balado conscient
é62 compilation saison 2
Episode Summary
Une compilation bilingue d'extraits d'une minute de mes 41 conversations tirées de la saison 2 du balado conscient. 31 sont en anglais et 10 sont en français. Vous trouverez une traduction écrite pour chaque extrait en anglais ci-dessous.
Episode Notes
Transcription
e21 dufresne : capitalism is over, ma conversation avec le philosophe Dr. Todd Dufresne sur la réalité, le deuil, l’art et la crise climatique.
Le capitalisme est terminé
- Je pense que le capitalisme est terminé, mais le problème est que nous n'avons rien pour le remplacer. C'est là que nous avons besoin des artistes, et d'autres personnes, pour nous dire quelle vision ils ont d'un avenir différent de celui-là : un avenir fait de jeux et de travail utile serait un avenir qui, à mon avis, n'est pas seulement utopique, mais très possible. Il y a donc un avenir possible qui pourrait être bien meilleur que ce qu'il est aujourd'hui, mais nous n'y parviendrons pas sans une démocratie de la souffrance telle que nous la vivons actuellement et le fera au moins pendant les 20, 30, 40 prochaines années, jusqu'à ce que nous trouvions une solution, et nous devons la trouver rapidement.
e22 westerkamp : slowing down through listening,ma conversation avec la compositrice et auditrice Hildegard Westerkamp sur les liens entre l’écologie sonore et la crise climatique.
Un peu d'espoir
- Nous devons permettre au temps de s'écouler sans action, sans solution et le vivre simplement. Je pense que le ralentissement est une nécessité absolue - s'il nous avons une chance de survivre - cette sorte de ralentissement par l'écoute et la méditation et par le fait de ne pas en faire autant. Je pense qu'il y a un peu d'espoir là-dedans.
e23 appadurai: what does a just transition look like?, ma conversation « promenade sonore » avec l’activiste climatique Anjali Appadurai sur la transition juste et le rôle des arts dans l’urgence climatique.
Les symptômes d'une maladie plus profonde
- La crise climatique et la crise écologique au sens large sont les symptômes d'une maladie plus profonde, à savoir cette rupture avec la nature, cette graine de la domination, de l'accumulation, de la cupidité et de l'envie de dominer les autres par le biais du colonialisme, de l'esclavage, de l'altérité - la racine est en fait l'altérité - et c'est quelque chose que les artistes peuvent toucher. C'est cela qu'il faut guérir, et lorsque nous aurons guéri cela, à quoi ressemblera le monde de l'autre côté d'une transition juste ? Je ne veux vraiment pas croire que cela ressemble exactement à cela, mais avec du solaire. La première langue que la colonisation a cherché à supprimer était celle des peuples autochtones, et c'est là que se trouvent beaucoup de réponses.
e24 weaving : the good, possible and beautiful, ma conversation avec l’artiste jil p. weaving sur les arts engagés dans la communauté, l’art public, l’importance du local, etc.
Rôles que les artistes peuvent jouer
- Reconnaître, et trouver des moyens d'aider les gens, à prendre conscience de tout ce qui est bon, possible et beau, et où cela peut mener, est l'un des rôles que les artistes peuvent spécifiquement jouer.
e25 shaw : a sense of purpose, ma conversation avec l’activiste climatique australien Michael Shaw sur les structures de soutien pour le deuil écologique et le rôle de l’art.
L'appel qui est en eux
- C'est une vraie bénédiction de ressentir un sens du but en ces temps. C'est une vraie bénédiction d'être capable de prendre les sentiments de peur et de chagrin et de les canaliser quelque part dans la gestion d'un groupe ou dans la réalisation d'un film ou de podcasts. Je pense qu'il est important que les gens se branchent pour découvrir ce qu'il leur est donné de faire en ce moment, qu'ils écoutent vraiment l'appel qui est en eux et qu'ils le suivent. Je pense qu'il y a quelque chose de très générateur et de très positif dans le fait de ressentir un but dans une période d'effondrement.
e26 klein : rallying through art, ma conversation avec le militant de l’urgence climatique Seth Klein à propos de son livre A Good War : Mobilizing Canada for the Climate Emergency, de la structure nouvellement crée Climate Emergency Unit et du défi qu’il lance aux artistes pour nous rallier à cette cause.
Le défi que je lance aux artistes
- Voici le défi que je lance aux artistes aujourd'hui. Nous commençons à voir des artistes dans de nombreux domaines artistiques produire de l'art sur le climat et l'urgence climatique, ce qui est important et bon à voir. Par contre, ce qui me capté mon attention, c'est que la plupart de ces œuvres sont dystopiques, elles évoquent l'horreur du monde si nous ne parvenons pas à nous relever. Dans une certaine mesure, cela a du sens car cela est effectivement effrayant et horrible, mais ce qui m'a intrigué dans ce que les artistes produisaient pendant la guerre, c'est que dans l'ensemble, ce n'était pas dystopique, même si la guerre était horrible. Leurs efforts nous ralliaient : le ton nous ralliait. En faisant mes recherches, je me suis surpris à écouter ces musiques et à penser que la Seconde Guerre mondiale avait une bande-son populaire, que la guerre contre le Viêt Nam avait une bande-son populaire. Quand j'étais enfant, dans le mouvement pour la paix et le désarmement, il y avait une bande-son populaire. Ceci n'a pas encore de bande son populaire.
é27 prévost : l’énergie créatrice consciente,ma conversation avec l’artiste sonore, musicienne et réalisatrice radio Hélène Prévost sur l’état du monde et le rôle des artistes face à la crise écologique.
Moins l'art est libre, moins il dérange
- C'est dans les temps de crise que les solutions émergent et ça serait mon argument. C'est dans cette solution de crises que oui, il y a un discours qui va émerger et des actions qui vont émerger, mais on ne peut pas les entrevoir. Peut-être qu'on peut les commander, comme tu dis : Peux-tu me faire un documentaire là-dessus ou Peux-tu me faire une performance qui va illustrer tel aspect? Mais le reste, je pense qu'il faut laisser l'énergie créatrice libre mais pas inconsciente et c'est là où l'éducation, les mouvements sociaux et l'éducation… l'éducation oui, peut-être par l'action, tu vois je vais me contredire, et par l'art, mais pas l'art qui est servile, mais un art qui est libre. J'ai envie de citer Josée Blanchette dans Le Devoir qui, il une semaine, disait 'moins l'art est libre, moins il dérange.
é28 ung : résilience et vulnérabilité, ma conversation avec le pedagogue et philosophe Jimmy Ung sur la notion du privilège, la résilience, le rôle des arts dans la facilitation du dialogue et de l’apprentissage interculturels, l’éducation, la justice sociale, etc.
Pratiquer la résilience
- La résilience, au fond, c'est d'avoir la capacité à être vulnérable et je crois que souvent, la résilience est vue comme la capacité de ne pas être vulnérable, et pour moi, le contraire, c'est plutôt que la résilience est la capacité d'être vulnérable et de croire avec espoir. Peut-être qu'on a la capacité de rebondir, de revenir, de remonter, de renaître. Je crois que c'est une manière de pratiquer la résilience, qui est de plus en plus nécessaire. Parce que si on veut avancer, si on veut apprendre et apprendre à désapprendre et il va falloir être vulnérable et donc de voir la résilience comme étant la capacité d'être vulnérable.
e29 loy, : the bodhisattva path, ma conversation avec le professeur, écrivain et enseignant de zen David Loy sur la voie du bodhisattva, le rôle du conte, la non-dualité, l’interdépendance et la notion d' »espoir » dans un cadre bouddhiste.
La crise écologique comme une sorte de karma
- Certains diront que nous sommes confrontés à une crise climatique et que nous devons passer le plus rapidement possible des combustibles fossiles aux sources d'énergie renouvelables, ce qui est juste. Mais l'idée qu'en faisant cela, nous pouvons simplement continuer comme nous l'avons fait jusqu'à présent est un malentendu. Nous sommes confrontés à une crise bien plus grave, et ce qui en ressort fondamentalement, c'est ce sentiment de séparation d'avec la terre, le sentiment que notre bien-être est séparé du bien-être de la terre et que nous pouvons donc l'exploiter et l'utiliser comme bon nous semble. Je pense que nous pouvons comprendre la crise écologique comme une sorte de karma construit dans cette façon de se rapporter à la terre et de l'exploiter. L'autre chose vraiment importante, dont je finis par parler plus souvent, c'est que je pense que le bouddhisme a cette idée de la voie du bodhisattva, l'idée que nous ne voulons pas simplement nous éveiller pour notre propre bénéfice, mais bien plus que nous voulons nous éveiller afin de rendre service à tout le monde.
e30 maggs : art and the world after this, ma conversation avec le théoricien culturel David Maggs sur les liens entre la capacité artistique et les questions de durabilité, la « réalité », la façon dont le secteur artistique peut repenser sa proposition de valeur unique, la perturbation, le savoir autochtone, le redressement du secteur artistique après la crise COVID, etc.
Enchevêtrements de relations
- La complexité est le monde construit de relations et c'est une chose très différente de s'engager dans ce qui est vrai ou réel dans un cadre de complexité que de s'y engager, dans ce qui est une ambition occidentale moderniste, de l’époque des Lumières (enlightenment), d'identifier les propriétés objectives absolues qui sont intrinsèques à toute chose donnée. Tout le monde est aux prises avec le fait que le monde s'expose tellement dans ces enchevêtrements de relations. Les arts sont complètement à l'aise dans ce monde. Et donc, nous avons été en quelque sorte sous la coupe de l'ancien monde. Nous avons toujours été une sorte de citoyen de seconde classe dans une société rationaliste de l’époque des Lumières. Mais une fois que nous sortons de ce monde et que nous entrons dans un cadre de complexité, les arts sont tout à fait à leur place et nous avons une capacité dans ce monde que beaucoup d'autres secteurs n'ont pas. Ce que j'ai essayé de faire avec ce rapport (Art and the World After This), c'est d'articuler la manière dont ces différentes perturbations nous placent dans une réalité très différente, une réalité dans laquelle nous passons d'une sorte de classe secondaire de divertissement à, peut-être, une capacité à prendre notre place au cœur de la résolution d’un grand nombre de problèmes vraiment critiques.
e31 morrow : artists as reporters, ma conversation avec le musicien Charlie Morrow sur les origines du balado conscient, la musique, l’écologie sonore, l’art et le climat, la santé, l’espoir, les artistes en tant que journalistes, etc.
En lien avec ce qui se passe
- Je pense que les artistes sont pour la plupart en lien avec ce qui se passe dans le monde. Nous sommes tous des reporters, des journalistes en quelque sorte, qui traduisent notre message dans notre art, car l'art est, selon moi, une lecture, une lecture digérée ou brute de ce que nous vivons. Notre souhait d'être un artiste est en fait de pouvoir passer notre vie à faire ce processus.
é32 tsou : changer notre culture, ma conversation avec la musicienne et conseillère en diplomatie culturelle Shuni Tsou sur l’engagement des citoyens, l’action culturelle, la crise écologique, l’éducation artistique, la justice sociale, les changements systémiques, l’équité, etc.
