(note: l'introduction est accompagnée de paysages sonores enregistrés dans les environs de La Montagnarde)
Quand je suis arrivé à ma semaine de résidence à La Montagnarde le lundi 21 octobre 2024 j’ai été accueilli par ce carillon éolien.
Ceci est le dernier épisode de la saison cinq du balado conscient, enregistré lors d’une promenade sonore le 21 octobre 2024 dans le cadre de mon séjour à La Montagnarde, un espace ‘au service des artistes et de leur création, dans un esprit d'ouverture des disciplines et de flexibilité des besoins’, un projet de ATSA : quand l’art passe à l’action, et j’avoue qu’en tant qu’artiste sonore et activiste en art et écologique, ca fait un grand bien d'être en forêt et entouré d’art.
La Montagnarde est située sur le territoire non cédé du peuple anishinabé algonquin (voir reconnaissance territoriale) Nous sommes aussi dans le comté d’Argenteuil, dans les Laurentides au Québec.
J’ai eu le plaisir de faire cette promenade sonore avec la cofondatrice et directrice générale et artistique d’ATSA, Annie Roy, sur un très beau sentier ‘art nature’ dans la forêt, derrière moi. Annie partage, entre autre, ses réflexions sur le rôle de l’art face à l’urgence climatique et notre relation avec la nature.
L'épisode vous invite à découvrir 5 œuvres d’art visuel qui font partie du sentier art-nature inauguré lors de L’Art est dans ses feuilles en septembre 2024. J'annonce les 8 séquences durant la promenade:
L’épisode se termine par un plaidoyer pour la préservation des espaces naturels, soulignant l’urgence de protéger la biodiversité face aux changements climatiques et critiquant la coupe prématurée des arbres.
Annie nous rappelle:
Je veux remercier de tout cœur Annie et ATSA pour cette résidence.
Vous allez pouvoir entendre Annie à nouveau lors de la saison 6 de ce balado sur le thème des arts et la culture en temps de crise et d'effondrement et aussi ses réflexions sur mon projet, provisoirement intitulé, ‘kit de survie de l'artiste’.
Merci de votre écoute et à la prochaine.
*
Sections de l'épisode (générées par l'IA et revues par Claude Schryer)
Introduction à la saison 5 du balado conscient
Dans ce dernier épisode de la saison cinq, Claude Schryer présente son invité, Annie Roy, et évoque le thème central de cette saison : la fin du monde tel qu’on le connaît et comment créer les conditions pour que d’autres mondes puissent émerger.
Promenade sonore avec Annie dans le Sentier Art Nature
Claude introduit Annie, qui dirige ATSA, et discute de la résidence d’artistes La Montagnarde qu’elle a créée ainsi que du Sentier Art Nature, un espace où les artistes installent leurs œuvres en harmonie avec la nature.
L’événement ‘L’art est dans ses feuilles’ et Réflexions sur l’Art
Annie évoque un événement marquant qui permet aux visiteurs de découvrir des œuvres artistiques dans la forêt, tout en partageant des réflexions sur la relation entre l’art et la nature, et les enjeux environnementaux.
La Nature comme Œuvre d’Art
Claude et Annie discutent de la nature comme une œuvre d’art vivante, soulignant la beauté des paysages et comment l’art peut enrichir notre compréhension de la nature.
Méditation, Souvenirs et Construction de Soi
Annie décrit un lieu de méditation en forêt et comment nos expériences passées façonnent notre personnalité, renforçant notre lien avec la nature.
L’Art et la Nature : Approche Respectueuse
La discussion se concentre sur l’importance de l’art en milieu naturel, favorisant des moments de partage et de réflexion, tout en soulignant la nécessité d’une approche respectueuse.
Les Œuvres Éphémères
L’intervenant parle de l’installation d’œuvres d’art dans la forêt, mettant en lumière leur caractère éphémère et leur enrichissement de l’expérience de la nature.
L’Enfance, la Création et la Nature
Annie évoque le plaisir de créer dans la forêt, comparant l’art à un jeu, et mettant en avant la joie qui accompagne le processus créatif.
Réflexions sur la Nature et l’Environnement
La conversation aborde l’impact des interventions humaines sur la nature, tout en soulignant l’importance de préserver des espaces sauvages et de réfléchir à nos actions.
La Danse et la Nature
Cette section explore l’interaction entre l’art de la danse et la nature, mettant en avant l’importance des expériences partagées dans un cadre naturel.
La Force de la Nature et Évolution Positive
Annie discute de la force de la nature et de son impact sur les œuvres d’art, tout en concluant sur l’évolution de notre relation avec la nature et l’importance de préserver notre environnement.
Transcription de é163 annie roy - faire de l’art en forêt
Remarque : il s'agit d'une transcription automatique fournie pour ceux qui préfèrent lire cette conversation et à des fins de documentation. Elle a été vérifiée mais n'est pas tout à fait exacte à 100 % (certains noms peuvent ne pas être tout à fait exacts). Veuillez me contacter si vous souhaitez citer cette transcription : claude@conscient.ca
Claude Schryer
Balado conscient épisode 163. Le dernier épisode de la saison cinq. On est le 21 octobre 2024 et je suis en fait, je vais demander à Annie Roy, mon invité aujourd'hui, de nous expliquer où on est. Je crois que vous pouvez deviner qu'il y a des feuilles sèches à mes pieds et toutes sortes d'arbres autour de moi.
Claude Schryer
Bonjour, Annie.
Annie Roy
Je vais pouvoir le lire un peu, puis peut être même que Claude pourra m'aider là dessus, parce que lui. Ben.
Claude Schryer
J'ai le privilège d'être en résidence cette semaine à la Montagnarde, à Saint Adolphe de Howard, dans les Laurentides, au Québec. Et je commence ma 1ʳᵉ journée avec une conversation. C'est bon, avec Annie, que je connais depuis plusieurs années, qui dirige ATSA : quand l'art passe à l'action. Mais quand je l'ai connu, ça s'appelait Action Terroriste Socialement Acceptable. Le nom a changé à un moment donné, mais je crois que les deux noms sont bons.
Claude Schryer
J'ai déjà commencé l'enregistrement, alors bienvenue. Pourquoi pas ? On se retrouve parce qu'on avait fait le dernier enregistrement. Tu étais là, babine ?
Annie Roy
Alors ? Ben oui. Regarde, là. Elle est toute contente, encore. Elle adore aller dans le bois. Elle connaît le sentier par cœur. Bon. C'est très drôle, Anne.
C'est elle qui nous amène, en fait. Où est ce qu'on va ?
Claude Schryer
On va par là. Viens, toi.
Annie Roy
Chemin.
Claude Schryer
J'ai déjà expliqué aux auditeurs un peu qu'est ce qui.
Annie Roy
Se passe, là, grosso modo, on adore.
Claude Schryer
Une belle journée, hein ?
Annie Roy
Ouais. Belle journée sonore et visuelle. Là, on est dans les feuilles, fait.
Claude Schryer
Que tu vas avoir beaucoup de plats de feuilles. On va aller tranquillement comme.
Annie Roy
Ça, ça va faire moins de. On est côte à côte.
