Imaginez que vous écoutiez les battements du cœur de la Terre, que vous sentiez le grondement des plaques tectoniques et que vous viviez le temps géologique.
Voici l'expérience que propose la composition électroacoustique « Oscillations planétaires » une création de mon invitée pour ce dernier épisode de la 6e saison du balado conscient, l’artiste sonore et une amie de longue date, Chantal Dumas.
Chantal partage ses perspectives uniques sur la capture des mouvements cachés de la Terre.
« Oscillations planétaires » est une invitation à écouter profondément la planète sous nos pieds, un rappel de l'échelle de temps immense des processus géologiques et un appel à une conscience à la fois environnementale et spirituelle.
Chantal nous parle aussi de quelques souvenirs d’enfance dont les ambiances sonores de la campagne et du projet Villeray acoustique, une initiative de Chantal et Magali Babin, en collaboration avec Espace Projet, qui propose une signalétique dans l’espace public où l’écoute, comme expérience sensorielle, est associée à des informations d’ordre historique, culturelle, ou écologique spécifiques à ce territoire.
Je remercie Chantal pour notre échange précieux et pour tout, avec amour, de nos tous.
Photo de Claude Schryer et Chantal Dumas par Sabrina Mathews (14 septembre 2025, Montréal)
Cette conversation a été enregistrée le 14 septembre 2025 à Montréal.
Oscillations planétaires
© 2017-18, 19, Chantal Dumas (SOCAN) / Ymx média (SOCAN)
℗ 2019, Enregistrements i média (SOPROQ)
Parue sur l’album Oscillations planétaires, empreintes DIGITALes, IMED 19163
Merci Jean-François Denis.
Notes d’épisode generée par l’IA Whisper Transcribe
Points d’action
Résumé des chapitres
00:00 Chantal Dumas: art et la douceur
04:12 Relation avec le son depuis l’enfance
06:25 Oscillations planétaires: mécanique terrestre
09:28 Perception du temps et de la terre
13:06 Art, douceur et écoute sensible
Citations
Remarque : il s'agit d'une transcription automatique fournie pour ceux qui préfèrent lire cette conversation et à des fins de documentation. Elle a été vérifiée mais n'est pas tout à fait exacte à 100 % (certains noms peuvent ne pas être tout à fait exacts). Veuillez me contacter si vous souhaitez citer cette transcription : claude@conscient.ca
[00:00:00 - 00:00:56] Chantal Dumas
Pour moi, le climat mondial, l’état des choses,ça appelle à se ramener à des échelles beaucoup plus petites, à des échellesde communautés, je dirais, de communautés d'intérêt, de communautés de sensibilité, puis de se rapprocher des nôtres, les nôtres étant la famille immédiate, mais qui sont aussi les amis, et de chérir vraiment cet aspect-là, tout en restant sensible à ce qui se passe autour de nous. Mais de trouver une façon de - je ne sais pas si j'appellerais ça de la consolation - mais en tout cas d'avoir une certaine douceur. Je pense que l’art peut apporter ça pour calmer l'anxiété que peut amener justement la... Si on parle d'un point de vue écologique, on ne sait pas trop ce qui se passe. Actuellement, on voit que nos chefs politiques ont été très sensibles pendant la pandémie. On s'est dit « Oh wow, on entend les petits oiseaux », « Oh wow, la Terre vibre moins », donc il y a moins de tremblements de Terre. On s'est rendu compte que c'était beaucoup généré par l'activité humaine si la Terre tremblait et tout ça.
[00:01:11 - 00:03:35] Claude Schryer
Imaginez que vous écoutiez les battements du cœur de la Terre, que vous sentiez le grondement des plaques tectoniques et que vous viviez le temps géologique.
Voici l'expérience que propose la composition électroacoustique « Oscillations planétaires » une création de mon invitée pour ce dernier épisode de la 6e saison du balado conscient, l’artiste sonore et une amie de longue date, Chantal Dumas.
Chantal partage ses perspectives uniques sur la capture des mouvements cachés de la Terre.
« Oscillations planétaires » est une invitation à écouter profondément la planète sous nos pieds, un rappel de l'échelle de temps immense des processus géologiques et un appel à une conscience à la fois environnementale et spirituelle.