L'engagement des citoyens
- L'engagement des citoyens est ce qui est nécessaire pour le changement culturel autour des actions climatiques. C'est vraiment un changement culturel dans n'importe quel milieu. Quand on veut faire des grands changements systémiques, il faut changer la culture et les arts et la culture sont des bons outils pour changer la culture.
e33 toscano : what we’re fighting for, ma conversation avec le producteur de balado et artiste Peterson Toscano sur le rôle des arts dans la crise climatique, des questions LGBTQ+, de la religion, des merveilles du podcasting, des impacts, de la narration, de la performance, etc.
L'énergie dans une histoire
- Ce sont les artistes qui peuvent non seulement élaborer une bonne histoire, mais aussi raconter l'histoire la plus difficile à raconter, à savoir l'histoire des impacts des solutions climatiques. Il n'est donc pas très difficile de parler des impacts du changement climatique, et je vois des gens qui, lorsqu'ils prennent la parole, dressent la liste de toutes les horreurs qui nous attendent, sans s'en rendre compte, mais ils ferment en fait l'esprit des gens, ils les rejettent parce qu'ils sont dépassés. Et ce n'est pas que nous ne devrions pas parler des impacts, mais il est tellement utile de parler d'un seul impact, peut-être de la façon dont il affecte les gens localement, mais ensuite de parler de la façon dont le monde sera différent lorsque nous mettrons en œuvre ces changements. Et comment raconter une histoire qui va dans ce sens ? Parce que cela suscite l'engagement et l'enthousiasme des gens, car vous racontez alors cette histoire sur ce pour quoi nous nous battons, et non sur ce contre quoi nous nous battons. Et c'est là que se trouve l'énergie dans une histoire.
é34 ramade : l’art qui nous emmène ailleurs, ma conversation avec l’historienne de l’art, critique, commissaire et experte en art et environnement Bénédicte Ramade sur l’urgence climatique, la nature, la musique, les arts visuels, l’art écologique, etc.
On peut faire passer tellement de choses
- Je pense à desartistes-compositeurs qui écrivent des pièces à partir de relevés de températures qui sont convertis en notes de musique.C’est comme ça aussiquepeutsetransmettre la question du réchauffement climatique,àpartir d’une pièce jouéetraduisantmusicalement un climat stablequi se transforme etvient incarner en musique un dérèglement climatique. C’est extraordinaire.Se ressentpar la musique, un fait de composition, quelque chose très abstrait, avec beaucoup de chiffres, des courbes statistiques. On estquotidiennementabreuvé de chiffres et de courbes statistiquesà propos du climat.« Elles ne nous font plus rien, littéralement ». Mais sur le plan sensible,avec la transposition enmusique, si c’est joué, si c’est interprété ah tout d’un coup, ça nous emmène ailleurs. Et quand je parle de ces travaux-là, parfois des gens plus scientifiques ou desdirecteurs de musée accrochent tout de suite, en disant« c’est extraordinaire avecla musique, onpeut faire passer tellement de choses ».
e35 salas : adapting to reality, ma conversation avec la conservatrice et productrice espagnole Carmen Salas sur la réalité, l’ecogrief, les artistes et la crise climatique, les stratégies artistiques, la conservation et son article Shifting Paradigms.
Les artistes ont besoin d'aide dans ce processus
- Je constate que de plus en plus d'artistes cherchent à comprendre comment changer leur pratique et à mieux l'adapter aux circonstances actuelles. Je crois vraiment que les artistes ont besoin d'aide dans ce processus. Comme nous en avons tous besoin. Je ne suis pas un expert en environnement, ni un expert en climat. Je suis juste un être humain très sensible qui s'inquiète de ce que nous laissons aux générations futures. Je fais donc ce que je peux pour être plus éthique dans mon travail et je trouve de plus en plus d'artistes qui luttent également pour comprendre ce qu'ils peuvent faire. Je pense que lorsqu'il y a des conversations entre des commissaires ou producteurs comme moi et des gens comme vous, - penseurs et des bailleurs de fonds - pour se réunir et comprendre la situation actuelle, accepter la réalité, alors nous élaborons une stratégie sur la façon dont nous pouvons mettre les choses en place et comment nous pouvons fournir plus de financement pour différents types de projets.
e36 fanconi : towards carbon positive work,ma conversation avec l’artiste de théâtre et activiste art-climat Kendra Fanconi, directrice artistique de The Only Animal sur le rôle des arts dans l’urgence climatique, le travail positif sur le carbone, la collaboration et la mobilisation des artistes.
Restauration écologique
- Ben Twist, de Creative Carbon Scotland, parle de la transformation d'une culture de consommation en une culture d'intendance. Nous sommes les créateurs de la culture, alors n'est-ce pas notre travail de créer une nouvelle culture, et il nous faudra tous, en tant qu'artistes, pour y parvenir ? ... Il ne suffit pas de faire un travail neutre en carbone. Nous voulons faire un travail positif en termes de carbone. Nous voulons que nos œuvres d'art participent à la restauration écologique. Qu'est-ce que cela signifie ? J'ai beaucoup réfléchi à cette question. Quelle est la pratique théâtrale qui redonne réellement, qui rend quelque chose plus durable ? Qui soit positive en termes de carbone. Je suppose que c'est une conversation que j'espère avoir à l'avenir avec d'autres créateurs de théâtre qui ont cette vision.
é37 lebeau : l’art régénératif, ma conversation avec la cofondatrice et directrice exécutive de Écoscéno Anne-Catherine Lebeau sur la collaboration, l’économie circulaire, le rôle des arts dans la crise climatique, comment passer de ‘Take Make Waste’ à ‘Care Dare Share’ et créer de l’art régénératif.
Plus de collaboration
- Pour moi, c'est sûr que ça passe par plus de collaboration. C'est ça qui est intéressant aussi. Vraiment passer du modèle ‘Take Make Waste’ à ‘Care Dare Share’. Pour moi, ça dit tellement de choses. Je pense qu'on doit considérer tout ce qu'on a dans le domaine artistique comme un bien commun dont on doit collectivement prendre soin. Souvent, au début, on parlait en termes de faire le moins de tort possible à l'environnement, ne pas nuire, c'est souvent comme ça que l'on présente le développement durable, puis en faisant des recherches, et en m'inspirant, entre autres, de ce qui se fait à la Fondation Ellen MacArthur en Angleterre, en économie circulaire, je me suis rendu compte qu’eux demandent comment faire en sorte de nourrir une nouvelle réalité. Comment créer de l'art qui soit régénératif? Qui nourrisse quelque chose.
e38 zenith : arts as medicine to metabolize charge, ma conversation avec la praticienne somatique animiste, poète, philosophe, écologiste et clown Shante’ Sojourn Zenith sur la réalité, la somatique, le deuil écologique, les rituels, la nature, la performance et les imaginations écologiques.
Métaboliser les traumatismes
- L'art est le médicament qui nous permet de métaboliser la charge. Il nous permet de métaboliser les traumatismes. Il prend l'intensité qui reste dans le système, et cela remonte jusqu'au rituel. L'art, pour moi, est une sorte d'affluent provenant du rituel qui est encore autorisé de manière consensuelle dans cette réalité lorsque la communication directe avec la nature par le biais du rituel a été réduite au silence. Donc on en revient à cette rivière plus large...
e39 engle : the integral role of the arts in societal change, ma conversation avec l’urbaniste Dr. Jayne Engle sur la planification urbaine participative, le design, la crise écologique, le civisme sacré, les artistes et la culture dans le changement sociétal et civilisationnel.
Perspectives d'artistes
- Le rôle des artistes et de la culture est fondamental et tellement nécessaire, et nous en avons tellement besoin, et pas seulement en périphérie. Le rôle des arts et de la culture dans le changement sociétal et civilisationnel actuel doit être beaucoup plus intégré dans, oui, les œuvres d'art et l'imagination - nous aider à coproduire culturellement la façon dont nous vivrons et travaillerons ensemble dans le futur et cela signifie des œuvres d'art - mais aussi avec des perspectives d'artistes dans des institutions, des idées et des pensées beaucoup plus générales sur la façon dont le changement se produit.
e40 frasz : integrated awakeness in daily life, ma conversation avec Alexis Frasz, chercheur et penseur stratégique sur la crise écologique, l’action climatique créative, les arts communautaires, le #bouddhisme, le #leadership et les pratiques artistiques intersectorielles.
Un manque d'action
- Il y a beaucoup de sensibilisation et d'intérêt pour le changement et pourtant le changement ne se produit toujours pas vraiment, du moins pas au rythme ou à l'échelle dont nous avons besoin. J'ai de plus en plus l'impression qu'il ne s'agit pas d'un manque de sensibilisation, ni d'un manque d'intérêt, ni même d'un manque de volonté, mais plutôt d'un manque d'action. J'ai beaucoup réfléchi au rôle des arts, de la culture et des pratiques créatives pour aider les gens à ne non seulement se contenter de s'éveiller à la nécessité du changement, mais à subir tout le processus de transformation à partir de ce moment d'éveil (dont toi et moi partageons le langage autour de la pratique bouddhiste). Il y a cette idée que l'on peut se réveiller en un instant, mais de savoir comment intégrer cette prise de conscience dans nos vies quotidiennes est en fait un processus. C'est un processus continu.
e41 rae : a preparedness mindset, ma conversation avec l’artiste-chercheur, animateur et éducateur Jen Rae sur l’art et la préparation à l’urgence, les arts communautaires, la réalité, le deuil écologique, les arts et l’urgence climatique en Australie.
Comment les artistes s'engagent
- Ce qu'il y a de bien avec l'état d'esprit de préparation, c'est qu'on pense à l'avenir et que si l'un de ces scénarios se produit, on s'y est déjà préparé mentalement d'une certaine manière, ce qui fait qu'on n'a pas à subir le choc. En tant qu'artiste, je pense que c'est un endroit où il y a beaucoup de potentiel pour l'engagement, la communication et la participation du public. Quand on parle de réalités, accepter cette réalité peut nous pousser à faire d'autres choses. C'est formidable d'entendre que le Conseil des arts du Canada a changé sa façon d'aider les arts et de renforcer les capacités dans le domaine des arts dans le contexte de l'urgence climatique. Il sera intéressant de voir comment les artistes s'engagent.
e42 rosen : when he climate threat becomes real, ma conversation avec l’architecte Mark Rosen sur ce qui est suffisant, la construction écologique, comment changer l’industrie de la construction, les obstacles et les contraintes dans la recherche de solutions à la crise climatique et la dette écologique différée.
Capacité d'adaptation et de résilience
- L'idée d'en avoir assez est très intéressante pour moi. L'idée que la planète n'a pas assez pour nous sur notre trajectoire actuelle est au cœur de cette question. La question de savoir si la planète en a assez pour tous ses habitants, si nous changeons notre façon de faire les choses, est intéressante. Pourrions-nous faire vivre sept, huit ou neuf milliards de personnes sur la planète si l'idée que chacun se fait de ce qui suffit était équilibrée par cette équation ? Je ne sais pas, mais je pense que c'est possible. Je pense que si nous n'avons rien montré d'autre en tant qu'espèce, en tant qu'humains, c'est notre capacité d'adaptation et de résilience et quand nous y sommes forcés, nous pouvons faire des choses et des changements étonnamment monumentaux quand la menace devient réelle pour nous.