Claude Schryer
On est côte à côté, oui, ça marche comme ça. Parfait. Alors, j'expliquais que l'épisode 50 sept. On s'est parlé à Montréal en 21, c'est 1/2 conversation.
Annie Roy
Explique-nous où on est. Alors là, on est au début du sentier Art Nature. C'est le sentier qui est directement derrière la résidence d'artistes la Montagnarde que j'ai créée en 2020. Deux un peu par un hasard de la vie, parce que je suis toujours très ouverte à ce que la vie m'amène pour continuer les idées, les projets, tout ça. Donc moi, j'avais déjà acheté un petit chalet au décès de Pierre. En fait, c'était un peu notre. Notre prochain but. On avait le goût d'avoir un spot à la campagne parce qu'on était toujours chez mes parents, puis que là, mes parents avaient vendu et puis dans le comté d'Argenteuil.
Ici, c'était encore achetable, on pourrait dire. Ça faisait deux ans que je cherchais ce lieu, puis quand j'ai trouvé mon chalet, ça correspondait en tout point à ce que je pourrais dire. Mon ADN de territoire. Moi, je pense qu'on trouve un peu notre maison par rapport au point de vue puis à comment tu sais ce qu'on voit, ce qu'on ressent, tout ça. Puis en arrivant ici, Ben, on est en haut, on est dans la forêt, mais on voit quand même le lac en bas. Puis on est adossé aux terres de la couronne, donc c'est des kilomètres de forêt sur lesquels on peut un peu comme s'accoter, je dirais.
Je me sens très, très bien ici. C'est comme dès que je suis arrivée, c'était chez moi et que ça, c'était important. Puis deux années plus tard, une fois que j'avais quand même déjà un peu fait mon chez moi ici, je dirais débroussaillé un petit sentier V. Le lac, tu sais, des choses comme ça, puis tout ça. Ben, le petit chalet d'à côté était une scrap totale, puis le propriétaire ne voulait pas tant s'embarrasser d'agents d'immeubles, etc. Alors je l'ai acheté pour une bouchée de pain, donc je me suis retrouvée avec deux chalets. Écoute, ce n’était pas vraiment. Puis depuis ce temps, en fait, j'y mets pas mal tout mon argent à développer cette résidence d'artistes. On a levé la maison, on a refait les fondations, on a changé complètement les pièces, et puis maintenant, c'est viable. Et donc, depuis 2020, deux, je te dirais que plusieurs artistes, déjà, sont venus profiter de cet espace et qu'il se crée un sentier dans le bois en arrière, qu'on appelle sentier art nature. Voilà, la boucle est bouclée de ma 1ʳᵉ phrase. Puis là, c'est ça qu'on va marcher aujourd'hui. Puis ce qu'on a fait aussi, c'est que cette année.
Donc là, on est présentement en automne 20 quatre. Mais donc, depuis une bonne partie de l'été et tout ça, les artistes ont installé des œuvres dans la forêt. Il y a des œuvres qui sont, disons, semi éphémères, puis d'autres qui vont être permanentes et qui vont avoir le poids du temps, vont se transformer dans le temps, puis d'autres qui vont changer au fil des. Des artistes qui vont passer. C'est sûr que là, c'est plus aussi concrètement des installations art visuel et tout ça, mais moi, je serais bien pour aussi qu'il y ait des installations sonores, qu'il y ait d'autres types de choses. Mais je vais toujours vouloir que ce soit vraiment comme en correspondance avec la nature que. Oui, bien sûr, des fois, des choses sont plus ostentatoires, puis on le voit, mais d'autres sont vraiment aussi très cachées et tu passes quasiment à côté de l'œuvre, puis tu ne t’en rends pas compte.
Claude Schryer
C'est toutes sortes de moments différents qu'on va découvrir, puis la nature elle-même.
Annie Roy
Qui est une œuvre d'art, un phénomène artistique, complètement. Le contexte change constamment, dernièrement. Donc, on a fait le 1ᵉʳ événement qui s'appelle l'art est dans ses feuilles, que j'espère refaire chaque année pendant les journées de la culture. Les gens sont invités à rencontrer les artistes, faire des visites, commenter puis découvrir les nouvelles œuvres de l'année. Donc, tu sais, toute l'année, on crée, on crée, puis à un moment donné, ah. Cet événement arrive, puis ça devient comme un événement de retrouvailles, de rencontres, de réflexions, de discussions, puis je dirais même de communion, en fait, parce que c'est ça qui se passe. Puis bon, là, on a eu vraiment de la chance pour notre 1ʳᵉ 120 personnes se sont déplacées, on a eu six visites commentées, on était avec les artistes. C'était formidable.
Là, maintenant, on a une magnifique journée, Claude. On est choyé des dieux. Mais c'était tout aussi beau. Là, il y a un mois quasiment, quand on a fait la 1ʳᵉ l'art et dans ses feuilles. À ce moment-là, le sentier aussi était tout déblayé, là. On avait passé quasiment trois jours à passer le râteau là. Les feuilles tombent et tombent et tombent. Donc on va nous entendre marcher dans les feuilles et puis allons voir l'art.
Claude Schryer
Et dans ses feuilles. Une chose avant, parfois, une chose que j'ai appris quand j’ai fait un cours en anglais qui s'appelle Facing Human Rights, c'est que c'est une bonne idée de demander la permission à un espace avant d'enregistrer ou d'intervenir. Et donc j'ai déjà fait ça. Je me sens bienvenu, je me sens bienvenu, mais des fois non, des fois.
Annie Roy
Je sens que l'espace est comme, qui.
Claude Schryer
Et veux pas te recevoir.
Annie Roy
Je pense que toi t'es connu peut-être moi ? Ah ben moi c'est ça.
Claude Schryer
C'est vrai que je demande plus à chaque jour. Non, mais quand tu as comme une relation avec l'espace, tellement il y a.
Annie Roy
Des échanges, c'est réciproque en quelque part. Ah oui t'as raison, t'as raison. Mais ouais, c'est vrai. J'ai l'impression qu'on s'est choisis. Tu sais quand je te dis depuis le début je m'y suis sentie chez moi. Ben si l'espace ne m'avait pas choisi, je ne me serais pas sentie chez moi non plus. Je pense que c'est un ressenti qu'on a quand. Ben on est bienvenu quoi. T'es bienvenu. Donc. Donc c'est ça. Tu sais, moi je suis comme. Ouais, ici j'ai l'impression qu'on.
Claude Schryer
A quelque chose à se donner mutuellement. Ça fait effectivement crunch crunch pour nos auditeurs, mais c'est un beau son. On s'arrêtera, on fera des petites pauses pour parler, surtout quand on va arriver à des œuvres. On va connaître les atouts qui ont…
Annie Roy
Oui. Puis il faudra parler aussi des artistes qui sont plus à la résidence comme tel. Il y a ceux qui sont dans le bois, mais il y a aussi ceux qui sont en devanture de la résidence qui sont super aussi. Tu as vu comment Babine nous amène, hein.
Claude Schryer
Oui, c'est rare qu'elle dévie du chemin. Je vais te demander, on va arriver dans un instant, mais dans l'émission 50 sept, tu as parlé de ta jeune enfance, puis je vais demander aux auditeurs d'aller, de réécouter ça au lieu de tout te raconter. Mais ceux qui connaissent pas du tout.