Chantal nous parle aussi de quelques souvenirs d’enfance dont les ambiances sonores de la campagneet du projet Villeray acoustique, une initiative de Chantal et Magali Babin, en collaboration avec Espace Projet, qui propose une signalétique dans l’espace public où l’écoute, comme expérience sensorielle, est associée à des informations d’ordre historique, culturelle, ou écologique spécifiques à ce territoire.
Je remercie Chantal pour notre échange précieux et pour tout, avec amour, de nos tous.
Bienvenue au balado conscient Chantal Dumas.
[00:03:35 - 00:03:37] Chantal Dumas
Bonjour Claude Schryer et merci pour l'invitation.
[00:03:37 - 00:03:48] Claude Schryer
Ça fait longtemps que je veux te parler de sortes d'affaires, dont l'écologie sonore, puis ton travail, puis ta vie, puis… On va se parler. Comment on fait depuis, je ne sais pas, 30, 35 ans, là?
[00:03:48 - 00:03:55] Chantal Dumas
Ça fait vraiment longtemps qu'on se connaît. Je pense qu'on s'est connus dans les années 80, au début 90.
[00:03:55 - 00:04:00] Claude Schryer
On a travaillé ensemble sur le 7e printemps électroacoustique, puis plein d'affaires.
[00:04:00 - 00:04:01] Chantal Dumas
Ça, c'était en quelle année?
[00:04:01 - 00:04:02] Claude Schryer
92.
[00:04:02 - 00:04:04] Chantal Dumas
92? L'été 92? Oui.
[00:04:06 - 00:04:15] Claude Schryer
Alors, commençons au début. Tu es artiste sonore, compositrice, etc. Quelle est ta relation avec le son quand tu étais jeune?
[00:04:28 - 00:06:13] Chantal Dumas
C'est drôle, ce n'est pas tellement ma relation avec le son que ma relation avec des images. C'est très drôle parce que j'ai des souvenirs d'enfants qui s'effacent un peu, mais j'ai eu à demander beaucoup de souvenirs d'enfants qui me sont revenus. Et c'était une tâche de soleil sur le prélart de la chambre, c'était la couleur de fruits, c'était des choses plutôt d'ordre visuel, je dirais. Et probablement que le son, ce qu'ils doivent avoir remarqué, c'est qu'enfant, on passait tous les étés à la campagne, près d'une rivière, et donc il y avait un petit lac dans lequel on se baignait, puis il y avait la rivière, puis donc il y avait la nature, il y avait les oiseaux qui étaient là, qui étaient présents. Les insectes, je me rappelle avoir été toujours très curieuse des insectes, des grenouilles. Je pense que dans les souvenirs, si je voulais les faire remonter un peu à la surface, ce serait des choses rattachées à la nature, mais toutes simples. Ce qui m'accompagnait quand j'étais petite, j'allais courir dans les champs, j'allais me baigner. Puis le soir, quand la nuit tombe, par exemple, et que là, il y a des oiseaux qui se mettent à chanter, puis on entend des grenouilles croiser ou des... ouawarons, donc l'espèce de chœur des grenouilles, là. Donc je pense que ça serait un peu ça, les souvenirs d'enfance. L'oscillation, c'est un faible mouvement. Donc comme cette grande pièce, parce que ça fait, je ne sais pas combien, autour de pas loin de 50 minutes, c'est les mouvements de la Terre à différentes échelles. Donc l'oscillation, c'est ce qui bouge.
[00:06:25 - 00:06:30] Claude Schryer
Ça t'a inspiré à faire une œuvre autour des phénomènes géologiques, etc.?