Contraintes
- L'une des choses que je trouve très intéressantes dans mon processus de conception en tant qu'architecte est que si vous me montrez deux sites de construction possibles, l'un est un champ vert grand ouvert, sans rien qui influence vraiment le site plat, facile à construire, et puis vous me montrez un deuxième site qui est une paroi rocheuse abrupte avec une servitude que vous ne pouvez pas construire à travers. Inévitablement, il semble que le site présentant le plus de contraintes aboutisse à une solution plus intéressante et l'idée que les contraintes peuvent en fait être bénéfiques au processus créatif est une idée que je pense que vous pouvez appliquer à des choses qui, à première vue, semblent être des obstacles plutôt que des contraintes. Le capitalisme, sans doute, est l'un de ceux-là, si nous disons que nous ne pouvons pas le faire parce que ça coûte trop cher, nous le traitons comme une barrière, au lieu de dire que la solution doit être abordable, alors il devient une contrainte et nous pouvons pousser contre les contraintes et ce faisant, nous pouvons trouver des solutions créatives et ainsi de suite, une façon d'aller de l'avant, c'est d'essayer d'identifier ces choses qui, selon nous, nous empêchent de faire ce que nous savons que nous devons faire et de les intégrer dans notre processus comme des contraintes, qui influencent ce que nous faisons plutôt que de nous empêcher d'aller là où nous devons aller.
e43 haley: climate as a cultural issue, ma conversation avec l’éco-artiste britannique David Haley sur l’art écologique, le changement climatique en tant que question culturelle, dire la vérité au pouvoir, la démocratie, la régénération, la moralité, la création d’espaces et l’écoute.
Poser des questions profondes et écouter
- Le changement climatique est en fait une question culturelle, et non une question scientifique. La science a été extrêmement efficace pour identifier les symptômes et examiner la façon dont il se manifeste, mais elle n'a pas vraiment abordé les questions relatives aux causes. Elle a essayé d'utiliser ce que l'on pourrait appeler des approches ‘techno-solutions’, centrées sur les problèmes, plutôt que de poser des questions profondes et d'écouter.
S'attaquer réellement au pouvoir
- Pour revenir à la réalité, l'un des problèmes que nous n'abordons pas est que nous adoptons une vision dystopique des activités individuelles qui crée de la culpabilité, des syndromes et des névroses, ce qui signifie bien sûr que les systèmes de pouvoir fonctionnent et, pour ce qui est de s'attaquer réellement au pouvoir - de dire la vérité au pouvoir - nous devons nommer les noms, nous devons nommer la Standard Oil, IG Farben qui s'appelle maintenant ESSO, Chevron, Mobil, DuPont, BP, Bayer, Monsanto BASF, Pfizer, etc. Ce sont ces gens qui contrôlent les gouvernements pour lesquels nous pensons voter et le simulacre de démocratie qui les suit. Tant que ces organisations n'auront pas abandonné leur pouvoir au profit d'une manière régénératrice de faire et de penser, nous sommes fichus, pour dire les choses crûment.
Systèmes entiers
- Ce que j'ai appris à faire, et c'est ma pratique, c'est de me concentrer sur la création d'un espace. Cela m'est apparu clairement lorsque j'ai lu: Lila : An inquiry into moralsde Robert Pirsig. Vers la fin du livre, il suggère que l'acte le plus moral de tous est de créer l'espace nécessaire à la vie pour aller de l'avant. C'est l'une de ces phrases qui m'ont semblé vraies, et j'y ai adhéré depuis lors, en cherchant à créer de l'espace, et non à le remplir. Quand je dis que je travaille avec l'écologie, j'essaie de travailler avec des systèmes entiers, des écosystèmes. Les choses au sein d'un écosystème sont les éléments avec lesquels j'essaie de travailler. J'essaie de ne rien introduire d'autre que ce qui est déjà là. En d'autres termes, faire de l'espace un habitat pour de nouvelles façons de penser, un habitat pour que la biodiversité s'enrichisse, un habitat pour d'autres façons d'aborder les choses. Il y a un vieil adage scientifique qui dit que la nature a horreur du vide, et ce vide est l'espace tel que je le vois.
e44 bilodeau : the arts are good at changing culture, ma conversation avec la dramaturge et militante pour le climat Chantal Bilodeau sur le théâtre, l’action culturelle pour le climat, le rôle de l’art dans l’urgence climatique et comment construire des publics et des réseaux.
Les voies que nous pourrions emprunter
- Pour moi, les arts sont un moyen de semer une graine et le militantisme est le moyen le plus rapide d'aller de A à B. Le militantisme, c'est comme : voilà ce que nous allons faire. Nous devons le faire maintenant. C'est une solution, c'est ce à quoi nous travaillons et il y a toutes sortes de solutions différentes, mais il s'agit d'action. Les arts n'ont pas pour but de promouvoir une solution particulière ou de dire aux gens que c'est ce qu'ils doivent faire, mais de dire qu'il y a un problème. Réfléchissons-y ensemble. Explorons les voies que nous pourrions emprunter. Réfléchissons à ce que cela signifie et ce que cela veut dire, pas seulement, dois-je conduire une voiture ou non, mais ce que cela veut dire, comme dans, qui sommes-nous sur cette terre et quel est notre rôle. Comment nous situons-nous dans le grand écosystème de la planète entière ? Je pense que les arts sont un excellent moyen de le faire et qu'ils sont capables de changer une culture.
e45 abbott : a compassionate, just and sustainable world, ma conversation avec la cinéaste Jennifer Abbott à propos de son film The Magnitude of all Things, de la réalité, du zen, de la compassion, du deuil, de l’art et de la manière d’assurer un monde habitable plus compatissant, plus juste et plus durable.
Comprendre en quoi nous avons été trompés
- La notion de réalité et la façon dont nous appréhendons la réalité en tant qu'êtres humains sont profondément subjectives, mais aussi socialement construites, et donc, en tant que cinéaste - et c'est pertinent parce que je suis aussi un bouddhiste zen - j'essaie d'explorer ce que nous percevons comme la réalité pour démêler et comprendre en quoi nous avons été trompés? Et dans quelle mesure avons-nous une vision claire ? Et évidemment, plus nous avons une vision claire, meilleures sont les actions que nous entreprenons pour garantir un monde plus compatissant, plus juste et plus vivable. Je suis tout à fait d'accord pour démêler l'illusion tout en admettant de tout cœur qu'il est impossible de la démêler complètement.
Incapables d'accepter la réalité du changement climatique
- Si l'on veut savoir pourquoi les gens sont si souvent incapables d'accepter la réalité du changement climatique, je pense que c'est très compréhensible, car l'ampleur et la violence de ce phénomène sont si vastes qu'elles sont difficiles à comprendre. C'est également si déprimant et fâchant si l'on connaît les politiques qui se cachent derrière et qui sont écrasantes. Je ne pense pas qu'en tant qu'espèce, nous gérons très bien les choses qui ont ces qualités et nous avons tendance à détourner le regard. J'ai beaucoup de compassion, y compris pour moi-même, quant à la difficulté d'accepter la catastrophe climatique. C'est la fin du monde tel que nous le connaissons. Nous ne savons pas exactement à quoi ressemblera le nouveau monde, mais nous savons que nous nous dirigeons vers une certaine catastrophe.
e46 badham : creating artistic space to think, ma conversation avec le Dr Marnie Badham sur l’art et la pratique de la justice sociale en Australie et au Canada, la recherche sur les arts engagés dans la communauté, la mesure culturelle, l’éducation et la façon dont les arts créent un espace pour que les gens puissent réfléchir à des questions telles que l’urgence climatique.
Les arts peuvent faire beaucoup de choses
- Je pense qu'à l'avenir, les arts peuvent faire beaucoup de choses. D'un point de vue philosophique, l'art est l'un des seuls endroits où nous pouvons encore poser ces questions, élaborer des enjeux politiques et négocier des idées. De plus, l'art n'a pas pour but de communiquer une catastrophe climatique, l'art a pour but de créer un espace pour que les gens puissent réfléchir à certaines de ces questions.
e47 keeptwo : reconciliation to heal the earth, ma conversation avec l’écrivaine, rédactrice, enseignante et journaliste autochtone Suzanne Keeptwo sur les droits et la reconnaissance des terres Autochtones, l’éducation artistique, la sensibilisation culturelle et le rôle de l’art dans l’urgence climatique.
Accord Originel
- Dans le travail que je fais et dans le livre que je viens de publier, intitulé We All Go Back to the Land, il s'agit vraiment d'une exploration de cet Accord Originel et de ce qu'il signifie aujourd'hui. Je veux donc rappeler aux lecteurs Autochtones notre Accord Originel pour nourrir, protéger, honorer et respecter la Mère Terre et tous les dons qu'elle nous a faits, puis présenter cet Accord Originel aux Canadiens non autochtones ou à d'autres personnes dans le monde, afin que nous puissions ensemble, en tant qu'espèce humaine, travailler à ce que j'appelle l'acte ultime de réconciliation pour aider à guérir la terre.
é48 danis : l’art durable, ma conversation avec l'auteur et artiste multidisciplinaire Daniel Danis sur l'art durable, la conscience, les rêves, la narration, le territoire, la nature, les catastrophes et le rôle de l'art dans la transition écologique.
Des images de notre partage de l'écologie
- C'est comme dire qu'on fait de l'art, mais c'est un art qui, tout d'un coup, juste comme ça, est déposé. On n’essaie pas de le montrer, mais plutôt, on essaie de vivre quelque chose et de faire vivre des choses avec les gens et donc, sans être dans la zone de médiation culturelle, mais d'être dans une zone d'expériences, d'échanges et donc que je ne contrôle pas, comme, par exemple, au théâtre, une bulle dans lequel je contrains le spectateur à regarder et à focaliser uniquement sur ce que je suis en train de lui raconter. Comment on peut se raconter la planète, comment on peut se raconter l'expérience terrestre quand on partage un lieu entre branches, glaise, pansement de réparation, des traces de la terre sur une toile ou soi-même couchée sur la terre? Peu importe, tous les éléments que l'on pourrait apporter comme traces possibles d'une expérience partageable et de là, tout d'un coup, naît des images de notre partage de l'écologie.
Comment être des coopérants?
- Pour moi, une manifestation de l'art doit émettre des ondes et ça ne se voit pas, ça se ressent et donc ça demande à l'être - ceux qui participent avec moi dans mes projets ou moi-même sur l'espace que je vais manifester ces objets là - d'être dans une porosité de mon corps qui permet qu'il y ait des ondes qui se produisent et forcément, ces ondes-là, mélangé à la terre et que tout un ensemble, on est en coopération. C'est sûr que ça a un effet invisible qui est l'onde et qui est l'onde du partage, du partage, même pas du savoir, c'est juste le partage de notre existence sur terre et comment être des coopérants?
e49 windatt, ma conversation avec l’artiste autochtone Clayton Windatt sur les arts visuels, la souveraineté autochtone, la décolonisation, les arts et le changement social, les communications, les droits des artistes, l’urgence climatique et l’espoir.
Apporter un changement
- Imaginez, si vous chargiez le secteur artistique de faire passer des messages, non pas sur la crise, mais sur les changements de comportement qui sont nécessaires de manière plus significative. Lorsque la pandémie a commencé, certains produits n'étaient pas sur les étagères des épiceries, mais il y avait encore beaucoup de choses. Il y avait des pénuries, mais pas tant que ça. Dans quelle mesure ma vie changerait-elle vraiment si la moitié des produits du magasin n'étaient tout simplement pas là, et si la moitié d'entre eux ne provenaient pas du monde entier ? Par exemple, tout ce qui a un sens d’être disponible ici et avoir moins de choix. Ce ne serait pas terrible : pas du tout. Comment pouvons-nous changer les comportements à un niveau plus holistique, et faire en sorte que cela soit durable, parce que c'est ce que nous devons faire maintenant, et je pense que les arts sont un excellent véhicule pour voir ces messages toucher tout le monde et apporter un changement.
e50 newton : imagining the future we want, ma conversation avec l’activiste climatique Teika Newton sur la justice climatique, l’espoir, la science, la nature, la résilience, les inter-connexions et le rôle des arts dans l’urgence climatique.