Annie Roy
Comment que tu te présentes ces jours-ci. Ouais, ouais, en ce moment, je trouve que je suis un beau moment de la vie d'une personne parce que je ne suis pas encore en vieillesse, mais je suis pas non plus en jeunesse. Donc, c'est un moment où est ce que j'ai de l'expérience de vie, mais encore de l'énergie. Puis ouais. Je trouve que je regarde en arrière puis je dis Oh, waouh, j'en ai fait des affaires, des petites, des grosses, des ensembles, des tout seuls, toutes sortes de choses. Puis que ça m'a amené quand même une assez vaste compétence ou réflexion ou expérience ou ressenti. C'est ça.
Donc je me sens riche de tout ça. Puis je suis encore. Je ne sais toujours pas ce qui est devant. C'est ça que je trouve beau de la vie, quelque part épeurant aussi souvent, parce que surtout quand on a vécu des choses difficiles, on sait que ce qui est devant n'est pas tout le temps nécessairement merveilleux. Mais pour toutes ces raisons, je me sens riche et curieuse. Wow. Ok. Ouais, c'est ça.
Claude Schryer
C'est la 1ʳᵉ fois que tu découvres. On découvre, on découvre. On peut se mettre ici. C'est là que l'artiste. C'est son point de vue privilégié. Je vais m'asseoir. Ben ouais. Puis c'est quoi, ça ?
Annie Roy
On est devant la fuite des mariés de Hélène Frigon. Hélène Frigon est une artiste visuelle, mais aussi vidéo, parce que ses projets, comme là, c'est une grande installation. On le voit avec beaucoup de profondeur. Il y a 13 robes de mariées qui emballent les arbres. Donc c'est comme si les arbres étaient à la fois personnifiés, mais en même temps, c'est un peu comme des fantômes, parce que les personnes ne sont pas dans la robe et puis on est un peu en contrebas. Donc on voit ces robes de mariée, ces femmes jusque très haut quand même dans la montagne. Babine qui décide de se prendre un bâton. Et puis pour elle, c'est vraiment l'idée d'être un peu contre le fait d'objectiver la femme, de se dire ok, on la met souvent dans une posture où est ce qu'elle devient quelqu'un quand elle se marie, mais que dans le fond, pour elle, c'est comme fuyez ça, les filles, vite. D'une certaine façon, c'est sûr que j'aimerais bien qu'elle vous en parle d'elle-même. Puis regarde, juste un instant, on va faire une micro-pause, parce que vu que son cartel est là, ça va me mettre ces mots dans la bouche. Donc elle se dit que c'est à la fois.
Ah oui, c'est ça. C'est vrai qu'elle disait ça beaucoup que c'est à la fois séduisant et inquiétant. Donc les femmes accourent ou se sauvent, ça dépend de l'angle de vue qu'on prend, si on est devant ou derrière. Puis c'est un peu la relation antagoniste que notre société entretient avec la forêt. Une approche à la fois paisible, axée sur la contemplation, mais aussi une conception basée sur l'exploitation. C'est vrai, c'est comme ici, je pourrais en parler tantôt, mais on est en danger de coupe forestière constante. Donc ça, c'est.
Donc, elle aime beaucoup cet aspect à la fois inquiétant et au début, ça fait quelque chose d'un peu naïf, là. Tu sais, c'est attirant, des robes de mariée, on reconnaît tous puis tout ça, mais à un moment donné, on se rend compte que. Oui, mais ces mariés ne sont pas là, puis qu'est ce que c'est un peu fantomatique.
Claude Schryer
Puis il y a quelque chose comme ça qui peut jouer aussi avec la notion de mariage, de noces, de lien, de transformation pour le mieux, pour le pire, faire une institution. Il y a beaucoup d'enjeux parce que c'est amusant. Les robes sont dans le vent, bougent, là.
Annie Roy
On se dit, je dirais à un os avec des fantômes. Oui, c'est vraiment particulier. Puis je te jure, là, si on revient de nuit avec une lampe de tête, moi, j'ai le poil qui me dresse ses bras, là, parce que là, les mariés t'apparaissent comme ça, au fil de la lumière qui bouge, puis c'est vraiment bien intense. Continuons notre. Le chemin, il paraît plus, mais il est là. Serait plus à cause des feuilles, mais il est petit. Mais tu vois, on suit notre sentier, quand même.
J'ai fait ça professionnel, quand même. Tu vois, on a comme une signalétique de la montagnarde, sentier hors nature. Puis ça, ça me permet aussi tranquillement d'instaurer un sentier. Puis en instaurant un sentier, comme en le mettant un peu comme garde, voici ici un sentier, on va espérer que les forestières ne puissent pas le couper. Donc c'est comme. Il faut comme un peu prouver aussi qu'il y a une activité humaine douce puis que les forestières ne peuvent pas arriver, comme une industrie puis venir, comme nous, trancher ça. Parce que tu sais, actuellement, les forestières peuvent couper à 20 m des habitations vraiment violent.
Puis cette forêt ci, elle s'est déjà fait couper, donc il y a 30 ans. Et puis à un moment donné, dans notre sentier, vous allez voir, on va. Vous allez entendre, vous allez. En tout cas, il y a beaucoup de chemins forestiers et ces chemins sont juste maintenant des gros chemins d'érosion. Ils ne sont pas revitalisés, ça. Il n’y a rien qui repousse là-dedans. Bien sûr, on peut se dire, ah ben, c'est le fun. On peut plus marcher plus facilement. Mais en même temps, c'est des tranchées. C'est juste des tranchées.
Claude Schryer
Pour les cicatrices dans la forêt, je dirais. On n'a pas parlé exactement d'art et d'écologie, mais on parle d'art et d'écologie.
Annie Roy
Forcément, parce que les deux se rencontrent vraiment, s'entremêlent. Oui. Puis tu sais, ici, mon slogan, ça serait est ce que la culture peut sauver la nature ? Puis là, c'est concret. En faisant un sentier, où est ce qu'on s'implante dans cette nature qui à la fois nous inspire, mais que l'on protège par le fait de faire un sentier, tu sais, fait que, on va voir, je veux dire long shot, mais je veux dire garde. C'est quand l'art passe à l'action. Tu sais, fait que je passe à l'action. C'est bon. As-tu vu comme cette roche a été mise là juste pour nous ? On dirait. Elle, elle s'en fout, hein ? C'est ça qui est merveilleux. Oh, baby. Notre ‘chori boub’. Oui. Tu viens nous voir. C'est ça, le merveilleux de la chose, c'est que c'est notre regard d'humain qui donne des raisons à ce qu'on voit. On veut s'expliquer ce qu'on voit. La nature, elle, elle est. Elle n'a pas besoin de rien pour défendre sa posture existentielle. Elle fait sa vie. Excuse-moi. Attends, tout ça de là. Ok ? Mais nous, on a besoin de trouver de la magie. On a besoin de trouver du sens. On a besoin de comprendre les choses. Fait que là, tout d'un coup, on invente puis on donne des. Des raisons d'être. Moi qui ne parle pas anglais, Ben. Ben, j'ai des mots en anglais qui m'arrivent. C'est ça. Fait qu'ici, cette roche, t'sais, je marchais ici. Ce sentier, en fait, ce n’est pas tant un sentier, mais c'était un chemin que le propriétaire précédent utilisait avec ses quatre roues pour aller à son camp, à sa cabane de chasseurs qu'on va visiter tantôt. Donc, inévitablement, moi, je passais par-là, puis cette roche est comme parfaite pour s'asseoir dessus, tu sais, elle est plate, elle n’est pas trop haute. C'est merveilleux.
