respire. Je pense que c'est important de définir. De ne pas juger la bonté d'une action par son émission de carbone, mais plutôt par son impact global, social, environnemental et économique aussi.
Si on regarde aussi nos pratiques de gestion des déchets, ça va être important de faire des actions comme utiliser des bouteilles réutilisables, de promouvoir les programmes numériques pour les concerts et aussi de regarder en fait le type de pratique qu'on a et son efficacité. Donc par exemple, vaut toujours mieux réutiliser des bouteilles, réutiliser des plats à emporter. Parce qu’aujourd’hui, la réalité, c'est que notre système de recyclage est plus un business qu'une pratique nationale standardisée en durabilité. Soyons en conscients.
Le cœur classique de Montréal, qui a eu un concert pas plus tard qu'hier soir. On voit des programmes numériques à la suite de l'achat des billets. Ils projettent aussi les paroles sur les murs lors des spectacles au lieu d'imprimer les paroles et de les distribuer. Je pense aussi au chef d'orchestre Mimi Lavigueur qui fait la promotion des programmes numériques et j'en passe. C'est important de penser aussi à l'aspect culturel de votre pratique, parce qu'en tant qu'artiste, vous avez le pouvoir de sensibiliser le public aux enjeux environnementaux. On sait que l'art manipule les médias et provoque des débats, donc on en profite. Euh intégrée, comme on l'a mentionné, des thèmes de durabilité, des thèmes de préservation de l'environnement, on peut faire parler et réfléchir les gens.
Cela dit, quand on pense aux chorales, on ne les associe pas aux plus grandes empreintes de carbone. Et cette empreinte peut cependant grandir quand on quand il en vient aux tournées. Donc si on veut créer une tournée durable, on va penser à favoriser les ressources locales. C'est à dire, si vous vous déplacez, vous pouvez collaborer avec les communautés pour sourcer tout ce qui est équipements et talents, pour n'avoir qu'à déplacer les choristes, les chefs d'orchestre. Et ça, ça peut créer aussi une collaboration nationale d'entraide entre choristes qui peut être intéressante à explorer.
Évidemment, si on pense aux tournées, on pense à s'associer à des salles qui sont certifiées écoresponsables, donc qui ont déjà des pratiques durables. Pareil pour l'hébergement dans des hôtels, on a des hôtels qui ont des certifications écoresponsables avec qui on devrait collaborer. Soyons fous aussi en parlant de collaborations nationales, d'entraide entre choristes, pourquoi pas hébergé chez l'habitant et avoir des choristes qui s'hébergent l'un chez l'autre? Si on développe un réseau, non seulement ça réduit l'empreinte de carbone, mais ce qui est beau, c'est le développement de la connexion humaine.
Aujourd'hui, c'est presque fou de penser à des connexions à l'extérieur, dans l'écran. Et puis si on pense aux chorales, l'impact principal environnemental, ça va être le déplacement du public. Donc on veut communiquer au public l'importance de venir au concert à l'aide de transport, du transport actif avec les transports, les transports en commun également. Donc, on peut développer des initiatives telles que des réductions du prix du billet pour les gens qui viennent en transports en commun. On peut aussi travailler avec les salles, les promoteurs, les agents de billetterie pour combiner dans le prix du billet un ticket aller-retour en transport en commun. Pourquoi pas?
Nous, ce qu'on fait avec les outils Creative Green, c'est qu'on aide les gens à comprendre comment collecter ces données et comment les analyser pour pouvoir développer des initiatives qui sont efficaces et pertinentes pour votre contexte à vous. En parlant de pertinence, si on analyse en fait qu'une qu'alimenter une salle de spectacle en Alberta génère 500 fois plus de GS qu'alimenter cette même salle au Québec. On voit l'importance en fait de regarder son contexte géographique, euh, et les sources d'énergie qui sont liées à ce contexte géographique.