Il n'y a pas de limites
- Il y a tant de personnes extraordinaires dans ce pays qui contribuent au changement et qui ont une vision si puissante de ce que l'avenir peut être. Nous sommes pris au piège en pensant à la limite du paradigme dans lequel nous vivons actuellement, nous mettons des limites à ce qui semble être la réalité et à ce qui semble possible. Il n'y a pas de limites, et les arts nous aident à repousser cet ensemble limité de croyances et nous aident à nous rappeler que la façon dont nous savons que les choses sont actuellement n'est pas fixe. Nous pouvons tout imaginer. Nous pouvons imaginer le futur que nous voulons.
Aimer les choses qui nous entourent
- Je vois qu'il y a beaucoup de façons dont les gens de ma communauté utilisent le paysage de manière irrespectueuse. Ils ne tiennent pas compte du fait que c'est la maison de quelqu'un et qu'un endroit sauvage n'est pas seulement un terrain de jeu pour les humains. Ce n'est pas nécessairement une source de création de richesse. Il s'agit en fait d'une entité vivante, qui respire, qui abrite d'autres choses et qui nous abrite aussi. Je trouve tout cela vraiment troublant, cette déconnexion, et cela me désespère parfois quant à la voie que nous suivons. Vous savez, si nous ne pouvons pas prendre soin de l'endroit qui nous nourrit, si nous ne pouvons pas vivre dans le respect non seulement de nos voisins humains, mais aussi de nos voisins sauvages, je ne sais pas comment nous allons nous en sortir à l'avenir. Nous devons aimer les choses qui nous entourent afin d'en prendre soin.
Connectés aux autres
- La capacité de se réunir en tant que communauté et de participer à l'acte collectif de création et d'expression par le biais de divers médias, que ce soit la chanson, l'écriture, la poésie, la peinture, la mosaïque ou la réalisation de fresques, autant de moyens d'expression différents, est, je pense, très précieuse pour que les gens restent ancrés dans la réalité, en bonne santé mentale et se sentent connectés aux autres. C'est l'interconnexion entre les gens qui nous aidera à survivre en temps de crise. Plus le réseau de connexions est profond et complexe, meilleures sont les chances de résilience.
e51 hiser : the emotional wheel of climate, ma conversation avec le Dr. Krista Hiser, éducatrice, sur la recherche en matière d’éducation climatique, la littérature post-apocalyptique et cli-fi, les hymnes musicaux, la non-notation, l’art comme espace ouvert et la roue émotionnelle de l’urgence climatique.
Aider à voir cette réalité
- Ce qui me motive, c'est de parler aux étudiants d'une manière telle qu'ils ne reviendront pas vers moi dans dix ans avec ce regard sur leur visage, vous savez, Dr Hiser, pourquoi ne m'avez-vous pas dit ça ? Pourquoi ne me l'avez-vous pas dit ? Je veux être sûre qu'ils quitteront l'interaction que nous aurons et qu'ils repartiront avec au moins l'idée que quelqu'un a essayé de les aider à voir cette réalité.
Le dernier espace ouvert
- L'espace d'art est peut-être le dernier espace ouvert où le caractère fermé et la rigidité ne sont pas aussi présents.
Réalités différentes
- Le changement réside dans le fait que les professeurs ne sont plus seulement des experts. Ils sont des courtiers ou des intermédiaires du savoir. Il y a tellement d'informations qui circulent. C'est tellement écrasant. Il y a tellement de réalités différentes que les professeurs doivent interagir avec cette information et créer des expériences qui traduisent l'information pour les étudiants afin que ceux-ci puissent gérer leur propre information.
Gamme d'émotions autour de l'urgence climatique
- Il y a toute une gamme d'émotions autour de l'urgence climatique et il ne faut pas s'enliser dans le chagrin. Ne pas s'enfermer dans la colère. Une grande partie de ce que nous voyons chez les jeunes activistes et dans l'activisme des jeunes, c'est qu'ils s'épuisent dans la colère et ce n'est pas une émotion durable. Mais aucune d'entre elles n'est une émotion dans laquelle vous voulez rester coincé. Lorsque vous êtes coincé dans le chagrin climatique, il est difficile de se décoincer, donc passer par toutes les différentes émotions - y compris la colère, l'espoir - et cette idée d'un hymne et de travailler ensemble, tout cela fait partie de la roue des émotions qui existe autour du changement climatique.
e52 mahtani : listening and connecting, ma conversation avec la compositrice Dr Annie Mahtani sur la musique, l’art sonore et l’urgence climatique, l’écoute, la nature, l’incertitude, les festivals, la parité des sexes et la Journée mondiale de l’écoute.
Encourager les gens à écouter
- Si nous pouvons trouver des moyens d'encourager les gens à écouter, cela peut les aider à établir un lien, même si c'est seulement avec une petite parcelle de terrain près de chez eux. En les aidant à avoir une nouvelle relation avec celle-ci, qui s'étendra ensuite et les aidera à savourer une relation plus profonde et plus significative avec notre monde naturel, et des petits pas comme ça, même si ce n'est que quelques personnes à la fois, cela pourrait se propager. Je pense que personne, pas une seule personne, ne sera capable de changer le monde, mais cela ne veut pas dire que nous devons abandonner.
Une réflexion sur le changement et sur notre avenir
- Pour le festival (BEAST), nous voulions examiner ce que le COVID a fait pour modifier et ajuster la pratique des gens, la façon dont les compositeurs et les praticiens ont répondu à la pandémie musicalement ou par l'écoute, et aussi aborder des questions plus larges : qu'est-ce que cela signifie pour l'avenir après cette année, l'année de l'incertitude, l'année de l'opportunité pour beaucoup ? Que signifie l'avenir de notre paysage sonore, de notre pratique environnementale et de notre écoute ? Nous avons présenté cet objectif sous forme de mots, comme une série de questions, sans attendre nécessairement de réponses, mais comme une façon de l'aborder et de l'explorer, et c'est ce que le week-end de concerts, de discussions et d'ateliers a permis de faire : une sorte d'exploration de nos paysages sonores, une réflexion sur le changement et sur notre avenir.
e53 kalmanovitch : nurturing imagination, ma conversation avec la musicienne Dr. Tanya Kalmanovitch sur la musique, l’ethnomusicologie, les sables bitumineux de l’Alberta, l’éducation artistique, l’urgence climatique, la politique artistique et la façon dont la pratique artistique peut nourrir l’imagination.
Négocier l'incertitude et la complexité
- L'une des plus grandes crises auxquelles nous sommes confrontés aujourd'hui est en fait une crise d'échec de l'imagination et l'une des plus grandes choses que nous pouvons faire dans la pratique artistique est de nourrir l'imagination. C'est ce que nous faisons. C'est notre travail. Nous savons comment le faire. Nous savons comment négocier l'incertitude et la complexité. Nous comprenons le contenu à l'intérieur d'un silence, il s'agit de débloquer et de parler à des façons de connaître et d'être et de faire que lorsque vous commencez à essayer d'en parler avec des mots, c'est vraiment un défi parce que cela finit par ressembler à des autocollants pour pare-chocs, comme "La musique construit des ponts". J'ai un gros problème avec les discours universalisant dans les arts, qui cachent des structures d'impérialisme et de colonialisme.
Sur le deuil
- La vie normale en Amérique du Nord ne nous laisse pas de place pour le deuil. Nous ne savons pas comment gérer le deuil. Nous ne savons pas quoi en faire. Nous le repoussons. Nous le canalisons, nous le contenons, nous le compartimentons. Nous l'ignorons. Nous croyons que c'est quelque chose qui a une fin, que c'est linéaire ou qu'il y a des étapes. Nous croyons que c'est quelque chose que nous pouvons traverser. Alors que j'ai beaucoup réfléchi à l'idée de vivre avec la perte, de vivre avec l'indétermination, de vivre avec l'incertitude, comme un moyen de s'éveiller à une sorte de soin et d'amour radical pour nous-mêmes, pour nos compagnons les créatures vivantes, pour la vie sur la planète. Je réfléchis à la manière de transformer une salle de spectacle, une salle de classe ou tout autre environnement en une communauté de soins. Comment puis-je créer les conditions permettant aux gens de supporter d'être présents à ce qu'ils ont perdu, de nommer et de connaître ce que nous avons perdu et, à partir de là, de faire le deuil, de guérir et d'agir dans la pleine conscience de la perte ? Voir l'amour et la perte comme étant intimement liés.
À propos de la narration
- Mon idée est qu'il y a un spectacle, qui est en quelque sorte mon offre, mais qu'il y a aussi une série d'ateliers participatifs où les membres de la communauté peuvent raconter leurs propres histoires sur nos origines, la façon dont ils vivent aujourd'hui et le futur dans lequel ils souhaitent vivre, quels sont leurs besoins, quels sont leurs deuils. Donc, ici, je pense à l'utilisation de l'histoire orale et de la narration comme une pratique qui promeut des façons de savoir, de faire et de guérir ... avec la narration comme une sorte de mécanisme participatif et circulatoire qui favorise la guérison. J'ai tant à apprendre des pratiques indigènes de narration.
La nature comme musique
- Nous sommes tous, chacun d'entre nous, des musiciens. Lorsque vous choisissez la chanson sur laquelle vous vous réveillez avec votre alarme ou que vous utilisez la musique pour créer une ambiance. Vous vous chantez une phrase accrocheuse ou vous chantez à un enfant qui s'endort : vous faites des actes musicaux. Si l'on va un peu au-delà de cette optique anthropocentrique et que l'on entend un oiseau comme un musicien, un ruisseau comme un musicien, on retrouve cette relation intime avec l'environnement.
Sur l'Alberta
- Je suppose que c'est un plaidoyer pour que les gens ne pensent pas aux sables bitumineux comme étant des problèmes de l'Alberta, mais comme étant des problèmes de tout le monde, partout, et pas seulement à cause des conséquences écologiques et éthiques de la contamination de l'aquifère, de ce qui pourrait arriver si 1,4 trillion de litres d'eau de traitement toxique, si le bassin qui les retient se rompt, ce qui pourrait arriver ensuite... Mais l'histoire sera toujours là, la terre et les gens, les animaux et les plantes, toutes ces relations seront toujours en danger, n'est-ce pas ? Il faut donc se rappeler, tout d'abord, que ce n'est pas seulement une affaire albertaine et que l'histoire ne se termine pas simplement parce que Teck a retiré sa proposition d'exploitation minière (Frontier mine) en février 2020. L'histoire continue toujours. Je veux honorer le caractère particulier et le pouvoir d'un lieu et, en même temps, je veux renforcer l'idée que nous appartenons tous à ce lieu.
e54 garrett : empowering artists, ma conversation avec l’artiste de théâtre Ian Garrett sur l’éthique, le théâtre, l’éducation, le rôle de l’art dans l’urgence climatique, la durabilité dans la transformation numérique et l’empreinte carbone du secteur du patrimoine culturel.