Fait que c'est devenu un peu un lieu de méditation pour moi, comme au fil de ma marche, regarde, je me souviens m'asseoir ici, c'est tout. Puis brin de mémoire qui est un peu ma petite. J'appelle ça une installation d'opportunité parce que j'avais conçu pour corridor éphémère, un autre projet, une installation de cadres comme ça, mais qui était géante. C'était quatre fois gros comme ça, c'était très, très immense. Puis j'avais donc rapatrié des cadres de partout, puis c'était après le décès de Pierre. Puis l'idée, c'était parce qu'il me manquait beaucoup, mais que je n'étais pas capable de tout expliquer.
Ce qui me manquait puis c'était tous tes souvenirs que tu ne peux pas mettre dans un cadre, mais qui construisent ta vie. Des fois c'est parce que ça fait appel à d'autres sens que la vue, tu sais, quelque chose ne peut pas photographier, je veux dire une odeur, une sensation, une émotion, un rythme, tu sais, c'est comme. Bon. Puis des fois, c'est parce que c'est des pas beaux souvenirs. Comme. C'est rare qu'on mette dans un cadre quelque chose qui nous fait de la peine comme tel. Je veux dire, je l'ai photographié à l'hôpital en train de mourir, mais je ne l'ai pas mis dans un cadre. C'est pour dire que ici, je peux m'asseoir, regarder au travers des.
Claude Schryer
Cadres et réfléchir à tout ce qui est, c'est.
Annie Roy
Ça, non visible, l'invisible, ainsi que les éléments sonores qui sont forcément omniprésents. Oui. Puis d'un point de vue un peu différent, parce qu'à gauche, on regarde, puis il y a une baisseur, puis il y a le lac, puis à droite, c'est le flanc de montagne.
Claude Schryer
Je m'excuse, je me suis fait mal à un angle comme que je. Je peux m'imaginer matin après 12 h, soir, venir ici puis réfléchir, puis sentir l'air qui passe, les souvenirs, mais aussi les possibilités du futur, parce que. On retient quand même présence de ceux qui sont décédés, je crois.
Annie Roy
Je sens parfois mon père et d'autres qui sont passés. Des fois ça nous aide d'avoir un espace. Oui. Je pense qu'ils viennent nous aider, ils sont toujours là, ils nous offrent toujours leur soutien, même s'ils sont plus là, présents dans le petit quotidien. Mais je pense qu'ils viennent nous donner beaucoup de réponses, beaucoup de. Ouais. Puis ici, c'est comme si ça me permet, parce que la forêt, c'est vaste, je veux dire, il y en a beaucoup de roches, il y en a beaucoup d'arbres, puis c'est comme un peu le petit prince, tu sais, tu choisis cet espace-là, puis au fil du temps comme il t'appartient.
Mais c'est surtout que tu te sens de plus en bien, là, parce que fait que moi, j'aime venir m'asseoir ici quand je suis, pour être en forêt. Premièrement, ce n’est pas trop loin de chez nous, donc je peux me perdre. Ce n’est pas une marche d'une heure pour aller quelque part, là, je suis à 5 min. Mais en même temps, je ne vois pas aucune habitation ou presque. C'est comme. C'est très. Je peux vraiment quand même me sentir en forêt. Puis ces cadres-là donnent un cadre à ma réflexion aussi, si je peux décider.
Ok, ben là, je vais regarder ce carré-là vraiment bien. Puis vraiment, ça, ça circonscrit le moment de ma réflexion. Ah. Là, je.
Mettons que je passe à lui. Puis là, tu sais, toutes les lignes, les ombres, les. Puis pendant le temps que je regarde, il pourrait passer une feuille qui tombe, il pourrait y avoir un oiseau qui vient, il pourrait. C'est le.
Claude Schryer
Fun que je trouve de regarder comme ça. Ça rend ça spécifique, puis on voit et on sent aussi le passage du temps parce que le soleil est toujours très lent, un rythme très lent pour nous de changer.
Annie Roy
Donc, si on peut ralentir un peu, on peut sentir et voir passer le temps. Vraiment, c'est toujours différent, même si c'est le même lieu puis le même décor. Ce n’est jamais le même décor parce que les saisons changent, parce que la lumière change, parce que chaque journée est différente. Puis c'est vrai que tu découvres. Tu sais, j'ai beau m'asseoir à même place puis regarder dans le même cadre, je redécouvre toujours un nouveau paysage. C'est magnifique. La nature, il n’y a rien de mieux. Je veux dire, on supplantera jamais ça, je veux dire. Puis c'est pour ça, je pense, qu'ici, c'est un lieu de résilience puis de. Pourquoi je me sens bien dans ce décor, c'est que je n’ai vraiment pas besoin d'être performante. Dans le fond, la nature, elle fait tout. Elle fait tout pour nous. Puis regarde ici comment c'est merveilleux. Ok. Parce que bon, c'était très grand au départ.
Après ça, j'ai ressorti cette œuvre là en la mettant plus petite puis en faisant un cadre de cadre pour un autre événement, Cuisine ta ville à Montréal. J'ai gardé ces deux cadres de cadres, puis je ne savais pas tant ce que j'allais faire avec. Je me disais oui, dans la forêt, ça serait beau. Ok. Mais quand je me suis tellement habituée à ma roche puis tout ça, j'ai réalisé que les deux arbres qui étaient là, c'était exactement la même largeur. Comme par enchantement, j'ai pu glisser mon affaire en arrière. Là, il y a une petite table en avant avec ses fonds qui rentrent dedans en trois dimensions.
Qu'est-ce que tu voulais de plus ? Quand ça ? Je dis œuvre d'opportunité, c'est comme je garde des choses, je ne sais pas ce que je vais faire avec, mais un jour, elles trouvent leur place. Puis c'est la vie qui dit, ah, voici l'opportunité. Ou comme la raison d'être de cette.
Claude Schryer
Chose que tu gardais, tu ne sais pas tant pourquoi. Puis elle avait sa raison d'être à quelque part. Et comme tu dis, on ne sait pas qu'est-ce qu'il y a dans notre futur, mais que des fois, on peut sentir un peu d'avance qu'il y a des choses qui nous arrivent, qui sont comme si les mots nous échappent. C'est ça que parfois, l'art est utile parce que ça nous permet de ne.
Annie Roy
Pas utiliser les mots ou d'utiliser d'autres formes d'expression qui ont un sens. D'autres sens. Mais aussi, la vie, c'est une forme de construction. Puis donc, on construit sur quelque chose, petit à petit. Cette chose peut être plus ou moins bancale, puis donc on peut être fragile, ça peut tout tomber, mais ça peut aussi être très solide. Donc on construit sur nos expériences passées, notre connaissance, notre ressenti. Ce pas pour rien que tout le monde a sa personnalité, assez crainte, ses peurs, tout ça.