Donc ça veut dire pour une chorale de l'Alberta, peut être prioriser le choix des salles, une salle qui est alimentée par les énergies renouvelables. Et pour une chorale québécoise, ça ressemblerait plus à choisir des initiatives pour promouvoir le transport du public, de façon alternative. Pour conclure, j'aimerais mettre l'emphase sur le fait que l'empreinte de carbone en l'utilisant comme facteur de durabilité, c'est une façon très moderne et restreinte qui contient ses limitations. Si on regarde les peuples autochtones, eux ont un savoir traditionnel qui englobe des concepts approfondis de cycles naturels, d'écosystèmes locaux, de pratiques durables ou propres à leur environnement.
Ce qui serait merveilleux pour le futur, ce serait d'intégrer ce savoir traditionnel dans nos initiatives de réduction de l'empreinte de carbone pour pouvoir avoir une approche plus holistique qui ne comprend pas seulement les enjeux environnementaux, mais aussi la dimension culturelle, sociale et spirituelle qui est très importante aujourd'hui avec les solutions de l'intelligence artificielle qui sont grandissantes, on voit le besoin d'exploiter ce qui nous rend plus fort qu'elle. Et ça, c'est la conscience, la conscience de comprendre l'impact de chacune de nos actions. Combiné aux outils qu'on a pour quantifier cet impact et le réduire. Donc je vous souhaite tous d'être conscients et créatifs. Merci.
Megan Chartrand (en réponse à la question ‘je remarque que tous les panélistes d'aujourd'hui sont des femmes, et historiquement, les femmes ont été à l'avant-garde de la défense du changement climatique. Je pense que ma question est plutôt de savoir comment vous pensez que votre position de pouvoir dans la structure actuelle dans laquelle nous devons naviguer à un impact sur votre capacité de changement social dans l'espace choral ?’)
Je veux dire qu'on est chanceuse que ce sont les femmes qui s'en occupent. Puis je n’ai pas eu la chance, mais je veux juste prendre deux secondes. Je vais vous montrer une photo de Lena qui était aussi une femme et directrice de 350 NYC pis une des douzaines de femmes avec lesquelles on a travaillé avec eux. C'est vrai, c'était vraiment beaucoup de femmes qui étaient là et que son leadership était quelque chose de très puissant et on ne va pas lâcher. 'We're stubborn and but also optimistic so.’
Sarah Fioravanti (mot de la fin)
J'aimerais rajouter deux petits aspects. Le premier avec les outils Creative Green. On fait un effort de consultation qu'on trouve essentiel, particulièrement avec les communautés autochtones. S'assurer que dans la collecte de données, on ne mette pas de côté toutes les communautés en milieux éloignés ou rurales parce qu'on parle souvent de transport en commun, mais des fois qu'on se retrouve dans un milieu rural, ce n'est pas une option. Donc, d'aborder ces différences-là, c'est important pour qu'on se sente tous connectés à la cause. Et puis le deuxième aspect, en fait, qui est beau, c'est qu'on est tous affectés à des degrés différents par l'impact de notre environnement.
Donc des fois, c'est cette connexion qu'on a tous eu nous permet de ne pas avoir toujours à mentionner les différences entre certains groupes et certaines communautés. Ce que je trouve rafraîchissant aussi de pouvoir eu avoir un sujet la santé de l'environnement, la santé publique, d'avoir ce sujet qu'on peut partager à travers communautés. On a plus besoin en fait de montrer cette division entre une communauté et l'autre. Donc de balancer comme ça a été dit, ce qui est essentiel pour l'inclusion, avec le fait qu'on est tous, peu importe la communauté affectée par cette cause, je pense que c'est l'occasion parfaite de nous rassembler.
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Présentation de Deantha Edmunds(traduit de l’anglais, voir e178 podium 2024 - what more can we sing and do?)
Les Inuits s'expriment sur la question du changement climatique depuis des décennies. Les dirigeants du Conseil circumpolaire inuit du Canada, de l'Alaska, du Groenland et de la Tchoukotka ont prononcé des discours sur ce sujet devant des auditoires du monde entier afin d'attirer l'attention des décideurs sur les perspectives arctiques et inuites en matière de changement climatique. Voici quelques-uns des faits qui me viennent à l'esprit. Les contaminants atteignent l'Arctique et y restent en raison du climat froid. Ils remontent la chaîne alimentaire et deviennent des problèmes de santé et d'environnement pour les Inuits. Le Conseil circumpolaire inuit lutte contre la propagation galopante des produits chimiques et contre le fléau de la pollution plastique.