Civilisation écologiquement non viable
- Je ne veux pas confondre la fin d'un mode de civilisation écologiquement non viable, intenable, fonctionnant en ce moment, avec une garantie totale d'extinction. Il y a un avenir. Il peut sembler très différent et parfois je pense que l'incapacité à voir exactement ce qu'est ce futur - et notre plan pour cela - peut être confondue avec le fait qu'il n'y en a pas. Je suis plutôt d'accord avec cette incertitude et, en attendant, tout ce que l'on peut faire, c'est de travailler pour essayer de faire en sorte que l'avenir, quel qu'il soit, soit plus positif. Il y a un sentiment de biophilie.
Un tas de pneus en feu
- L'expérience de pensée extrême que j'aime utiliser dans le contexte d'une performance est la suivante : si vous avez une pièce de théâtre dans laquelle le public part en ayant changé d'avis sur toutes ses activités, vous pouvez dire que c'est positif. Mais si le décor sur lequel elle se déroule est un tas de pneus en feu - ce qui est objectivement une mauvaise chose pour l'environnement - il y a une conversation en l'encadrant comme une pratique artistique pour savoir s'il y a une valeur à avoir cet impact, à cause de l'impact plus grand. Et ces complexités ont en quelque sorte défini la fusion et les différentes approches à adopter ; il ne s'agit pas seulement de mesures.
Valeurs individuelles en matière de durabilité
- L'objectif [des outils verts créatifs de la bicyclette de Julie] n'est pas d'obtenir la certification LEED parce que vous avez établi une empreinte carbone précise. Il s'agit essentiellement d'un outil d'aide à la décision dans un contexte artistique. En effet, si vous connaissez ces informations, vous serez mieux à même d'examiner d'un œil critique la manière dont vous créez, ce que vous faites et comment vous représentez vos valeurs et ces aspects, qu'ils fassent ou non explicitement partie de votre travail. Il existe donc un grand nombre d'outils avec lesquels j'ai eu l'occasion d'établir une relation et qui visent à donner aux artistes, aux créateurs d'art et aux collectifs artistiques les moyens de prendre ces décisions afin que leurs valeurs individuelles en matière de durabilité - indépendamment de ce qu'ils font réellement - puissent également être représentées et qu'ils puissent faire les choix qui les représentent le mieux, qu'ils créent explicitement ou non quelque chose pour la "Journée de la Terre".
La séparation de l'artiste de la personne et l'articulation en tant que profession
- La séparation de l'artiste de la personne et l'articulation en tant que profession est une chose unique, alors qu'une alternative à cela pourrait simplement être que nous sommes des êtres expressifs et artistiques qui cherchent à créer et ont différents talents, mais transformer cela en une profession est quelque chose que nous nous sommes fait à nous-mêmes et donc pendant que nous faisons cela, nous existons au sein de systèmes, nos organisations culturelles existent au sein de systèmes, qui ont des impacts beaucoup plus loin à l'extérieur, de sorte qu'une approche d'analyse des systèmes est vraiment importante.
é55 trépanier : un petit instant dans un espace beaucoup plus vaste, ma conversation avec l’artiste autochtone France Trépanier sur le colonialisme, cultures autochtones, transition écologique, temps, art, écoute, rêves, imagination et ce petit instant…
Vivre ici sur cette planète
- Je pense que ce cycle du colonialisme, et de ce que ça a apporté, on est en train d'arriver à la fin de ce cycle là aussi, et avec le recul, on va s'apercevoir que cela a été un tout petit instant dans un espace beaucoup plus vaste, et qu’on est en train de retourner à des connaissances très profondes. Qu'est-ce que ça veut dire de vivre ici sur cette planète? Ce que ça implique comme possibilité, mais comme responsabilité aussi de maintenir les relations harmonieuses? Moi, je dis que suis la solution à la crise climatique c'est cardiaque. Ça va passer par le cœur. On parle d'amour avec la planète. C'est ça, le travail.
Terra nullius
- Pour moi, le défi de l'enjeu écologique ou de la crise écologique dans laquelle on se trouve, c'est de bien comprendre la source du problème et de pas juste de mettre un pansement, de pas juste essayer de faire des petits ajustements sur nos manières de vivre, mais de vraiment porter un regard sur la nature même du problème et pour moi, je pense qu'il s'est passé quelque chose au moment du contact, au moment où les Européens sont arrivés. Ils sont arrivés avec cette notion-là de propriété. On parle de terra nullius, l'idée qu'ils pouvaient s'approprier les territoires qui étaient 'inhabités' (je mets des guillemets sur inhabités) et je pense que ça a été notre première collision de vision du monde.
Vision éurocentrique des pratiques artistiques
- En fait, si on prend encore une vue allongée de la façon dont la vision éurocentrique des pratiques artistiques s'est imposée sur les pratiques matérielles des cultures du monde. Ça va être un tout petit instant dans l'histoire. Cette idée des disciplines, la manière dont la vision eurocentrique a imposé des catégories, a imposé un certain élitisme des pratiques. La manière dont il a déclassifié aussi la culture matérielle des Premières Nations ou ce n'était pas possible, ce n'était pas de l'art. Les objets d'art devenaient soit des artefacts ou de l'artisanat. On a complètement déclassifié, on n'a pas compris. Je pense que les premiers arrivants ici n'ont pas compris ce qui était en face d'eux.
La vraie tragédie
- L'artiste Mike MacDonald racontait une histoire, Mike, qui est un artiste Mi'kmaq, qui plus est avec nous maintenant, a fait du travail remarquable, un artiste des nouveaux médias, il y racontait une fois un des ainés dans sa communauté. Il disait que la vraie tragédie du Canada n’est pas qu'on a empêché les gens de parler leur langue. La vraie tragédie, c'est que les nouveaux venus n'ont pas adopté les cultures d'ici. Donc il y a eu des grandes mésententes.
Réécrire le monde?
- Je pense qu'on n'a pas besoin de rien réécrire du tout. Je pense qu'on a juste besoin de porter attention et d'écouter. On a juste besoin de la fermer un peu pour un petit bout. Parce que dans la notion de 'authoring', il y a le mot 'author' et cela présuppose le mot autorité (authority) et je ne suis pas certaine que c'est de ça dont on a besoin maintenant. Je pense que c'est l'inverse. Je pense qu'il faut changer notre rapport à l’autorité. Il faut déconstruire cette idée là quand on est en train d'être les décideurs ou les maîtres de quoi que ce soit. Je ne pense pas que c'est la bonne approche. Je pense qu'il faut écouter. Je ne dis pas qu'il ne faut pas imaginer - je pense que l'imagination c'est important dans cette écoute attentive - mais de penser qu'on va réécrire, c'est peut-être un peu prétentieux.
é56 garoufalis-auger : surmonter les injustices, ma conversation avec l’activiste Anthony Garoufalis-Auger sur sacrifices, injustices, stratégies, activisme, jeunes, art, culture, transition écologique, catastrophe
Sacrifices
- Ça va prendre des sacrifices et ça va prendre une implication énorme pour changer des choses, donc peut être sortir de notre zone de confort sera nécessaire à ce point-ci dans l'histoire. Ce qui est le fun est de regarder tout le passé et l'historique de l'humanité. Cela a pris beaucoup d'efforts pour changer les choses, mais au moins, on a des exemples dans l'histoire qu'en se mettant ensemble on a été capable de surmonter des injustices. Il faut se s'inspirer de ça.
On s'en va vraiment vers la catastrophe
- Les gens autour de moi, la grande majorité, comprennent ou on est en rendu avec les changements climatiques. Il y a une complète déconnexion avec la réalité qu'on voit dans notre culture de masse et dans les nouvelles. Ceci n'est pas une réalité construite. Ce que la science nous dit est la réalité. On s'en va vraiment vers la catastrophe.
é57 roy : ouvrir des consciences, ma conversation avec l’artiste Annie Roy sur l’art socialement engagé, le deuil, les politiques culturelles, la nature, comment ouvrir notre conscience, le numérique et la place de l’art dans nos vies
Revenir à l'essentiel
- Être créatif, c'est tu aussi s'éloigner du monde, pure à la source telle qu'il est, plutôt que de juste accepter aussi qu'on bien petit et on devrait revenir à l'essentiel? Je ne sais pas si l'art nous ramène à l'essentiel versus nous ramène à dériver complètement. Peut-être que la créativité ou la création, ça nous amène tellement loin qu'on s'imagine vivre sur Mars dans une espèce de plateformes pas d'allure dénuée, ou est-ce qu'on n'aura plus besoin des oiseaux, puis des tempêtes, puis des ci et des ça. On va avoir recréé un univers de toutes pièces où est-ce qu'il fait dont bon vivre. Ça pourrait être ça, l'apport de l'art. Moi, je ne l’aime pas trop cet art-là.
Ouvrir des consciences
- Si on est dans le réelle et puis qu'on se dit dans le monde actuel, il faut que cela vienne insuffler du désir, de la puissance vers un avenir meilleur. Mais ce n'est pas l'artiste qui va décider et puis ça me dérange. Ça me dérange d'avoir un poids sur les épaules, de changer le monde tout en n'ayant pas le pouvoir de le faire, réel. Le pouvoir que j'ai, c'est d'ouvrir des consciences, de voir du rêve dans l'esprit des autres et d'insuffler des graines de possibles d'un avenir.
Sur le dos de l'art
- L'artiste est un être qui vit dans sa contemporanéité, qui absorbe le 'caca' à tout ce qui se passe et qui essaie de le transformer en quelque chose de beau, puis de puissant pour un tremplin pour aller vers mieux. Mais on pourrait en rester là, dans le sens que les gens, comment ils utilisent l'art dans leur vie? L'artiste a peut-être toutes ses volontés, mais c'est quoi la place de l'art qu'on fait dans nos vies? Parce qu’ils sont entre quatre murs, dans un musée ou dans des lieux super spécifiques. Ce n’est pas toujours intégré dans le flux de la journée comme quelque chose de super naturel. C'est un moment bien cadré qu'on donne comme on consomme n'importe quoi d'autre. Puis, si on consomme de l'art comme n'importe quoi d'autre, comme on va au spa ou comme on va magasiner et puis qu'on s'achète un nouveau pantalon, puis que ça fait du bien d'être allé voir une pièce de théâtre, n'était-ce pas bon? Ouais, c'est cool mais ça n'ira pas plus loin que n'importe quoi d'autre qu'une belle émotion qui va durer deux ou trois heures et puis tu vas prendre ton Hummer pour retourner chez toi pareil. Je trouve que c'est mettre beaucoup sur le dos de l'art.
e58 huddart : the arts show us what is possible, ma conversation avec Stephen Huddart sur la dématérialisation, la nature, la culture, le capital, le soutien aux activités de base, l’innovation et la façon dont les arts peuvent nous montrer ce qui est possible.
Crise existentielle
- C'est maintenant une crise existentielle, et nous avons, d'une certaine manière, une crise conceptuelle, mais le simple fait de comprendre ce que nous sommes et ce que c'est, ce moment, toute l'histoire est derrière nous : chaque livre que vous avez lu, chaque bataille, chaque empire, tout cela est juste là, juste, juste derrière nous. Et maintenant, nous sommes dans cette position de prise de conscience émergente que pour que cette civilisation, sous une certaine forme, continue, nous devons agir rapidement, et les arts peuvent nous aider à le faire en nous donnant un sens partagé de ce moment et de sa gravité, mais aussi de ce qui est possible et de la rapidité avec laquelle ce point de basculement pourrait être atteint.