C'est parce qu'on a vécu des choses, puis on n'ose plus aller là. On ne veut pas se faire trahir, mentir. Mais en même temps, on a aussi confiance, on est courageux. Tout ça, tout ça, on se construit, puis c'est une construction. La vie fait que je trouve ça beau, l'art, dans ce sens-là aussi. Tu sais, ça pousse comme la forêt, puis ça, ça se construit. C'est comme un printemps.
T'es devant rien, puis. Ah. Mais il y a un souvenir, il y a un ADN, il y a quelque chose. Puis là, ça ressurgit, ça regrandit. Je fais ça maintenant, ça sort pas de nowhere, sûrement. On a toujours eu un espace à la campagne dans ma famille, à un point que c'était une religion, là. Toutes les fins de semaine, mes parents venaient me chercher à la fin de l'école, le vendredi, et nous partions à Nominangue. Tu sais que c'est loin, Nominague, de Montréal ? C'est 3 h de route.
Fallait y croire. Fait qu'on y allait. Puis là, le vendredi soir, on était là, chauffer le camp. C'était une petite cabane en pièces sur pièces de 20, quatre par 20 quatre. Mes parents avaient une chambre fermée, mais le reste était tout ouvert. Moi, je dormais dans l'espace ouvert. Puis tu sais, je veux dire, on allait là tout le temps.
Fait que mes fins de semaine étaient dans la nature à niaiser les crapauds puis à pêcher de l'écrevisse puis à me faire une piste de luge puis tout ça. Puis j'y allais avec ma cousine, puis là, on courait puis on s'inventait qu'on était les femmes bioniques. Fait que là, on courait vraiment, vraiment lentement, mais dans notre tête, ça allait fucking vite. Puis on y croyait dur comme femme. Puis c'est là que mon oncle venait traper aussi. Moi, j'étais fascinée. Il ouvrait le lapin devant moi puis tous mes cousins et cousines.
C'était comme ah, c'est dégueulasse. Puis j'étais comme Ah, c'est quoi ça, le foie ? Ouh ben. Ouh. Il y a du caca dans son. Moi, j'adorais ça.
Je trouvais ça vraiment fun. J'étais comme il est mort anyway. Qu'est-ce que tu veux faire de plus ? Fait qu'anyway, c'est drôle, la nature, pour moi, c'est juste. C'est vrai, je pense que la seule affaire que j'ai à dire, c'est qu'elle ne te ment pas. Elle est authentique.
Elle est vraie. Elle est ce qu'elle est. Elle est. C'est tout. Puis c'est ça. C'est pour ça que j'en ai besoin. Puis j'ai l'impression que c'est un besoin.
Claude Schryer
Fondamental dans notre société qu’on ne se donne pas assez. Ce n’est pas pour rien que les médecins. Et ce n’est pas pour rien que tu as créé une résidence pour que les artistes puissent venir en nature passer du temps de qualité avec la liberté aussi, de. D'expression. Puis là, on a un avion. Oui, phénomène. Un gros avion. On peut penser que c'est un gros oiseau aussi, dans le sens positif. Bonjour, babine, ça va ? Mais tu sais, moi aussi, j'ai été élevé comme ça.
Annie Roy
On allait au chalet toutes les fins de semaine.
Claude Schryer
Je pense que c'est assez commun pour des personnes qui ont eu accès à.
Annie Roy
Quelle chance on a eu. Quelle chance on a eu. Le meilleur des deux mondes, en quelque part urbain et vraiment, veux-tu que je t'amène pour ça que c'est des sacs de gravier ? C'est à cause de l'ancien propriétaire qui mettait pour égaliser son chemin. Mais ce n’est pas moi, ici, tu vois, c'est un peu plus boiteux. Tu l'auras peut-être ressenti sous tes pieds. Quand on a fait l'art est dans ses feuilles.
Donc, le samedi, le 20 8 septembre, il y avait une grosse trace d'orignal. Un orignal est passé dans notre sentier, même pas loin, là, des habitations.
Alors j'ai coulé du. Du plâtre dedans, puis j'ai la trace. C'est que quand on va faire éventuellement aussi des sorties avec éco corridor laurentien qui va devenir un partenaire d’ATSA pour ça, on va aussi pouvoir faire des reconnaissances. Je dirais plus de la faune et de la flore, de reconnaissance des essences d'arbres, des animaux qui sont là, puis pas juste des petits, tu sais. Je veux dire, moi, c'est mon animal préféré. J'ai été honorée. Je me suis dit, il était venu bénir mon sentier. Je me dis je ne peux pas croire, c'est magique.
Annie Roy
Donc ici, tu vois peut-être quelque chose qui pointe dans le paysage. Tu vois une sorte de pont blanc.
Claude Schryer
Je ne sais pas trop.
Annie Roy
Ouais, c'est vrai. Puis là, si tu lèves tes yeux au ciel, tu vois autre chose. Oui, comme un lit dans les airs. On peut continuer puis on se sent. Ça peut être un point de vue, mais les points de vue changent au fur et à mesure qu'on marche, je trouve. La beauté de la chose, c'est que les points de vue changent au fur et à mesure qu'on marche. Encore une sorte d'œuvre, d'opportunité, selon ma nouvelle appellation.
En fait, c'est une autre artiste pour cuisine ta ville qui avait fait des œuvres avec des lits blancs. Puis elle les a laissés. Elle ne savait pas où les mettre, fait que j'ai fait. Ok. Puis quand est venue l'heure est dans ses feuilles. Je voulais vraiment les installer dans la forêt, mais j'avais aucune idée au début comment. Quel sens ça prendrait, au fil de toutes ces nuits blanches, en fait.
Donc, ça s'appelle mes nuits blanches, puis c'est un petit peu le moment, justement, où est ce que quand tu es, c'est comme un peu une étude dans le fond, tu sais, un lit vraiment surélevé, un lit vertical, un lit qui se renfonce, fait qu'ils ont des espèces de postures différentes. Tout comme on n'arrête pas de changer de position quand on dort pas, mais aussi comme toutes nos postures face à la vie, aux réflexions qui gagnent et aussi à se faire regarder de toutes sortes de manières pour avoir, je pense, une vision plus complète de chaque chose. Puis là aussi, c'était comme quand même marcher dans la forêt, même si je savais que mon sentier était ici. Mais où le long du sentier est la bonne place, puis ça tient.
Claude Schryer
Avec trois fois rien, ces choses.
Annie Roy
Trois vis puis un tas de terre. C'est éphémère, quoi. Ça, ça ne sera pas éphémère, je pense. Moi, la vie est éphémère. Oui, mais je veux dire, à moins que les vis pètent, je pense que ça peut être là, même après que.
Claude Schryer
Moi, je sois plus là. Qu'est ce qui va se passer ? Je ne sais pas. Aucune intention d'enlever ça. C'est très poétique. C'est un peu difficile d'imaginer, mais j'aime beaucoup quand on explique une œuvre d'art, parce que c'est un point de lecture.