Des études révèlent que les eaux profondes de l'Arctique abritent des concentrations disproportionnées de microplastiques et qu'elles sont parmi les plus élevées au monde. Nous savons comment les microplastiques et les nanoparticules encore plus petites peuvent affecter la faune locale et la santé humaine. L'Arctique se réchauffe trois fois plus vite que la moyenne mondiale. Cela s'explique principalement par le fait que la fonte de la neige et de la glace expose une surface plus sombre et augmente la quantité d'énergie solaire absorbée dans ces zones. La calotte glaciaire du Groenland est la deuxième réserve d'eau douce au monde. Sa fonte dans l'océan et l'élévation du niveau des mers ont des répercussions dans le monde entier.
Je ne suis pas un scientifique, loin s'en faut, mais cette question me tient à cœur. Je lis ce qui se passe. Sur les médias sociaux, je prête attention aux comptes qui suivent l'évolution de la situation, et j'essaie d'utiliser mon écriture, ma composition et mon interprétation comme moyen de militantisme. C'est un privilège d'avoir cette plateforme et j'en suis très reconnaissante chaque jour. Il y a quelques années, j'ai décidé de commencer à utiliser ma voix et à l'élever différemment. Et c'est l'une des façons dont j'ai changé mon travail. Le chemin de la réconciliation passe par l'établissement de liens, le dialogue, le partage de nos histoires et l'écoute réelle, réelle. Pour se comprendre les uns les autres. Cela prend du temps et le changement se fait lentement.
Vendredi soir, comme l'a dit Claude, j'ai eu l'honneur de participer en tant que soliste à Ahskennon'nia, un programme de musique et de langues autochtones par des artistes indigènes. J'ai partagé ma chanson Song of the River, tirée de mon plus récent album, Connections. Cette chanson parle de la façon dont nous sommes tous connectés dans cette rivière de la vie. C'est un chant de paix qui nous rappelle que nous sommes tous plus semblables que différents, et que nous devons travailler ensemble pour faire évoluer les choses.
Une autre de mes œuvres est Angmalukisaa, qui signifie rond en inuktitut. Il s'agit d'un cycle de plusieurs chansons sur le thème des anneaux : les anneaux qui indiquent l'âge d'un arbre, la structure en spirale d'un iglu, les anneaux sonores concentriques et les ondulations de l'eau. Ce travail vient d'un endroit très personnel et parle de la façon dont nous sommes en relation les uns avec les autres et avec notre planète, notre traitement de la terre, de l'eau et des autres se répercutera à travers l'univers pendant des éons. Nous pouvons tous faire plus pour prendre soin de nous-mêmes, des autres et de notre environnement. Il faut que notre appel à l'action résonne, se répercute et rebondisse - un héritage laissé en l'honneur de nos descendants.
Angmalukisaa est une œuvre solo avec cordes. Nous l'avons créée au Stratford Summer Music Festival l'année dernière, et je l'ai interprétée avec l'Orchestre symphonique de Terre-Neuve à St. John's en janvier. Nous l'avons également enregistrée à cette occasion. L'album s'appelle Alikeness et sera publié par Leaf Music en août, et j'espère que vous le découvrirez. Claude a mentionné qu'hier, j'ai interprété mon Song of the Whale avec le Holy Heart Chamber Choir, dirigé par Robert Colbourne et la hautboïste Caroline Plamondon (c'est exact). Cette œuvre a été commandée par le Dr Jane Leibel de l'école de musique de l'Université Memorial. J'ai écrit les paroles en anglais et j'ai demandé à une aînée inuk du Nunatsiavut, la terre ancestrale des Inuits du Labrador d'où mon père est originaire, d'interpréter et de traduire mes paroles. Je lui ai demandé d'interpréter et de traduire mes paroles en inuktitut. J'ai écrit la mélodie vocale et certaines harmonies chorales, et un ami merveilleux, musicien et compositeur, Bill Brennan, l'a arrangée et a composé les parties originales de hautbois et de cor anglais.