Dématérialisation
- Je pense que nous devons, de manière plus générale, nous dématérialiser et passer d'une culture plus matérielle à une culture plus spirituelle, une culture capable d'apprécier le fait d'être ici, qui connaît un changement évolutif vers la connexion avec la nature, avec tout ce que cela implique pour les êtres humains, ainsi que le plaisir et la célébration de la culture, et donc je pense que ces deux perspectives que les arts ont un défi essentiel et tellement important et pourtant difficile à relever.
Gabrielle Roy
- Disons que sur le précédent billet de 20 dollars, il y a une citation de Gabrielle Roy. Elle est en très petits caractères, mais elle dit en substance : "comment pourrions-nous avoir la moindre chance de nous connaître sans les arts". Cela m'a frappé lorsque j'ai lu cette citation et que j'ai pensé aux distances qui se sont creusées entre nous, à la polarisation, aux préjugés, à toutes ces choses, et au fait que les arts créent ce pont entre les peuples, entre les personnes seules, entre les rêveurs et tous les gens, et que les arts ont cette capacité de nous relier les uns aux autres d'une manière très personnelle, profonde et importante.
Capital
- Je consacre maintenant beaucoup de temps à la question de savoir comment influencer les flux de capitaux. Comment intégrer l'économie de la subvention, avec tout ce qu'elle a et toutes ses limites, au reste de l'économie : les fonds de pension, les investisseurs institutionnels de toutes sortes, les bureaux de famille et ainsi de suite, parce que nous avons besoin que toutes ces ressources s'alignent et s'intègrent de manière à permettre aux activités de base d'être vues, soutenues, nourries, liées au changement de système plus large dont nous avons besoin de toute urgence, et cela nécessite le déplacement du grand capital.
e59 pearl : positive tipping points,ma conversation avec l’organisatrice artistique Judi Pearl à propos du théâtre, de l’urgence climatique, de la collaboration, du leadership artistique, de l’intersection des arts et de la durabilité et de la nouvelle organisation Sectoral Climate Arts Leadership for the Emergency (SCALE) (Leadership Sectoriel des arts sur l’urgence pour la transition écologique (LeSAUT)
Lieu de rassemblement
- C’est (LeSAUT, Leadership sectoriel des arts sur l’urgence de la transition écologique) une table ronde nationale permettant au secteur des arts et de la culture de se mobiliser autour de l'urgence climatique. Il y a quelques mois, vous, moi et d'autres personnes avons fait le même constat : alors qu'il y avait beaucoup de travail et de projets importants à l'intersection des arts et de la durabilité au Canada, il manquait une sorte de structure pour rassembler ce travail, pour aligner les activités, pour développer une stratégie nationale et pour questionner profondément le rôle des arts et de la culture dans l'urgence climatique et activer le leadership du secteur en termes de mobilisation qui doit se produire dans la société au sens large. LeSAUT essaie vraiment de devenir ce lieu de rassemblement qui engendrera cette collaboration de haut niveau, qui, espérons-le, créera ces points de basculement positifs.
é60 boutet : a la recherche d’un esprit collectif, ma conversation avec la chercheure en pratique des arts, Dr. Danielle Boutet sur la conscience écologique, la réalité, l’activisme, le deuil, l’art comme mode de vie, l’innovation et la spiritualité
Le deuil il est loin d’être fait
- Collectivement, on est inconscient. On cherche à parler de la conscience écologique. On cherche à parler de ça, mais en réalité… S’il y a une psyché collective, ce que je crois, je pense qu’il y a une espèce d’esprit collectif, mais c’est un esprit qui est inconscient, qui n’est pas capable de se voir aller, de se réfléchir et donc pas capable de méditer, pas capable de se transformer, donc soumis à ses peurs et ses pulsions. Je suis assez pessimiste par rapport à ça, mais c’est que le deuil écologique, tout le chagrin et toute la peur est refoulée présentement. Il y a des activistes qui crient dans le désert, qui hurlent, et les gens entendent, mais comme dans un brouillard. Ce n’est pas suffisant pour amener à une action collective. Donc, le deuil il est loin d’être fait, collectivement.
Changer notre rapport à la nature
- Il faut arriver à changer notre rapport à la nature, notre façon d’entrer en relation avec les autres et ce n’est pas là la science généralisant qui va nous dire, c’est cette espèce de science du singulier et de l’expérience de chacun. Pour moi, c’est vraiment un grand domaine d’innovation, de recherche et je vois que les artistes s’en vont dans cette direction. Tu sais, toi et moi, on observe les changements dans le monde de l’art depuis les années 1990. Moi, je vois ça à travers les artistes qui en parlent de plus en plus et intègrent de plus en plus leur réflexion dans leur démarche.
Comment l'art peut aider les humains à évoluer
- J'entends beaucoup des gens qui appellent les artistes à intervenir, des artistes aussi qui disent qu'il faut faire quelque chose, etc. Je trouve que l'art ce n’est pas un bon véhicule pour l'activisme. Je suis vraiment désolé pour tous ceux qui s'intéressent à ça. Je ne veux pas choquer personne, mais parfois ça peut risquer de tomber dans la propagande ou de tomber dans l'idéologie ou dans une sorte de facilité qui me désole au sens où je pense que l'art peut faire tellement plus que ça et aller tellement plus profondément que ça. L'art peut aider les humains à évoluer. C'est à ce niveau-là que je pense qu'on était comment on pourrait vraiment avoir une action, mais je pense qu'on l'a toujours eu cette action-là et il suffit de la relancer encore et encore et encore.
e61sokoloski: from research to action, ma conversation avec le leader artistique Robin Sokoloski sur la recherche culturelle, la politique artistique, l’urgence climatique, les arts engagés dans la communauté, l’élaboration de solutions créatives et la manière de créer des structures organisationnelles équitables et inclusives.
Avoir un véritable impact sur la politique
- Je pense qu'il doit y avoir une plus grande capacité dans le secteur de l'art pour que la recherche se transforme en action. Quand je dis que le secteur artistique lui-même doit être le moteur de la politique. Nous devons avoir les outils, la compréhension, la formation, les connexions pour avoir un véritable impact sur la politique et une chose sur laquelle Mass Culture se concentre vraiment en ce moment est de savoir comment engager d'abord le secteur dans les priorités de recherche et ce qui doit être étudié ensemble et à quoi ressemble ce processus, mais ensuite comment prendre cette recherche et la créer pour qu'elle conduise au changement.
L'élaboration de solutions créatives
- Je suis très curieux de voir ce que les arts peuvent faire pour nous rassembler en tant que société autour de domaines particuliers de défis et d'intérêts que nous ressentons tous et auxquels nous devons faire face. Je pense qu'il s'agit d'amener l'art dans un cadre où nous pourrions potentiellement fournir un plus grand sens de la création de solutions créatives au lieu de la façon dont nous sommes parfois perçus, qui est l'art sur les murs ou sur les scènes. Je pense qu'il y a beaucoup plus de potentiel que cela pour engager les arts dans la société.
Structures organisationnelles
- En tant qu'êtres humains, nous avons le pouvoir de changer les systèmes humains et je suis donc très curieux de travailler avec des personnes qui partagent les mêmes idées et qui veulent fonctionner différemment. J'utilise souvent la structure organisationnelle comme un exemple de cela parce que, comme nous le savons tous, ce n'est pas un modèle parfait. Nous nous en plaignons souvent et pourtant nous y recourons toujours. Comment pouvons-nous nous rassembler, nous organiser et donner vie à des idées de manière différente en changeant le système actuel, en le rendant plus équitable, plus inclusif, en trouvant des moyens de faire venir des gens et de ne pas nécessairement les faire s'engager, mais de les faire venir et repartir quand ils en ont besoin et j'ai l'impression qu'il y aura une plus grande variété d'idées apportées à la table, une expérience plus enrichissante et la possibilité d'apporter des solutions dans la réalité en pensant à la manière dont nos structures sont mises en place et comment nous pourrions faire ces choses différemment.
Episode Transcription
balado
: art et transition écologique
compilation – saison / season 2
Claude Schryer, août 2021
Note d’épisode
Bonjour chers auditeurs du balado conscient
Ici Claude Schryer. Ce que vous allez entendre est une compilation d'extraits d'une minute des 41 épisodes de la saison 2 du balado podcast. 31 of these are English et 10 sont en français. Si vous ne comprenez pas une de ces langues, vous trouverez une traduction écrite pour chaque extrait dans les notes d’épisodes. J'espère que vous allez aimer ce survol de la saison 2. Merci de votre écoute et au plaisir de voir los de la saison 3.
Une compilation d'extraits de mes 41 conversations (31 en anglais, 10 en français) lors de la saison 2 du balado conscient.
e21 dufresne : capitalism is over, ma conversation avec le philosophe Dr. Todd Dufresne sur la réalité, le deuil, l’art et la crise climatique.
Le capitalisme est terminé
- Je pense que le capitalisme est terminé, mais le problème est que nous n'avons rien pour le remplacer. C'est là que nous avons besoin des artistes, et d'autres personnes, pour nous dire quelle vision ils ont d'un avenir différent de celui-là : un avenir fait de jeux et de travail utile serait un avenir qui, à mon avis, n'est pas seulement utopique, mais très possible. Il y a donc un avenir possible qui pourrait être bien meilleur que ce qu'il est aujourd'hui, mais nous n'y parviendrons pas sans une démocratie de la souffrance telle que nous la vivons actuellement et le fera au moins pendant les 20, 30, 40 prochaines années, jusqu'à ce que nous trouvions une solution, et nous devons la trouver rapidement.
e22 westerkamp : slowing down through listening,ma conversation avec la compositrice et auditrice Hildegard Westerkamp sur les liens entre l’écologie sonore et la crise climatique.
Un peu d'espoir
- Nous devons permettre au temps de s'écouler sans action, sans solution et le vivre simplement. Je pense que le ralentissement est une nécessité absolue - s'il nous avons une chance de survivre - cette sorte de ralentissement par l'écoute et la méditation et par le fait de ne pas en faire autant. Je pense qu'il y a un peu d'espoir là-dedans.
e23 appadurai: what does a just transition look like?, ma conversation « promenade sonore » avec l’activiste climatique Anjali Appadurai sur la transition juste et le rôle des arts dans l’urgence climatique.
Les symptômes d'une maladie plus profonde
- La crise climatique et la crise écologique au sens large sont les symptômes d'une maladie plus profonde, à savoir cette rupture avec la nature, cette graine de la domination, de l'accumulation, de la cupidité et de l'envie de dominer les autres par le biais du colonialisme, de l'esclavage, de l'altérité - la racine est en fait l'altérité - et c'est quelque chose que les artistes peuvent toucher. C'est cela qu'il faut guérir, et lorsque nous aurons guéri cela, à quoi ressemblera le monde de l'autre côté d'une transition juste ? Je ne veux vraiment pas croire que cela ressemble exactement à cela, mais avec du solaire. La première langue que la colonisation a cherché à supprimer était celle des peuples autochtones, et c'est là que se trouvent beaucoup de réponses.
e24 weaving : the good, possible and beautiful, ma conversation avec l’artiste jil p. weaving sur les arts engagés dans la communauté, l’art public, l’importance du local, etc.