Annie Roy
Une façon d'entendre l'histoire, l'intention de l'artiste. Tu n’es pas l'artiste, mais tu expliques à sa place. J'aime beaucoup ça. Ben là, c'est moi. C'est sûr que c'est moi, le brin de mémoire. Puis ici, c'est mes deux affaires, parce que moi, j'aime mieux. J'aime beaucoup faire des choses en forêt qui ont l'air de. D'aller de soi ou comme de se dire ok. Ah, c'est ténu. Je n’ai pas quelque chose que j'aurais pu marcher. Mettons, là, qu'on regardait juste par terre, là. C'est ténu comme ligne. On n'aurait pas nécessairement vu, tu sais. Puis je veux des objets qui ne vont pas déranger la nature, là. Ça n'empêche aucun écureuil ou bébite quelconque de vivre. C'est juste. C'est pas plus compliqué qu'une branche qui est tombée, qui se met en travers du chemin de whatever puis qui devra enjamber.
Claude Schryer
Mais je trouve ça le fun que ça reste juste tout simple, dans une grande simplicité. J'aime beaucoup la simplicité du geste puis la couleur blanche.
Annie Roy
Il y a des boulots, je n’en vois pas en ce moment, mais il y a toutes sortes de boulots dans la forêt. Oui, à la fois, mais ça ressort en même temps. Mais je trouve que c'est le fun. L'art est dans ses feuilles de cette année sans même s'en rendre compte. Au niveau couleur, au niveau chromatique, il y a vraiment un fil conducteur avec les robes blanches d'Hélène, les robes de mariée, les lits blancs. Ce que tu vas voir tantôt, c'est des photos en noir et blanc. Il y a comme quelque chose qui s'est construit tout seul, sans même qu'on y pense, qu'on fait.
Ah, ça va bien ensemble. On a eu beaucoup de fun, quand même. Trois échelles, un peu de. Attention, attention. Oh, my God, je peux pas croire. Il y a quelque chose de très enfantin à faire de l'art en forêt. Il y a quelque chose qui tient beaucoup du jeu, du ludique. Tu sais, pas nécessairement après, dans le moment de contemplation, il peut être un peu plus mature et profond. Mais le moment où tu le fais là, oh, my god que tu te trouves con puis t'es comme, qu'est-ce qu'on fait là, man ? Pourquoi on est là à trois, timbrés, à tenir de peine et de misère.
Claude Schryer
Un lit qui va tenir sur deux vis ? C'est fou. On se sent très enfant, un peu mauvais coup de faire ça ou de créer des. En anglais, on dirait forts dans la.
Annie Roy
Forêt, comme on faisait quand on était jeune. On est toujours en train de créer des espaces de vie puis de jeux. C'est un peu ça. C'est tellement ça. Comme je te racontais tantôt la femme bionique. C'est comme si le bois, c'est vraiment à la fois, oui, un espace de contemplation, mais vraiment aussi un espace de jeu, je trouve. C'est très ludique. Quand je la vois, ma chienne, elle fait le sentier, puis d'un coup, elle se trouve un morceau de bois. Puis tu sais, on dirait qu'on a le goût de gosser sur quelque chose.
On va déblayer un sentier, faire une corde. On dirait que l'humain. Je ne sais pas pourquoi, c'est tu dans notre ADN profond de transformer le territoire tout le temps, mais comme la forêt, tout d'un coup, est comme ce vaste espace où on a besoin d'aller faire sens. Puis nécessairement, on dirait que vite, on va comme un peu intervenir, tu sais, mais. Mais moi, je veux intervenir doucement puis très, sans que ça dérange le paysage. Je ne couperai pas d'arbres. Tu sais, ça ne sera jamais un envahisseur, disons. Moi, je ne sais pas quel qualificatif lui donner. Je pense que les auditeurs ont du plaisir à t'entendre parler du sentier hors nature. Et je présume que. Qu'ils peuvent, s'ils sont dans la région, te contacter et venir voir.
Oui, ça, ça se peut. Puis quand il y a des résidences d'artistes, Ben, si je prends plus sur rendez-vous, c'est parfait. Puis éventuellement, selon ce qui se discute, là, avec le projet d'air protégé que j'ai déposé au ministère, il y aura peut-être une autre entrée par un endroit qui n'est pas devant la montagnarde puis qui va utiliser un chemin forestier pour que les gens le marchent puis fassent des genres que j'appellerais, moi, des boucles d'art. Donc, plutôt que d'avoir des boucles d'or, donc on aurait un sentier principal puis des genres de petits ronds comme ça où est ce qu'on fait que ça, ça en serait un. Un parcours. Ouais. En fait, je trouve que la.
Je le sais, là. Tu sais que peut être, comme. Ah. Il ne devrait y avoir aucune intervention en forêt ou quelque chose comme ça, mais en même temps, je ne peux pas m'empêcher de vouloir le partager. Puis je trouve que par le fait de créer de l'art en projet, ça génère aussi comme un moment de partage. Puis les morceaux, les morceaux, les pépites d'art qui sont là, dans la forêt nous obligent à nous arrêter. Comme là, on pourrait marcher, marcher, marcher, marcher, marcher, marcher, marcher, marcher.
Ÿ là, tout d'un coup, il y a quelque chose. Puis là, on s'arrête, puis là, on parle, puis on réfléchit puis on parle ensemble. Puis là, c'est. Ah. Ça crée un petit moment de communion super agréable. On continue. Le défi, ça va être d'en mettre juste assez, pas trop, que ça ne devienne pas un espèce de pollution visuelle, que la forêt doit être la chose la plus importante qu'on voit puis qu'on ressent.
Puis de temps en temps, il y a ce petit moment un peu spécial, hors du temps, hors. Tu sais, puis qu'on. Qu'on. Qui nous permet de. De réfléchir plus philosophiquement, justement, au fait de s'arrêter. Au fait de. Au fait de.
D'avoir différents niveaux de regard, là, grâce au lit, qui sont. Ah. Est ce qu'on aurait levé nos yeux, là ? Est ce qu'on aurait vu cet endroit ? Est ce qu'on aurait pensé à tous ces moments d'insomnie où est ce qu'on tergiverse sur le sens de la vie ? Est ce qu'on aurait pensé à nos souvenirs qui ne. Qu’on ne met pas dans des cadres ?
Est ce qu'on aurait pensé à la condition de la femme dans le monde, dû au fait qu'on l'objectivise dans des rôles comme la mariée avant.
Claude Schryer
Elle est soit dans des limbes, soit à un homme. Tout ça est intéressant d'avoir des moments comme ça, où on dirige un peu notre regard et notre pensée. Tout à l'heure, je t'ai parlé de la notion de permission. Mais une autre notion que j'ai apprise et que je suis encore en train de pratiquer, parce qu'il faut travailler sur ces choses là, c'est comment est ce que la forêt nous perçoit ? Comment l'effet, quel effet on a sur la forêt ? Parce que c'est des êtres vivants, la.
Annie Roy
Forêt, et des fois, c'est difficile de le sentir. Si on porte attention, je pense qu'on peut entendre la vie de la forêt et comment elle réagit à nos interventions. On ne vit pas sur le même temps, non. C'est à dire que les arbres ont un temps beaucoup plus long que nous. Nous, on passe, puis c'est juste, je me dis, ah, tout ce qu'ils ont vu passer, je suis plus. Ils sont sur un temps long. Et notre porosité l'un envers l’autre n’est pas la même.