[00:06:30 - 00:08:33] Chantal Dumas
Oui, moi je dis mécanique terrestre, en fait, c'est ce qui m'intéressait. Parce que tout ce qui a précédé, j'ai beaucoup, avec le paysage sonore, donc j'ai fait beaucoup d'enregistrements, donc entendre la Terre, parce qu'on en entend à la surface, tout ça. Et puis, sans considérer que sous les pieds, sous nos pieds, bien, il se passe beaucoup de choses. On vit à la surface de la Terre. Donc voilà, j'ai eu envie de quelque chose qui est complètement, qui est vraiment électroacoustique. C'est une chose que je n'avais jamais faite auparavant. Et puis j'ai eu envie de m'inspirer de différents phénomènes, de mécaniques de la Terre, et de m'en inspirer pour générer quelque chose d'un point de vue sonore. Et puis ça se décline en neuf parties. Mais des parties comprennent parfois certaines... plus d'un exercice, plus d'un mouvement, en fait. Et donc, ça va de... des choses comme... bien, on pourrait sans douter des plaques tectoniques, par exemple. La subduction, donc le mouvement des plaques quand elles entrent, quand elles plongent l'une sous l'autre, donc la subduction. Ensuite, il y a la convection mantellique qui est le mouvement interne. Ce n’est pas tellement une oscillation qu'un mouvement interne où quand la plaque plonge, elle fond qui est fait par la densité, qui est causé par la densité puis par la chaleur aussi. Tu as ce mouvement-là. Ensuite, il y avait les geysers. Ça, c'est une chose que l'on voit à la surface de la Terre, mais qui... bien, l'action commence sous la Terre.
[00:08:53 - 00:09:26] Chantal Dumas
Donc, la formation des montagnes, comment les montagnes se forment, c'est intéressant. Ensuite, la marée crustrale. Ensuite, il y a le magnétisme terrestre, parce que c'est arrivé dans l'histoire de la planète qu'il y a eu un renversement du pôle magnétique. Donc, le nord est devenu le sud et le sud, le nord. Donc, c'est arrivé dans l'histoire, mais ça date d'il y a longtemps. Ça date de la dernière fois que ça s'est passé, c'est à peu près 800 000 ans. Donc, ça n'arrive pas si souvent. Mais parfois, il y a des petites modifications. Puis, hop, ça. Ça commence à bouger et ça se replace.
[00:09:28 - 00:09:39] Claude Schryer
Est-ce qu'on devient la planète en écoutant cette œuvre-là ?
[00:09:39 - 00:09:42] Chantal Dumas
Alors, c'est peut-être toi qui pourrais mieux dire.
[00:09:42 - 00:10:08] Claude Schryer
Moi, ça m'a beaucoup ému, puis ça m'a mis dans un espace-temps alternatif, ou peut-être plus réel, plus concret, parce qu'on ne sent pas toutes ces... Oscillations. Oscillations. C'est-à-dire qu'on est moins conscient. Mais quand on ralentit ou qu'on écoute vraiment avec une écoute large, on peut les sentir. Donc je pense que c'est un peu ça que moi j'ai ressenti.
[00:10:08 - 00:13:44] Chantal Dumas
Oui. Mais tu parles de ça, puis l'élément du temps pour moi était très intéressant dans ce travail-là. Bien sûr, ça demeure une durée de 50 minutes, puis il y a une temporalité de chacune des pièces. Mais ce à quoi ça se réfère, c'était autant si on parle de la naissance des montagnes, par exemple. Ça se fait sur des millions d'années avant d'arriver à une montagne qui fait 7 kilomètres de haut, enfin des montagnes les plus hautes. Et puis si on parle des marées, alors c'est une chose dont on est témoin, donc qui est à l'échelle humaine en fait. Donc il y a cette chose-là qui m'intéressait, qui était ces mouvements qu'on ne sent pas, parce que ça se passe à des échelles différentes, donc l'échelle humaine nous permet de voir les marées, puis de voir des petites choses. Mais on ne pourra jamais ressentir ce que c'est. Le changement magnétique, par exemple, on ne pourra pas le vivre parce que ça va se faire d'une façon très, très lente qui n'est pas à l'échelle humaine. Et quand le mouvement sera complètement inversé, on a encore une chance de ne pas être là. Donc, c'est cet aspect-là, temporel, qui m'intéresse beaucoup. Puis il y a aussi, après, comme j'ai un petit peu dit précédemment, que je m'intéressais aux paysages sonores, puis j'ai beaucoup travaillé avec ça. J'avais envie de ne plus être à la surface ou dans ce qui est donné, mais aller vers quelque chose qui était vraiment à la matière, puis qui est cette terre sur laquelle on vit, de quoi c'est fait, et puis des mouvements qui sont intérieurs à cette terre. Donc, j'ai beaucoup lu parce que je ne connais rien, en fait. Donc, j'ai quand même rencontré une scientifique avec qui j'ai un peu dialogué. J'ai beaucoup lu sur différents phénomènes, puis à partir de ça, ça m'a donné des idées pour développer une composition.