Lorsque j'ai travaillé avec les jeunes, les adolescents du Holy Heart Chamber Choir, je leur ai parlé de ce morceau, de ce qu'il signifie pour moi et de son origine. Je leur ai dit que ce n'était pas seulement une jolie chanson que nous chantions. C'est un appel à l'action. C'est un exemple de vérité et de réconciliation et de la manière dont j'intègre l'activisme dans mon art. Je leur ai expliqué que l'activisme ne consiste pas seulement à se tenir en première ligne pour protester. C'est aussi la façon dont nous évoluons dans ce monde et dont nous utilisons notre propre voix. Pour ceux d'entre vous qui n'ont pas pu assister au concert d'hier, je vais vous donner quelques informations. Comme je l'ai dit, mon défunt père était originaire de Hopedale, sur la côte nord du Labrador, au Nunatsiavut, la terre ancestrale des Inuits du Labrador.
Le nom original de Hopedale est Arvertok, le lieu des baleines. Les paroles se traduisent par "écoutez le chant des baleines, soyons plus attentifs, portez le chant, évoluez". Lorsque j'ai écrit ce texte, j'ai réfléchi au fait que les baleines en savent beaucoup plus que nous sur l'état de l'eau dans le monde. Un savoir ancestral vit en elles et leurs chants voyagent. Le son voyage plus vite dans l'eau que dans l'air, c'est pourquoi elles connaissent le danger qui nous guette.
Les baleines nous appellent à mieux prendre soin de l'océan et de ses créatures. Il nous faut beaucoup trop de temps pour reconnaître les dommages que nous avons causés à l'eau de la planète et aux populations autochtones, et pour agir : vérité, réconciliation, changement. Les scientifiques ont découvert que certains chants de baleines évoluent avec le temps. J'espère que les chœurs qui interpréteront cette œuvre avec moi et tous ceux qui l'entendront refuseront de laisser les baleines se perdre dans l'océan et se joindront à leur chant pour appeler au respect et à la réciprocité.
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Présentation de Elise Naccarato (traduit de l’anglais, voir e178 podium 2024 - what more can we sing and do?)
Bonjour à tous. Je m'appelle Elise Naccarato et je suis directrice artistique du Myriad Ensemble et directrice générale de Chorus Niagara. J'ai une formation à la fois artistique et commerciale, et je travaille activement dans les deux domaines. Aujourd'hui, j'aimerais vous parler un peu d'un projet que le Myriad Ensemble a entrepris en 2019, un projet intitulé Unsung, if the Earth Could Sing de Katerina Gimon, qui est notre compositrice en résidence au Myriad et une très bonne amie. Nous avons grandi ensemble dans le Hamilton Children's Choir et, en 2019, nous sommes allées prendre un brunch, en tant qu'amies, avec notre amie poète Lauren Peat. Nous étions en train de prendre un brunch et toutes les bonnes choses sont conçues autour d'un repas et sur une serviette de table, nous étions en train de discuter, et nous étions en train de discuter de sujets et de questions qui étaient importants pour nous en tant que jeunes gens. À l'époque, nous avions tous moins de 30 ans et nous nous demandions ce que nous pouvions faire en tant qu'artistes. Nous formons un duo unique en tant que chef d'orchestre, compositeur et poète. Comment pouvons-nous utiliser notre voix pour défendre les questions qui nous tiennent à cœur ?
Sur une serviette de table, nous avons écrit que la crise environnementale était un sujet qui nous tenait vraiment à cœur. Je suis originaire de la côte ouest, je suis née et j'ai grandi juste à côté de Vancouver, en Colombie-Britannique, et je vis maintenant à Burlington, en Ontario. Ironiquement, Katerina est née et a grandi à Burlington et vit maintenant sur la côte ouest, et Lauren est née et a grandi à Hamilton et vit maintenant sur la côte ouest. Nous n'apportons donc pas un point de vue holistique, mais nous apportons une perspective transnationale à partir des différents points de vue de notre enfance et de nos vies. Nous nous demandions donc comment représenter la crise environnementale et ses effets sur le Canada dans un morceau de musique chorale et comment être capables, avec notre propre voix, nos propres mots, d'exprimer cela d'une manière qui, selon nous, permettrait aux chanteurs de faire partie de l'expérience. Nous nous sommes donc dit qu'il fallait faire une demande de commande au Conseil (Claude dit "Allez au Conseil des Arts du Canada") pour une œuvre de cinq à dix minutes qui parlerait de la crise environnementale à partir de la voix des paysages. La pièce s'appelait à l'origine If the Earth Could Sing et nous avons eu la chance de recevoir la subvention en février 2020.