Par contre, tout ce qui est vivant, les oiseaux, tout ça, ça, c'est vraiment. On est dans la même temporalité. Puis ce qui est intéressant, par exemple, qu'on a eu des Daniel Desnoyers puis six danseuses contemporaines qui sont venues danser ici, dans la forêt. Au début, évidemment, t'arrives, le silence se fait parce que nous, on envahit un espace, on est différents. Les oiseaux, tout est comme. Ah. Un peu.
Puis là, tranquillement, tout le monde se posait, puis le mouvement était lent, puis on ne parlait pas, puis tout ça. Puis là, ça recommençait, la vie recommençait, ça recommençait à jaser autour de nous. Puis là, on sentait, tu vois, là, on est blindé, là, on est parmi eux, parmi nous, on est ensemble. Mais au début, c'est sûr que nous, on arrive et on est un intrus, nécessairement, nécessairement, je trouve, parce que on vit plus dans la nature, dans la nature, on vit dans nos maisons construites, bâties. Mais c'est ça, quand même, ça me fait drôle parce que quand on a commencé avec Pierre, c'était dans les feuilles mortes, sur le mont royal. Tu l'as dans ton épisode de 50 sept. On faisait des labyrinthes de feuilles mortes. Puis ces sontslà, ce son-là, il vient me chercher beaucoup. Pour ça, j'aime ça faire exprès de faire beaucoup de bruit avec les feuilles je vois la fiche. Ok. Où sommes-nous ? Ouais. Ben, tu sais, tantôt, je te disais, moi, en fait, l'idée de faire de l'art en forêt, c'est parti des cabanes de chasseurs abandonnées. Il y avait déjà un bâti, il y avait déjà une intervention humaine.
Je ne me sentais pas que j'allais déranger du sacré. J'étais comme, ah ben, regarde, il y a quelqu'un qui s'est déjà permis, là. Il y a quelqu'un qui s'est déjà permis. C'était accroché là, la cabane. On voit encore les choses. Puis elle est tombée, cette cabane. Puis ça, c'était la cabane de chasseurs de celui dont j'ai acheté pour faire ma résidence d'artiste.
C'est sûr que c'est à partir de là que j'étais comme, oui, mais moi, j'ai envie de transformer ce lieu avec une autre intention. Donc tantôt aussi, je te disais, il y a Daniel Desnoyers, avec le carré des lombes, qui est venu danser ici, fait danser ses interprètes. Six interprètes de la Sardaigne, donc, italienne, et trois, voyons, six. Trois italiennes et trois québécoises. Et elles se rencontraient pour la 1ʳᵉ fois dans cette forêt, ici, et puis c'était une manière comme de venir un peu connaître le territoire québécois, parce qu'après ça, elles s'en allaient toutes en Sardaigne, donc elles allaient chacune, disons, interpréter d'une certaine façon le territoire de l'autre. Fait que Luc Sénécal, qui est à la fois son conjoint, mais aussi photographe, et a documenté toute cette danse. Et puis nous en avons tapissé la cabane de chasseurs abandonnés. Donc ça devient comme un but. On arrive ici, puis on peut. On peut rencontrer ce qui s'est passé. Puis je t'invite à faire le tour
Claude Schryer
J'imite les danseuses à ma façon. Et les robes blanches, oui, c'est un costume. Un peu de la fardègne, en fait. Les chapeaux aussi, ça donnait bien, parce que ben, on.
Annie Roy
A aussi pu leur mettre des filets, parce que c'était au mois de juin 20, quatre, le juin passé que ça s'est passé, ça. Donc il y avait bien du maringouin. Un autre cadre, le cadre du chasseur. C'est intéressant parce que le chasseur est patient, attend, le chevreuil. Le chevreuil est innocent. Il y a toute une histoire un peu tragique qui se passe. Ouais. Guy, lui, ici, parfois, tu vois des seaux blancs, en tout cas. Puis lui, il les nourrissait, il mettait des carottes, des pommes pour les attirer. Quand la technologie est arrivée, il filmait, il avait beaucoup, beaucoup d'images. Donc il connaissait très bien les habitudes de son chevreuil à tuer. Puis après avoir étudié tout ça, quand il arrivait dans sa cache de chasse, il était pas mal certain que ça allait arriver. Mais il fallait quand même effectivement qu'il s'assoie, qu'il soit patient. Puis oui, c'est une posture qu'on a, tu sais, je veux dire animal. Je veux dire, les animaux sont comme ça entre eux aussi. Je veux dire, le chasseur versus la proie, c'est pas mail puis ben, au moins, la personne qui a travaillé pour sa viande comme ça, Ben, c'est autre chose que d'aller l'acheter. A l'épicerie dans un petit baquet de sirop mousse. Bon, on va terminer notre promenade. Ÿ bientôt. Je pense qu'on a. Est ce que c'est la dernière oeuvre ? Non, mais ça dépend de l'énergie que tu as. Moi, j'aurais voulu.
Claude Schryer
Dernière oeuvre qui est en fait tombée. Ça, c'est intéressant aussi, parce que. On va finir là. On les a de dos. C'est un autre point de vue. Je pensais à une installation sonore dans cet espace. Puis le fait qu'il n'y en ait pas encore, c'est pas une mauvaise chose, parce que des fois, il faut laisser les choses dans un état. Mais un carillon, par exemple, fait de bois.
Annie Roy
Ouais. Quelque chose qui est actionné par le vent et qui est comme vient de l'espace, mais qui est juste mis dans l'air pour raisonner un peu. Ce serait joli. Ouais. Ce n’était pas dans l'air, ça, avant, mais oui, ça change. C'est ça. Le poids de la glace, de la neige a fait tomber le tout. Puis là, ça a pris un bout, parce que le 1ᵉʳ hiver, ça a passé sans problème. Donc après ça, je pensais que. Je me disais. Ah bon, ça tient, c'est bon. 2ᵉ hiver. Non, c'est quoi, là ? Et puis ça s'appelle Chrysalide, une œuvre de Chloé Coomans, qui est une belge d'origine. Et donc ça aussi ici, c'était une cabane de chasseurs abandonnés qui était dans les bois, dans les arbres. Puis on l'a transformée en genre de cocon, tu sais, comme dans les nuages. D'où tous les petits. Les petits nuages accrochés aux branches. Fait qu'elles toutes faites de morceaux de bois ici, tout autour, par terre, sec, puis on a utilisé exactement le même espace de la cabane. On pensait l'avoir assez renforcée, si tu veux, puis finalement non. Puis après ça, tu te dis, bon, est ce qu'on la remet en haut ? Mais c'est une job de malade mental, je veux dire, trop lourd. Puis c'est beau comme ça aussi. Oui, ça fait son effet. Mais je trouvais ça important de mettre la bannière pour qu'on voit l'œuvre originale, parce que je trouvais quand même que ça amenait aussi une force au propos du temps, de voir ce que c'était avant, ce que c'est maintenant. Puis on dirait que maintenant, je me sens donc plus à l'aise de la laisser se transformer, on va dire, avec le temps puis les saisons, du fait qu'on peut aussi l'avoir à son état original. C'est beaucoup, beaucoup, beaucoup de travail parce que tu sais, il a fallu monter jusqu'ici : chainsaw, vis, perceuse. C'est beaucoup. C'est fou la volonté humaine d'intervenir aussi. Qu'est-ce que ça nous fait déployer comme énergie ? Le fait d'avoir envie d'avoir un rêve, d'avoir une mission. Mais la force nature aussi.
