Ma conversation avec l’auteur et artiste pluridisciplinaire Daniel Danis sur l'art durable, conscience, rêve, conte, territoire, nature, désastre et le rôle de l’art dans la transition écologique
- C'est comme dire qu'on fait de l'art, mais c'est un art qui, tout d'un coup, juste comme ça, est déposé. On n’essaie pas de le montrer, mais plutôt, on essaie de vivre quelque chose et de faire vivre des choses avec les gens et donc, sans être dans la zone de médiation culturelle, mais d'être dans une zone d'expériences, d'échanges et donc que je ne contrôle pas, comme, par exemple, au théâtre, une bulle dans lequel je contrains le spectateur à regarder et à focaliser uniquement sur ce que je suis en train de lui raconter. Comment on peut se raconter la planète, comment on peut se raconter l'expérience terrestre quand on partage un lieu entre branches, glaise, pansement de réparation, des traces de la terre sur une toile ou soi-même couchée sur la terre? Peu importe, tous les éléments que l'on pourrait apporter comme traces possibles d'une expérience partageable et de là, tout d'un coup, naît des images de notre partage de l'écologie.
daniel danis, balado conscient, 4 juin 2021, Québec
Daniel Danis est l’auteur d’une vingtaine de pièces de théâtre, dont sept pour le jeune public. Ses pièces de théâtre sont traduites en plusieurs langues et présentées dans le monde. Les textes Cendres de Cailloux, Le chant du Dire-Dire, Kiwi, Le langue-à-langue des chiens de roches, le roman-dit, Terre Océane, se méritent de nombreux prix au Québec, au Canada, en France et en Allemagne. Parallèlement à l’écriture, Danis a entamé des explorations en art multidisciplinaire et en art durable.
Un jour en 2019 Daniel me téléphone au Conseil des arts du Canada et me dit ‘il faut faire quelque chose, maintenant!’. Il me parle des problématiques tel les conflits entre les peuples et les désastres terrestres qui obligent les humains à repenser leur lien social entre eux et le partage du territoire redessiné par la nature, etc.
Daniel m’invite à un panel sur l’art durable dans le cadre du festival Mois multi à Québec le 9 février 2020, avec, entre autres Loïc Fel et Benedicte Ramade. Je reconnais en Daniel un chef de fil en matière d’art et d’environnement au Québec.
J’ai beaucoup apprécié notre échange, dont cet extrait sur les ondes (le son) :
- Pour moi, une manifestation de l'art doit émettre des ondes et ça ne se voit pas, ça se ressent et donc ça demande à l'être - ceux qui participent avec moi dans mes projets ou moi-même sur l'espace que je vais manifester ces objets là - d'être dans une porosité de mon corps qui permet qu'il y ait des ondes qui se produisent et forcément, ces ondes-là, mélangé à la terre et que tout un ensemble, on est en coopération. C'est sûr que ça a un effet invisible qui est l'onde et qui est l'onde du partage, du partage, même pas du savoir, c'est juste le partage de notre existence sur terre et comment être des coopérants?
Je remercie Daniel d’avoir pris le temps d’échanger avec moi et de partager sa passion pour le théâtre, de l’art qui dure et le rôle grandissant de l’artiste dans la crise écologique.
Vous trouverez de plus amples informations sur Daniel https://fr.wikipedia.org/wiki/Daniel_Danis