Vous savez tous qu'elle est arrivée en mars 2020 et que le monde entier a changé. Alors que nous traversions cette période, le travail a lui aussi changé, et la portée du travail et la signification de ce travail, ainsi que le titre des poèmes de Lauren, sont devenus méconnus parce que nous ne nous posons pas souvent la question suivante : comment pouvons-nous entendre la terre ? Comment pouvons-nous entendre sa voix ? Et cette idée que la terre chante pour la première fois et que nous pouvons contribuer à lui donner une voix en tant que chorale, en tant que chœur et en tant que communauté chorale. Ce projet est donc passé d'une mini-pièce de cinq à dix minutes à une œuvre en cinq mouvements de 25 minutes pour violoncelle, chœur à voix haute et percussion, qui non seulement parle de la crise environnementale, mais ajoute au genre de la musique chorale. C'est quelque chose qui est devenu important pour Katerina dans notre travail de chefs d'orchestre, de compositeurs et d'éducateurs musicaux.
C'était donc le début de quelque chose et je ne parlerai pas trop des détails du travail parce que c'était une très, je pense, bonne session de Katerina et Lauren et moi que vous pouvez trouver sur l'application Podium, que vous entendrez de Lauren et Katerina elles-mêmes et je ne veux pas mettre des mots sur leurs idées et leurs pensées, donc c'est mieux de les entendre. Je vais donc passer directement au processus de répétition. Que se passe-t-il ensuite ? Eh bien, j'ai la chance d'avoir 60 chanteurs devant moi, dont beaucoup sont ici aujourd'hui, et cela montre peut-être à quel point ils sont fiers de cette œuvre et de la voix qu'ils ont eue dans sa création, alors nous l'avons amenée au processus de répétition et nous l'avons mise devant eux et j'ai commencé par le cinquième mouvement, qui s'intitule Glacier et parle de la fonte des glaciers.
Tout à coup, le chœur s'est trouvé confronté à des mots, des textes et des histoires qu'il n'avait jamais entendus. Je me souviens même d'avoir été assise en répétition et d'avoir cherché sur Google : est-ce Crystal Lynn, crystal line ? Qu'est-ce que c'est que ça ? Il s'agit d'une petite fracture du glacier qui se produit lors de sa fonte. Et c'était un élément de langage que nous devions soudainement étudier, et que nous avons collectivement appris à connaître, et cela sensibilise également les chanteurs à ce qui se passe, quels sont les termes techniques qui insufflent de la vie dans la crise ? Comment en parler d'une manière qui soit instruite, pertinente et opportune ? Nous avons donc commencé par ce mouvement appelé glaciers, le plus difficile des cinq mouvements, mais je ne le savais pas parce que je n'ai pas les autres mouvements. Nous l'avons interprété lors de notre concert d'hiver et je crois fermement qu'en matière de programmation, il faut avoir quelque chose d'amusant.
Nous devons avoir quelque chose que le public connaît et aime, mais aussi quelque chose d'éducatif. Et il s'agissait d'un morceau pour un concert de Noël, un concert de vacances qui traitait de la fonte des glaciers. Et pourtant, c'était un morceau éducatif que je voulais non seulement donner à la chorale, mais aussi aux 400 personnes assises dans notre public. Puis janvier 2022 est arrivé, et il était temps d'apprendre les quatre autres mouvements de cette œuvre. Celui que nous avons commencé ensuite s'intitulait Grassland et parlait de la région des prairies, de la migration des oiseaux et des bisons, et il était si puissant, rien qu'au niveau de la terre, de l'harmonie chorale, qui est homophonique. C'est le seul mouvement qui se déroule ensemble et le chœur l'a soudain compris.