La gravité, vent, toutes les forces, le poids de la neige, l'eau qui fait son travail, puis en quelque part est en dialogue avec l'œuvre, et l'œuvre s'effondre. Puis so what ? Ouais, c'est pour ça, tu sais, comme, effectivement, on trouve que la nature est belle, mais elle, elle s'en fout ÿ de belle. Puis tu sais, pour nous, c'était comme. Ok, oui, c'est sûr que ça peut amener quelque chose qu'elle soit tombée, mais au début, je t'avoue que c'était une petite catastrophe. C'était un deuil de la voir s'effondrer, parce que c'était vraiment cool de monter là-dedans. Monter là-dedans puis voir la forêt. Au travers des branches, c'était vraiment une belle expérience, fait qu'il y avait un deuil de ça. Mais. Mais la nature va toujours avoir raison. Nous au final, malgré tout cela malmène là. Ben, nous sommes la nature aussi, donc il ne faut pas trop se séparer des arbres et des oiseaux, parce que nous sommes des animaux nous aussi. On fait partie de ce cycle-là. Mais notre nombre et nos intentions de vie sont quand même plus dévastateurs que ce que peut être la nature elle-même. Quoique la nature aussi apprend les opportunités qu'elle a dans la vie. La nature, elle se badre pas de ses émotions, elle fait ce qu'elle a à faire pour vivre. Puis s'il faut qu'elle écrase de quoi pour pousser plus haut.
Elle va le faire. On vient de ça, on vient de ça. Mais on a un cerveau qui, je pense quand même nous porte à peut être mettre aussi, peut être un manteau de responsabilité. C'est si on veut, parce que pour la nature, c'est dans son ADN. Nous, c'est. Il y a quelque chose d'une volonté qui est dans notre ADN aussi, mais que je pense qu'il faut quand même apprendre à contenir.
Claude Schryer
Sais, d'où tu sais, de la décroissance, là, tout ça, ce n’est pas, c'est pas naturel. La décroissance, c'est quelque chose qu'il faut apprendre et valoriser. Mais ni la nature ni l'humain est fait pour vouloir décroître. Au début de l'émission, avant que je te vois, j'expliquais que le thème de la saison, puis c'est le dernier épisode de la saison, c'est la fin du monde tel qu'on le connaît. Mais je ne sens pas. Je suis content de finir sur une note plus positive, parce que je ne sens pas la fin du monde ici.
Annie Roy
Je sens la transformation du monde, mais je sens un potentiel, pas seulement de préservation, mais d'évolution, d'évolution de notre relation avec les espaces autour de nous. Nous, est ce que tu sens comme ça ? Oui. Puis je me sens. Je suis un peu partagé des fois ici, parce que je me dis, ah, c'est beau, là. Tu sais ce qu'on amène avec l'art dans la nature, mais on va aussi. Donc peut être amener plus de monde.
Est ce qu'on va comme détruire, ce n’est pas. Ça ne deviendra pas des milliers de personnes. Mais je veux dire, le simple fait de penser à développer quelque chose, je le sais pas, tu sais, des fois, je. Ok. Il faut vraiment bien réfléchir, il faut réfléchir à comment on fait les choses. C'est ça qu’on ne fait pas assez probablement. Puis en même temps, Ben, je pense qu'un peu de spontanéité puis de témérité font aussi des belles choses parce qu'on découvre, tu sais, tout en faisant.
Mais moi, je vois que. Je pense quand même qu'il faut faire vraiment, vraiment attention à. De préserver des grands pans de sauvages. Puis je pense qu'on a des grands espaces ici, au Québec, au Canada, puis qu'on prend ça pour acquis. On a toujours l'impression qu'il en restera, qu'il y en a assez, qu'il y en a assez. Mais c'est ça, le problème des changements climatiques qu'on a, qu'on a généré l'humain, c'est de ne pas voir qu'il y a une finitude aux ressources. Puis le projet de faire une aire protégée ici, c'est aussi de dire ça comme mis à part les grands parcs urbains où voyez-vous naturellement des arbres tricentenaires ?
Les arbres sont capables de vivre des centaines et des centaines d'années, puis nous, on se permet de les couper comme à leur adolescence, à leur jeune âge, on pourrait dire, tu sais, parce qu'on vit tout le temps selon notre propre temporalité, du fait qu'on meurt à peu près à quatre, 20, quatre, 20, cinq ans. Mais pour moi, regarder la forêt, c'est un peu accepter que je suis. Que. Il y a de la vie qui vit beaucoup plus longtemps que moi, puis que. Qu’on ne devrait pas s'arrêter à notre propre temporalité, qu'on devrait voir plus loin que notre bout de vie à nous. Puis c'est ça qui est notre grande faute jusqu'à maintenant, c'est de penser que la nature se régénérait aussi vite que nous. Mais la nature a besoin d'un temps long, puis il faudrait respecter, de la laisser tranquille sur.
Sur un temps long pour des grands pans de territoire. Ce n’est pas pour rien que là, il parle de 30 d'essayer de préserver du territoire de la planète pour la biodiversité. Écoute, on est loin de là, là. On n'arrête pas de gruger, gruger, gruger. Puis tout ce qui est nous, tu sais, vieux, ancestral, sauvage, ben, on se l'approprie pour. Pour avoir cet arbre ancien, cette essence, cette photo, cette. Mais je veux dire, j'aimerais bien, des fois qu'on.
Qu'on s'arrête puis qu'on. Qu'on se demande si ça vaut la peine d'être fait, si ce qu'on fait vaut la peine d'être fait. Que c'est ça, des fois, ici, que je me demande. Je sais que c'est. Que c'est doux, mes interventions dans cette forêt, et que les interventions qui vont se faire n'empêcheront pas la forêt de vieillir. Ce n’est pas comme si j'étais une forestière puis que je coupais plein d'arbres, tout ça, mais quand même, je pense que ça vaut la peine d'avoir toujours en soi ce questionnement. Qu'est-ce que ça apporte au vivant puis à notre expérience de qualité de vie, tu sais, puis de qualité de la vie ?
Je pense qu'on veut beaucoup en faire, puis qu'on devrait peut-être un petit peu plus se contenter de ce qu'il y a là. C'est déjà énorme quand cet avion va être passé, même s'il fait partie de la nature, maintenant, et essaie d'avoir un lieu où est ce que. Rien. C'est vraiment quand même une forêt.
Claude Schryer
Ici, où est ce que.
Annie Roy
Il y a pas de pollution lumineuse. Puis là, il est de plus.
Claude Schryer
En plus loin. Puis quand on ne l’entendra pas, je pense.
Annie Roy
Ça vaut la peine de prendre deux, 3 minutes de rien. On entend les feuilles tomber individuellement. Ouais. Les branches craquées, les oiseaux au loin. Un peu moins loin, un autre avion. Merci, Annie. C'est drôle pareil, tu sais. Je veux juste dire, c'est comme. Mettons ce cadre, là. Il est tombé à un moment donné. Ah, cette feuille là.