balado conscient
é161 julie michel - faire le pont entre art et science
Episode Notes
- Les artistes qui m'intéressent sont transdisciplinaires, avec une curiosité scientifique et une double formation, qui arrive à faire le pont entre les deux et à endosser ces deux responsabilités. Je pense que l'art doit s'articuler autour des sciences pour nous faire ressentir et comprendre des phénomènes naturels.
(Note: cet épisode inclut des extraits de Image VI (1976) et Image IX (1980) de Knud Viktor ainsi que des entrevues avec Knud Viktor)
Julie Michel a étudié aux Beaux-Arts de Nantes puis de Bourges. Depuis 2015, elle a engagé une activité de recherche et de diffusion autour de l’œuvre du danois Knud Viktor (1924-2013).
En 2018, Julie s’installe près de Digne-les-Bains où, après avoir enseigné l’histoire de l’art à l’IDBL, une école d’art intercommunale, elle a travaillé au Cairn, centre d’art contemporain rattaché au musée Gassendi.
Elle prépare actuellement une thèse monographique sur Knud Viktor a l’Université Gustave Eiffel, laboratoire LISAA - Littérature Savoirs et Arts qui explore les relations entre art / art sonores, nature, territoire et écologie.
D’ailleurs voici un extrait de l’entretien « Autour de Knud Viktor » avec Laure Adler sur Les Nuits Magnétiques (12 avril 1985). France Culture (84 min) accompagné d’un extrait d’Image VI - Luberon (1976. Durée : 35’). Le montage est Julie Michel tiré du Fonds d’archives numérique Knud Viktor et est utilisé avec l’aimable permission de Allô La Terre :
- Image VI, Luberon. Luberon est une tétraphonie. Ça ne considère pas comme de la musique, mais plutôt comme une peinture sonore faite de sons naturelle et locaux. C'est l'expression des impressions reçues par treize ans de vie en plein Luberon. En cueillant des sons qui organisent des intensités sonores que je veux les plus inattendues, les plus contrastantes, modulées, dissonantes. J'essaye d'obtenir l'air, la lumière, le vent, les pluies et aussi le roc, la végétation rugueuse et parfumée du Luberon. Je fais chevaucher les impressions de vie souterraines comme celle de la cigale, avec des impressions de plein espace, de grand air, de la montagne large. Le son se donne presque un muet, espacé et d'un coup se fait jaillissant, éclatant. Vient ensuite, la montagne haute, la métamorphose, la cigale et le matin doivent donner la conclusion.
Mon premier contact avec Julie a eu lieu le 25 juin 2023, lorsque j'ai reçu un courriel de cette doctorante me demandant plus d'informations sur le 7e printemps électroacoustique, un festival international sur l'écologie sonore, que j’ai dirigé à Montréal en juin 1992, où Knud Viktor était l'un des artistes invités pour un concert de musique électroacoustique et une conférence.
Depuis ce premier courriel, Julie et moi avons échangé plusieurs fois sur la vie et l'œuvre de Knud, dont une entrevue de trois heures pour son doctorat, qui a eu lieu le 13 et 17 juin 2024 et est disponible ici: partie 1 (2 heures) et partie 2 (1 heure) pour ceux qui veulent en savoir plus sur Knud Viktor et le 7e printemps électroacoustique.
J'ai apprécié la façon dont notre conversation m'a ramenée à cette période très engagée au début des années 1990, avec le Sommet Rio et le film An Inconvenient Truth, entre autres.
J'ai aussi apprécié mon échange avec Julie sur le rôle de l’art, dont cette observation :
- J'ai énormément de choses à apprendre sur l'effondrement de la biodiversité, sur le changement climatique, et j'ai besoin que les artistes m'apprennent ce qui se passe. Je pense que les œuvres doivent nous apprendre et documenter ce qui est en train de disparaître. C'est ça la complexité et aussi ce qui a fait Knud (Viktor) à mon sens: il a documenté ce qui était en train de disparaître.
Heureusement que nous avons eu des pionniers dans le domaine de l’écologie sonore qui nous ont préparé le terrain, tels Knud Viktor, R. Murray Schafer, Pauline Oliveros et beaucoup d’autres.
Je vous invite à écouter ma conversation avec Julie Michel et de découvrir le travail du merveilleux compositeur et artiste sonore Knud Viktor.
Artistes et organismes mentionnés dans cet épisode:
Julie a recommandé les publications et organismes suivantes:
Artistes et organismes mentionnés par Julie après notre conversation pour prolonger l'exploration:
Episode Transcription
extraits de cet épisode
- Les artistes qui m'intéressent sont transdisciplinaires, avec une curiosité scientifique et une double formation, qui arrive à faire le pont entre les deux et à endosser ces deux responsabilités. Je pense que l'art doit s'articuler autour des sciences pour nous faire ressentir et comprendre des phénomènes naturels. (Julie Michel)
- Image VI, Luberon. Luberon est une tétraphonie. Ça ne considère pas comme de la musique, mais plutôt comme une peinture sonore faite de sons naturelle et locaux. C'est l'expression des impressions reçues par treize ans de vie en plein Luberon. En cueillant des sons qui organisent des intensités sonores que je veux les plus inattendues, les plus contrastantes, modulées, dissonantes. J'essaye d'obtenir l'air, la lumière, le vent, les pluies et aussi le roc, la végétation rugueuse et parfumée du Luberon. Je fais chevaucher les impressions de vie souterraines comme celle de la cigale, avec des impressions de plein espace, de grand air, de la montagne large. Le son se donne presque un muet, espacé et d'un coup se fait jaillissant, éclatant. Vient ensuite, la montagne haute, la métamorphose, la cigale et le matin doivent donner la conclusion. (Knud Viktor)
- J'ai énormément de choses à apprendre sur l'effondrement de la biodiversité, sur le changement climatique, et j'ai besoin que les artistes m'apprennent ce qui se passe. Je pense que les œuvres doivent nous apprendre et documenter ce qui est en train de disparaître. C'est ça la complexité et aussi ce qui a fait Knud (Viktor) à mon sens: il a documenté ce qui était en train de disparaître. (Julie Michel)