Ils étaient passés du glacier au mouvement le plus difficile à quelque chose qu'ils comprenaient, et maintenant ils devenaient les bisons. Ils sont devenus les oiseaux. Ils devaient incarner cela dans leur chant et dans leur compréhension, et ils devaient donc, avec moi, faire des recherches sur le pourquoi ? Pourquoi cela se produit-il et pourquoi est-il important que nous chantions à ce sujet d'une manière qui nous semble authentique ? Ce mouvement est très spécial, euh, pour moi personnellement, parce que nous avons également adopté notre nouvelle mascotte de chorale appelée Benny le bison, et cela semble être une blague, mais Benny est devenu, c'était un animal en peluche crocheté qui est devenu un animal de thérapie et il, Benny le bison, venait à la chorale et faisait le tour de tous les chanteurs, et ils le prenaient dans leurs bras et le serraient dans leurs bras. Il s'agit d'une chorale d'adultes à voix haute, . Ce n'est pas une chorale d'enfants. Ce sont des jeunes de 18 ans et plus. Ce que cela a fait, c'est que cela a donné une nouvelle vie à ce qui n'était pas chanté.
Non seulement nous parlons maintenant de la crise environnementale, mais nous parlons aussi de la crise à l'intérieur de nous-mêmes et du fait que ces deux choses ne sont pas déconnectées. C'est ainsi que Benny est devenu pour moi un motif, un motif de tout cela. Je ne voyais pas comment les chanteurs se connectaient à la musique. Comment les chanteurs s'engageaient et luttaient dans leur propre vie, et c'est devenu un processus très puissant, un outil de guérison très puissant et Unsung a maintenant été, en fait, nous ne l'avons encore jamais joué en direct. Nous avons joué Hurricane ici à Podium et dans nos propres concerts.
Le premier mouvement, mais l'ensemble, les cinq mouvements, peuvent être trouvés sous forme de vidéo en ligne sur notre chaîne YouTube. Je sais que Megan (Chartrand) a parlé de la création de partenariats et de collaborations, et pour beaucoup d'entre nous qui sommes chefs d'orchestre, nous nous demandons souvent comment rendre la musique chorale nouvelle ? Comment la rendre accessible et aller au-delà de l'aspect sonore ? Nous avons donc décidé de mettre en place une vidéo, car pourquoi devrions-nous nous contenter d'entendre parler de cela ? Pourquoi ne pas le voir aussi ? Nous avons eu la chance de travailler avec une équipe vidéo phénoménale, qui a adopté le projet dans son intégralité, et nous avons fait preuve d'une créativité aussi chaotique que nous l'étions, et nous avons vraiment donné vie aux cinq mouvements d'une manière très sensible.
La commande peut-elle être coûteuse ? Oui. La mise en place d'un projet comme Unsung peut-elle être coûteuse ? Oui. Cela vaut-il chaque centime d'investissement ? Oui ! Je vous encourage vivement à ne pas hésiter si vous vous dites : ma chorale ne peut pas faire ça, parce que nous n'avons pas un sou à dépenser. Parlez aux autres, créez des liens et vous vous retrouverez peut-être dans un consortium de commande, peut-être en faisant un morceau de musique qui existe déjà et en vous engageant avec des artistes qui apportent leur voix à cette musique et qui peuvent fournir un paysage éducatif différent de celui que vous pouvez fournir. Je dirais donc de continuer à rester humble, de rester humble, de continuer à écouter et de continuer à apprendre. Et c'est ainsi que nous utiliserons la musique chorale pour défendre et changer la crise environnementale à laquelle nous sommes confrontés.
Première question du public
Je remarque que tous les panélistes d'aujourd'hui sont des femmes, et historiquement, les femmes ont été à l'avant-garde de la défense du changement climatique. Je suppose que ma question est plutôt de savoir comment vous pensez que votre position de pouvoir dans la structure actuelle dans laquelle nous devons naviguer a un impact sur votre capacité de changement social dans l'espace choral ?