Rôles que les artistes peuvent jouer
- Reconnaître, et trouver des moyens d'aider les gens, à prendre conscience de tout ce qui est bon, possible et beau, et où cela peut mener, est l'un des rôles que les artistes peuvent spécifiquement jouer.
e25 shaw : a sense of purpose, ma conversation avec l’activiste climatique australien Michael Shaw sur les structures de soutien pour le deuil écologique et le rôle de l’art.
L'appel qui est en eux
- C'est une vraie bénédiction de ressentir un sens du but en ces temps. C'est une vraie bénédiction d'être capable de prendre les sentiments de peur et de chagrin et de les canaliser quelque part dans la gestion d'un groupe ou dans la réalisation d'un film ou de podcasts. Je pense qu'il est important que les gens se branchent pour découvrir ce qu'il leur est donné de faire en ce moment, qu'ils écoutent vraiment l'appel qui est en eux et qu'ils le suivent. Je pense qu'il y a quelque chose de très générateur et de très positif dans le fait de ressentir un but dans une période d'effondrement.
e26 klein : rallying through art, ma conversation avec le militant de l’urgence climatique Seth Klein à propos de son livre A Good War : Mobilizing Canada for the Climate Emergency, de la structure nouvellement crée Climate Emergency Unit et du défi qu’il lance aux artistes pour nous rallier à cette cause.
Le défi que je lance aux artistes
- Voici le défi que je lance aux artistes aujourd'hui. Nous commençons à voir des artistes dans de nombreux domaines artistiques produire de l'art sur le climat et l'urgence climatique, ce qui est important et bon à voir. Par contre, ce qui me capté mon attention, c'est que la plupart de ces œuvres sont dystopiques, elles évoquent l'horreur du monde si nous ne parvenons pas à nous relever. Dans une certaine mesure, cela a du sens car cela est effectivement effrayant et horrible, mais ce qui m'a intrigué dans ce que les artistes produisaient pendant la guerre, c'est que dans l'ensemble, ce n'était pas dystopique, même si la guerre était horrible. Leurs efforts nous ralliaient : le ton nous ralliait. En faisant mes recherches, je me suis surpris à écouter ces musiques et à penser que la Seconde Guerre mondiale avait une bande-son populaire, que la guerre contre le Viêt Nam avait une bande-son populaire. Quand j'étais enfant, dans le mouvement pour la paix et le désarmement, il y avait une bande-son populaire. Ceci n'a pas encore de bande son populaire.
é27 prévost : l’énergie créatrice consciente,ma conversation avec l’artiste sonore, musicienne et réalisatrice radio Hélène Prévost sur l’état du monde et le rôle des artistes face à la crise écologique.
Moins l'art est libre, moins il dérange
- C'est dans les temps de crise que les solutions émergent et ça serait mon argument. C'est dans cette solution de crises que oui, il y a un discours qui va émerger et des actions qui vont émerger, mais on ne peut pas les entrevoir. Peut-être qu'on peut les commander, comme tu dis : Peux-tu me faire un documentaire là-dessus ou Peux-tu me faire une performance qui va illustrer tel aspect? Mais le reste, je pense qu'il faut laisser l'énergie créatrice libre mais pas inconsciente et c'est là où l'éducation, les mouvements sociaux et l'éducation… l'éducation oui, peut-être par l'action, tu vois je vais me contredire, et par l'art, mais pas l'art qui est servile, mais un art qui est libre. J'ai envie de citer Josée Blanchette dans Le Devoir qui, il une semaine, disait 'moins l'art est libre, moins il dérange.
é28 ung : résilience et vulnérabilité, ma conversation avec le pedagogue et philosophe Jimmy Ung sur la notion du privilège, la résilience, le rôle des arts dans la facilitation du dialogue et de l’apprentissage interculturels, l’éducation, la justice sociale, etc.
Pratiquer la résilience
- La résilience, au fond, c'est d'avoir la capacité à être vulnérable et je crois que souvent, la résilience est vue comme la capacité de ne pas être vulnérable, et pour moi, le contraire, c'est plutôt que la résilience est la capacité d'être vulnérable et de croire avec espoir. Peut-être qu'on a la capacité de rebondir, de revenir, de remonter, de renaître. Je crois que c'est une manière de pratiquer la résilience, qui est de plus en plus nécessaire. Parce que si on veut avancer, si on veut apprendre et apprendre à désapprendre et il va falloir être vulnérable et donc de voir la résilience comme étant la capacité d'être vulnérable.
e29 loy, : the bodhisattva path, ma conversation avec le professeur, écrivain et enseignant de zen David Loy sur la voie du bodhisattva, le rôle du conte, la non-dualité, l’interdépendance et la notion d' »espoir » dans un cadre bouddhiste.
La crise écologique comme une sorte de karma
- Certains diront que nous sommes confrontés à une crise climatique et que nous devons passer le plus rapidement possible des combustibles fossiles aux sources d'énergie renouvelables, ce qui est juste. Mais l'idée qu'en faisant cela, nous pouvons simplement continuer comme nous l'avons fait jusqu'à présent est un malentendu. Nous sommes confrontés à une crise bien plus grave, et ce qui en ressort fondamentalement, c'est ce sentiment de séparation d'avec la terre, le sentiment que notre bien-être est séparé du bien-être de la terre et que nous pouvons donc l'exploiter et l'utiliser comme bon nous semble. Je pense que nous pouvons comprendre la crise écologique comme une sorte de karma construit dans cette façon de se rapporter à la terre et de l'exploiter. L'autre chose vraiment importante, dont je finis par parler plus souvent, c'est que je pense que le bouddhisme a cette idée de la voie du bodhisattva, l'idée que nous ne voulons pas simplement nous éveiller pour notre propre bénéfice, mais bien plus que nous voulons nous éveiller afin de rendre service à tout le monde.
e30 maggs : art and the world after this, ma conversation avec le théoricien culturel David Maggs sur les liens entre la capacité artistique et les questions de durabilité, la « réalité », la façon dont le secteur artistique peut repenser sa proposition de valeur unique, la perturbation, le savoir autochtone, le redressement du secteur artistique après la crise COVID, etc.
Enchevêtrements de relations
- La complexité est le monde construit de relations et c'est une chose très différente de s'engager dans ce qui est vrai ou réel dans un cadre de complexité que de s'y engager, dans ce qui est une ambition occidentale moderniste, de l’époque des Lumières (enlightenment), d'identifier les propriétés objectives absolues qui sont intrinsèques à toute chose donnée. Tout le monde est aux prises avec le fait que le monde s'expose tellement dans ces enchevêtrements de relations. Les arts sont complètement à l'aise dans ce monde. Et donc, nous avons été en quelque sorte sous la coupe de l'ancien monde. Nous avons toujours été une sorte de citoyen de seconde classe dans une société rationaliste de l’époque des Lumières. Mais une fois que nous sortons de ce monde et que nous entrons dans un cadre de complexité, les arts sont tout à fait à leur place et nous avons une capacité dans ce monde que beaucoup d'autres secteurs n'ont pas. Ce que j'ai essayé de faire avec ce rapport (Art and the World After This), c'est d'articuler la manière dont ces différentes perturbations nous placent dans une réalité très différente, une réalité dans laquelle nous passons d'une sorte de classe secondaire de divertissement à, peut-être, une capacité à prendre notre place au cœur de la résolution d’un grand nombre de problèmes vraiment critiques.
e31 morrow : artists as reporters, ma conversation avec le musicien Charlie Morrow sur les origines du balado conscient, la musique, l’écologie sonore, l’art et le climat, la santé, l’espoir, les artistes en tant que journalistes, etc.
En lien avec ce qui se passe
- Je pense que les artistes sont pour la plupart en lien avec ce qui se passe dans le monde. Nous sommes tous des reporters, des journalistes en quelque sorte, qui traduisent notre message dans notre art, car l'art est, selon moi, une lecture, une lecture digérée ou brute de ce que nous vivons. Notre souhait d'être un artiste est en fait de pouvoir passer notre vie à faire ce processus.
é32 tsou : changer notre culture, ma conversation avec la musicienne et conseillère en diplomatie culturelle Shuni Tsou sur l’engagement des citoyens, l’action culturelle, la crise écologique, l’éducation artistique, la justice sociale, les changements systémiques, l’équité, etc.
L'engagement des citoyens
- L'engagement des citoyens est ce qui est nécessaire pour le changement culturel autour des actions climatiques. C'est vraiment un changement culturel dans n'importe quel milieu. Quand on veut faire des grands changements systémiques, il faut changer la culture et les arts et la culture sont des bons outils pour changer la culture.
e33 toscano : what we’re fighting for, ma conversation avec le producteur de balado et artiste Peterson Toscano sur le rôle des arts dans la crise climatique, des questions LGBTQ+, de la religion, des merveilles du podcasting, des impacts, de la narration, de la performance, etc.
L'énergie dans une histoire
- Ce sont les artistes qui peuvent non seulement élaborer une bonne histoire, mais aussi raconter l'histoire la plus difficile à raconter, à savoir l'histoire des impacts des solutions climatiques. Il n'est donc pas très difficile de parler des impacts du changement climatique, et je vois des gens qui, lorsqu'ils prennent la parole, dressent la liste de toutes les horreurs qui nous attendent, sans s'en rendre compte, mais ils ferment en fait l'esprit des gens, ils les rejettent parce qu'ils sont dépassés. Et ce n'est pas que nous ne devrions pas parler des impacts, mais il est tellement utile de parler d'un seul impact, peut-être de la façon dont il affecte les gens localement, mais ensuite de parler de la façon dont le monde sera différent lorsque nous mettrons en œuvre ces changements. Et comment raconter une histoire qui va dans ce sens ? Parce que cela suscite l'engagement et l'enthousiasme des gens, car vous racontez alors cette histoire sur ce pour quoi nous nous battons, et non sur ce contre quoi nous nous battons. Et c'est là que se trouve l'énergie dans une histoire.
é34 ramade : l’art qui nous emmène ailleurs, ma conversation avec l’historienne de l’art, critique, commissaire et experte en art et environnement Bénédicte Ramade sur l’urgence climatique, la nature, la musique, les arts visuels, l’art écologique, etc.
On peut faire passer tellement de choses
- Je pense à desartistes-compositeurs qui écrivent des pièces à partir de relevés de températures qui sont convertis en notes de musique.C’est comme ça aussiquepeutsetransmettre la question du réchauffement climatique,àpartir d’une pièce jouéetraduisantmusicalement un climat stablequi se transforme etvient incarner en musique un dérèglement climatique. C’est extraordinaire.Se ressentpar la musique, un fait de composition, quelque chose très abstrait, avec beaucoup de chiffres, des courbes statistiques. On estquotidiennementabreuvé de chiffres et de courbes statistiquesà propos du climat.« Elles ne nous font plus rien, littéralement ». Mais sur le plan sensible,avec la transposition enmusique, si c’est joué, si c’est interprété ah tout d’un coup, ça nous emmène ailleurs. Et quand je parle de ces travaux-là, parfois des gens plus scientifiques ou desdirecteurs de musée accrochent tout de suite, en disant« c’est extraordinaire avecla musique, onpeut faire passer tellement de choses ».
e35 salas : adapting to reality, ma conversation avec la conservatrice et productrice espagnole Carmen Salas sur la réalité, l’ecogrief, les artistes et la crise climatique, les stratégies artistiques, la conservation et son article Shifting Paradigms.