[00:12:30 - 00:13:52] Chantal Dumas
Et puis qu'est-ce que je pense ? Est-ce que l'art est une chose importante ? Je pense que c'est au sein de la vie. Je pense qu'on ne peut pas ne pas être sollicité, c'est peut-être même le mot, par l'art, sous toutes ses formes, que ce soit au niveau de la littérature, des arts visuels, au niveau de la musique. Au niveau du design, il y a toujours quelque chose dans la vie qui nous ramène à quelqu'un qui a réfléchi, qui a conçu et qui a exprimé sous forme de sensibilité ou autre. Appelons ça un objet, peu importe la forme qu'il a pris. Donc dans une période aussi compliquée que la nôtre actuellement, à quoi ça peut servir ? Je pense qu'on a besoin de douceur un peu. Je trouve que la situation mondiale est d'une telle violence en ce moment. Si on ne fait que... parce qu'on peut être absorbé par justement ce qui se passe, on a envie d'être informé, puis on est très sollicité par les médias aussi, donc à partir du moment si on écoute encore la radio, on en parle régulièrement, si on écoute les médias, les journaux, tout ça, l'actualité en tout cas internationale est en avant-plan partout, c'est d'une extrême violence.
[00:13:53 - 00:13:58] Claude Schryer
Est-ce qu'il y a d'autres choses que tu aimerais me dire avant que je ferme le micro?
[00:13:58 - 00:16:17] Chantal Dumas
Je pense que tu viens de le dire, j'ai une écoute qui est là depuis toujours, enfin. C'est pour les gens qui vivent à Montréal ou qui sont de passage à Montréal. Il y a un projet dans le quartier qui s'appelle Villeray, qui est même un arrondissement, qui s'appelle Villeray Acoustique, et vous cherchez sur Internet, et vous allez trouver le projet Villeray Acoustique avec des points qui sont des points d'écoute. Et ces points d'écoute nous amènent à écouter peut-être l'activité du quartier, mais qui font aussi référence à la mémoire, par exemple. Il y en a un qui peut, pour ceux qui l'ont connu, on se pointe dans une ruelle et qu'est-ce qu'on fait dans la ruelle? Bon, jouer au hockey quand on est enfant, il y a une certaine activité comme ça communautaire. Puis aussi, on peut être témoin de la vie domestique parce que l'été, on ouvre les portes et les fenêtres, donc on entend l'intérieur tout à coup vers l'extérieur. Donc, il peut y avoir des choses comme celles-là, comme il peut y avoir des informations plus d'un niveau de vivre ensemble ou, par exemple, qui est plus écologique, qui est la présence des avions en Montréal. Donc, il y a un aéroport qui est à Dorval. Et donc, il y a plusieurs quartiers, arrondissements dont l'activité des avions vient de troubler vraiment la vie des gens parce que les avions passent très bas, c'est très bruyant tout ça. Dans ce parcours, il y a aussi beaucoup de références qui nous renvoient à des groupes de résistance, par exemple, qui veulent modifier le trajet, entre autres des avions, mais aussi un autre site qui nous renvoie à des Il y a un petit peu partout dans la ville et aussi dans d'autres villes, des micros qui sont placés qui mesurent le niveau de l'intensité sonore, du bruit par exemple. Et c'est mesuré et on peut y avoir accès en vide. On peut y avoir accès sur l'ordinateur. Donc, il y a physiquement des points d'écoute qui nous appellent à toutes sortes de choses. Il y a aussi beaucoup d'informations qui viennent compléter à différents niveaux, des fois plus scientifiques, d'autres fois plutôt citoyenne. Donc, je pense que ce qui est important dans tout ça, c'est de considérer qu'on n'est pas seul sur la planète, qu'on n'est pas seul dans la vie, qu'on est aussi producteur de son et de bruit. Donc, d'être en relation avec l'autre, mais d'une façon sensible à toutes sortes de niveaux.
[00:16:23 - 00:16:25] Claude Schryer
Merci beaucoup, Chantal Dumas.
[00:16:25 - 00:16:28] Chantal Dumas
Merci beaucoup, Claude Schryer.