Deantha Edmunds
C'est une excellente question, et il y a beaucoup à réfléchir. Je vais vous parler brièvement d'une autre commande que j'ai faite, dont la première aura lieu à Toronto en juin. Je chante une pièce que j'ai créée, intitulée Braiding Voices, avec la chorale Amadeus. Elle met l'accent sur la célébration des femmes parce que, dans la culture inuite, ce sont elles qui donnent la vie. Les femmes sont les gardiennes du feu. Elles gardaient le Qulliq, la lampe à huile en forme de croissant, allumée lorsque les hommes étaient absents pendant de longues périodes. Les femmes entretenaient le feu de bien des façons. Elles cuisinaient dessus. Elles y faisaient sécher leurs vêtements. Le feu les réchauffait, leur apportait de la lumière et leur donnait de l'espoir.
C'est pourquoi cette pièce que j'ai écrite, Braiding Voices, fait appel à des chanteurs de gorge qui entrent et sortent tout au long de la pièce. Le chœur Amadeus chantera des chants de Hildegard Von Bingen et j'ai écrit une section en inuktitut. Je parlerai aussi en poème anglais et, à la fin, nous chanterons le chant en utilisant les paroles en inuktitut, à notre rythme, parce que je voulais vraiment rendre hommage au fait que les femmes portent VRAIMENT tant de choses, et que nous pouvons faire tant de choses.
Claude Schryer
C'est une très bonne question parce que lorsque nous avons sélectionné le panel, il n'y avait que des femmes, toutes des leaders. J'ai remarqué que dans mon cercle, peut-être 80 % des leaders sont des femmes, qu'il s'agisse de Judi Pearl et d'Annette Hegel qui dirigent une organisation appelée SCALE, une organisation d'art et de climat que j'ai créée. Je suis très reconnaissant à ces femmes qui ont travaillé si dur pour nous et avec nous, ainsi qu'à ses dirigeants.
Donald Patriquin
Je m'appelle Donald Patriquin. Avant de devenir musicien, en particulier musicien de chorale, je suis devenu biologiste et, euh, avec une spécialisation en.... J'ai suivi l'un des premiers cours universitaires d'écologie. Mon pedigree écologique incluait des gens comme le Dr Langford, avec qui j'ai étudié. C'était un disciple de Rachel Carson. Qui ne sait pas qui est Rachel Carson ? C'est bien, c'est bien. Je suis heureux que ce nom ne soit pas complètement mort. Et son grand mentor, je ne pense pas qu'elle ait rencontré cette personne, était un homme nommé Henry David Thoreau. Bien, bien, bien. Plus encore que Rachel Carson, c'est une personne formidable. Il vivait dans le Massachusetts, il a été le premier écologiste américain et il a vu toutes ces choses à sa manière. Tout est en train de se passer. Je n'ai que deux choses à dire, et tout est écrit ici, alors ne soyez pas trop long. Choral Canada compte à lui seul 50 000 chanteurs au nord de 52 000, dont vous êtes la tête de liste.
Meghan Hila (Directrice générale de Canada Choral)
Au total, en termes de membres, cela représente environ 42 000 chanteurs, mais il ne s'agit que des membres. Donc, si nous parlons du nombre de personnes qui chantent dans des chœurs au Canada, c'est 3,5 millions.
Donald Patriquin
C'est très bien. Donc, ce que je veux dire ici, c'est qu'avec tous ces gens, d'une certaine façon, je pense que Choral Canada peut devenir encore plus proactif que tout ce gâchis écologique dans lequel nous nous trouvons. Je pense que c'est vraiment très important, et je suis sûr qu'ils le feront. Vous êtes si nombreux à en parler. Je suis tout simplement stupéfait, je pense que j'en ai appris plus cet après-midi que ce que j'aurais pu entendre de la part du Dr Langford. La deuxième chose que je voudrais dire, c'est qu'en tant que compositeur et en tant que compositeur proactif, les chanteurs et nous tous devons faire passer le message écologique à ceux qui hériteront de la terre. Qui sont ceux-là : les enfants. Il doit y avoir beaucoup plus d'adaptation, car ils absorbent tellement de choses. Ils absorbent beaucoup plus que nous à notre âge. Composons donc des œuvres pour les enfants. Il se trouve que j'ai composé une œuvre qui s'appelle Reflections on Golden Pond et une autre que j'ai écrite avec mon très bon ami métis Bevan Skerratt, The Parking Lot Song. Si cela intéresse quelqu'un, je ne suis pas là pour en faire la promotion.
Question 2 du public
Il est évident que les questions sociales peuvent être très polarisantes en général. Comment équilibrer l'impact de la production d'œuvres à caractère social avec la question elle-même et la possibilité d'aliéner des publics qui, autrement, suivaient votre chorale, vos organisations ou votre travail en général ? Il est évident que vous ne pouvez avoir un impact que si les gens écoutent votre message. Il faut donc trouver un équilibre entre les deux lorsque l'on choisit des questions sociales à défendre ou que l'on adopte un point de vue sur une question sociale.
Elise Naccarato
Je ris parce que deux des questions viennent de mes choristes, donc cette réponse vous est peut-être déjà familière, mais je sais qu'avec les ensembles Myriad, l'équilibre est vraiment important. J'essaie de faire en sorte que les chanteurs qui entrent pour la première fois dans la chorale se sentent vus et entendus, et que j'équilibre les morceaux de manière à ce qu'il n'y ait peut-être qu'un seul chanteur qui s'identifie à ce sujet de fond, ce thème ou cet intérêt, mais qu'il se sente vu et entendu, et qu'il puisse ensuite utiliser cela pour éduquer les autres, tout en veillant à ce que le concert soit équilibré et qu'il y ait toujours quelque chose qui se termine sur une note d'espoir - quelque chose qui laisse le public avec l'idée qu'il y a ce morceau d'éducation qui peut arriver au milieu, Cela change d'un thème de concert à l'autre, mais je pense qu'il est très important qu'il y ait cet équilibre et que nous établissions des liens avec notre public d'une manière qui semble authentique et fidèle non seulement à l'identité de la chorale, mais aussi à mon identité personnelle en tant que chef d'orchestre.
Je ne suis pas représentatif de tout le monde, mais je peux faire ma part pour m'éduquer à travers ceux qui sont dans mon entourage, ceux qui ne sont peut-être pas dans mon entourage, avec lesquels je pourrais vouloir me connecter maintenant, vous savez, comme rencontrer des gens différents, hum, et m'assurer que j'utilise notre voix en tant que chœur et ma voix personnelle pour partager la connaissance et la sagesse avec ceux qui écoutent notre musique et qui sont connectés au chœur d'une manière ou d'une autre.
Deantha Edmunds
J'ai passé des dizaines d'années à enseigner aux jeunes enfants et aux adolescents, le piano et le chant, ainsi que la musique en classe et à l'école maternelle. Ce n'est qu'au cours des cinq dernières années que j'ai décidé, comme je l'ai dit précédemment, d'utiliser ma voix d'une manière différente. Je suis sûre que cela vient en grande partie de l'âge et de l'expérience de la vie, mais j'ai décidé que je voulais créer des œuvres qui viennent de mon cœur. Je ne pense pas à la façon dont les gens vont le recevoir. Je suis sincère. Je ne me dis pas que j'ai besoin de ce message. J'essaie vraiment de m'ouvrir et d'écrire à partir d'un endroit très personnel sur les choses qui comptent le plus pour moi et il y a donc une chanson que j'ai écrite qui s'appelle Legacy, que certains d'entre vous ont peut-être entendue à Podium il y a quelques années à Toronto et que j'ai chantée avec le Shallaway Youth Choir et le Nathaniel Dett Choir, et c'est pour honorer et élever les voix des milliers et des milliers de femmes, de filles et de personnes bispirituelles indigènes disparues et assassinées, et cette chanson a une telle vie maintenant. Il y a tellement d'arrangements différents.
J'ai collaboré avec des chorales dans tout le pays. J'en ai parlé dans un livre qui sera bientôt publié. J'écris sur les choses que j'ai besoin d'écrire pour mon propre bien. Et, euh, quand on me demande d'écrire sur quelque chose, euh, il faut que ce soit quelque chose qui me tienne vraiment à cœur et sur lequel j'ai hâte de travailler. Je pense que cela se voit dans mon travail et c'est un grand plaisir d'avoir l'occasion de le partager.