Les artistes ont besoin d'aide dans ce processus
- Je constate que de plus en plus d'artistes cherchent à comprendre comment changer leur pratique et à mieux l'adapter aux circonstances actuelles. Je crois vraiment que les artistes ont besoin d'aide dans ce processus. Comme nous en avons tous besoin. Je ne suis pas un expert en environnement, ni un expert en climat. Je suis juste un être humain très sensible qui s'inquiète de ce que nous laissons aux générations futures. Je fais donc ce que je peux pour être plus éthique dans mon travail et je trouve de plus en plus d'artistes qui luttent également pour comprendre ce qu'ils peuvent faire. Je pense que lorsqu'il y a des conversations entre des commissaires ou producteurs comme moi et des gens comme vous, - penseurs et des bailleurs de fonds - pour se réunir et comprendre la situation actuelle, accepter la réalité, alors nous élaborons une stratégie sur la façon dont nous pouvons mettre les choses en place et comment nous pouvons fournir plus de financement pour différents types de projets.
e36 fanconi : towards carbon positive work,ma conversation avec l’artiste de théâtre et activiste art-climat Kendra Fanconi, directrice artistique de The Only Animal sur le rôle des arts dans l’urgence climatique, le travail positif sur le carbone, la collaboration et la mobilisation des artistes.
Restauration écologique
- Ben Twist, de Creative Carbon Scotland, parle de la transformation d'une culture de consommation en une culture d'intendance. Nous sommes les créateurs de la culture, alors n'est-ce pas notre travail de créer une nouvelle culture, et il nous faudra tous, en tant qu'artistes, pour y parvenir ? ... Il ne suffit pas de faire un travail neutre en carbone. Nous voulons faire un travail positif en termes de carbone. Nous voulons que nos œuvres d'art participent à la restauration écologique. Qu'est-ce que cela signifie ? J'ai beaucoup réfléchi à cette question. Quelle est la pratique théâtrale qui redonne réellement, qui rend quelque chose plus durable ? Qui soit positive en termes de carbone. Je suppose que c'est une conversation que j'espère avoir à l'avenir avec d'autres créateurs de théâtre qui ont cette vision.
é37 lebeau : l’art régénératif, ma conversation avec la cofondatrice et directrice exécutive de Écoscéno Anne-Catherine Lebeau sur la collaboration, l’économie circulaire, le rôle des arts dans la crise climatique, comment passer de ‘Take Make Waste’ à ‘Care Dare Share’ et créer de l’art régénératif.
Plus de collaboration
- Pour moi, c'est sûr que ça passe par plus de collaboration. C'est ça qui est intéressant aussi. Vraiment passer du modèle ‘Take Make Waste’ à ‘Care Dare Share’. Pour moi, ça dit tellement de choses. Je pense qu'on doit considérer tout ce qu'on a dans le domaine artistique comme un bien commun dont on doit collectivement prendre soin. Souvent, au début, on parlait en termes de faire le moins de tort possible à l'environnement, ne pas nuire, c'est souvent comme ça que l'on présente le développement durable, puis en faisant des recherches, et en m'inspirant, entre autres, de ce qui se fait à la Fondation Ellen MacArthur en Angleterre, en économie circulaire, je me suis rendu compte qu’eux demandent comment faire en sorte de nourrir une nouvelle réalité. Comment créer de l'art qui soit régénératif? Qui nourrisse quelque chose.
e38 zenith : arts as medicine to metabolize charge, ma conversation avec la praticienne somatique animiste, poète, philosophe, écologiste et clown Shante’ Sojourn Zenith sur la réalité, la somatique, le deuil écologique, les rituels, la nature, la performance et les imaginations écologiques.
Métaboliser les traumatismes
- L'art est le médicament qui nous permet de métaboliser la charge. Il nous permet de métaboliser les traumatismes. Il prend l'intensité qui reste dans le système, et cela remonte jusqu'au rituel. L'art, pour moi, est une sorte d'affluent provenant du rituel qui est encore autorisé de manière consensuelle dans cette réalité lorsque la communication directe avec la nature par le biais du rituel a été réduite au silence. Donc on en revient à cette rivière plus large...
e39 engle : the integral role of the arts in societal change, ma conversation avec l’urbaniste Dr. Jayne Engle sur la planification urbaine participative, le design, la crise écologique, le civisme sacré, les artistes et la culture dans le changement sociétal et civilisationnel.
Perspectives d'artistes
- Le rôle des artistes et de la culture est fondamental et tellement nécessaire, et nous en avons tellement besoin, et pas seulement en périphérie. Le rôle des arts et de la culture dans le changement sociétal et civilisationnel actuel doit être beaucoup plus intégré dans, oui, les œuvres d'art et l'imagination - nous aider à coproduire culturellement la façon dont nous vivrons et travaillerons ensemble dans le futur et cela signifie des œuvres d'art - mais aussi avec des perspectives d'artistes dans des institutions, des idées et des pensées beaucoup plus générales sur la façon dont le changement se produit.
e40 frasz : integrated awakeness in daily life, ma conversation avec Alexis Frasz, chercheur et penseur stratégique sur la crise écologique, l’action climatique créative, les arts communautaires, le #bouddhisme, le #leadership et les pratiques artistiques intersectorielles.
Un manque d'action
- Il y a beaucoup de sensibilisation et d'intérêt pour le changement et pourtant le changement ne se produit toujours pas vraiment, du moins pas au rythme ou à l'échelle dont nous avons besoin. J'ai de plus en plus l'impression qu'il ne s'agit pas d'un manque de sensibilisation, ni d'un manque d'intérêt, ni même d'un manque de volonté, mais plutôt d'un manque d'action. J'ai beaucoup réfléchi au rôle des arts, de la culture et des pratiques créatives pour aider les gens à ne non seulement se contenter de s'éveiller à la nécessité du changement, mais à subir tout le processus de transformation à partir de ce moment d'éveil (dont toi et moi partageons le langage autour de la pratique bouddhiste). Il y a cette idée que l'on peut se réveiller en un instant, mais de savoir comment intégrer cette prise de conscience dans nos vies quotidiennes est en fait un processus. C'est un processus continu.
e41 rae : a preparedness mindset, ma conversation avec l’artiste-chercheur, animateur et éducateur Jen Rae sur l’art et la préparation à l’urgence, les arts communautaires, la réalité, le deuil écologique, les arts et l’urgence climatique en Australie.
Comment les artistes s'engagent
- Ce qu'il y a de bien avec l'état d'esprit de préparation, c'est qu'on pense à l'avenir et que si l'un de ces scénarios se produit, on s'y est déjà préparé mentalement d'une certaine manière, ce qui fait qu'on n'a pas à subir le choc. En tant qu'artiste, je pense que c'est un endroit où il y a beaucoup de potentiel pour l'engagement, la communication et la participation du public. Quand on parle de réalités, accepter cette réalité peut nous pousser à faire d'autres choses. C'est formidable d'entendre que le Conseil des arts du Canada a changé sa façon d'aider les arts et de renforcer les capacités dans le domaine des arts dans le contexte de l'urgence climatique. Il sera intéressant de voir comment les artistes s'engagent.
e42 rosen : when he climate threat becomes real, ma conversation avec l’architecte Mark Rosen sur ce qui est suffisant, la construction écologique, comment changer l’industrie de la construction, les obstacles et les contraintes dans la recherche de solutions à la crise climatique et la dette écologique différée.
Capacité d'adaptation et de résilience
- L'idée d'en avoir assez est très intéressante pour moi. L'idée que la planète n'a pas assez pour nous sur notre trajectoire actuelle est au cœur de cette question. La question de savoir si la planète en a assez pour tous ses habitants, si nous changeons notre façon de faire les choses, est intéressante. Pourrions-nous faire vivre sept, huit ou neuf milliards de personnes sur la planète si l'idée que chacun se fait de ce qui suffit était équilibrée par cette équation ? Je ne sais pas, mais je pense que c'est possible. Je pense que si nous n'avons rien montré d'autre en tant qu'espèce, en tant qu'humains, c'est notre capacité d'adaptation et de résilience et quand nous y sommes forcés, nous pouvons faire des choses et des changements étonnamment monumentaux quand la menace devient réelle pour nous.
Contraintes
- L'une des choses que je trouve très intéressantes dans mon processus de conception en tant qu'architecte est que si vous me montrez deux sites de construction possibles, l'un est un champ vert grand ouvert, sans rien qui influence vraiment le site plat, facile à construire, et puis vous me montrez un deuxième site qui est une paroi rocheuse abrupte avec une servitude que vous ne pouvez pas construire à travers. Inévitablement, il semble que le site présentant le plus de contraintes aboutisse à une solution plus intéressante et l'idée que les contraintes peuvent en fait être bénéfiques au processus créatif est une idée que je pense que vous pouvez appliquer à des choses qui, à première vue, semblent être des obstacles plutôt que des contraintes. Le capitalisme, sans doute, est l'un de ceux-là, si nous disons que nous ne pouvons pas le faire parce que ça coûte trop cher, nous le traitons comme une barrière, au lieu de dire que la solution doit être abordable, alors il devient une contrainte et nous pouvons pousser contre les contraintes et ce faisant, nous pouvons trouver des solutions créatives et ainsi de suite, une façon d'aller de l'avant, c'est d'essayer d'identifier ces choses qui, selon nous, nous empêchent de faire ce que nous savons que nous devons faire et de les intégrer dans notre processus comme des contraintes, qui influencent ce que nous faisons plutôt que de nous empêcher d'aller là où nous devons aller.
e43 haley: climate as a cultural issue, ma conversation avec l’éco-artiste britannique David Haley sur l’art écologique, le changement climatique en tant que question culturelle, dire la vérité au pouvoir, la démocratie, la régénération, la moralité, la création d’espaces et l’écoute.
Poser des questions profondes et écouter
- Le changement climatique est en fait une question culturelle, et non une question scientifique. La science a été extrêmement efficace pour identifier les symptômes et examiner la façon dont il se manifeste, mais elle n'a pas vraiment abordé les questions relatives aux causes. Elle a essayé d'utiliser ce que l'on pourrait appeler des approches ‘techno-solutions’, centrées sur les problèmes, plutôt que de poser des questions profondes et d'écouter.
S'attaquer réellement au pouvoir
- Pour revenir à la réalité, l'un des problèmes que nous n'abordons pas est que nous adoptons une vision dystopique des activités individuelles qui crée de la culpabilité, des syndromes et des névroses, ce qui signifie bien sûr que les systèmes de pouvoir fonctionnent et, pour ce qui est de s'attaquer réellement au pouvoir - de dire la vérité au pouvoir - nous devons nommer les noms, nous devons nommer la Standard Oil, IG Farben qui s'appelle maintenant ESSO, Chevron, Mobil, DuPont, BP, Bayer, Monsanto BASF, Pfizer, etc. Ce sont ces gens qui contrôlent les gouvernements pour lesquels nous pensons voter et le simulacre de démocratie qui les suit. Tant que ces organisations n'auront pas abandonné leur pouvoir au profit d'une manière régénératrice de faire et de penser, nous sommes fichus, pour dire les choses crûment.
Systèmes entiers
- Ce que j'ai appris à faire, et c'est ma pratique, c'est de me concentrer sur la création d'un espace. Cela m'est apparu clairement lorsque j'ai lu: Lila : An inquiry into moralsde Robert Pirsig. Vers la fin du livre, il suggère que l'acte le plus moral de tous est de créer l'espace nécessaire à la vie pour aller de l'avant. C'est l'une de ces phrases qui m'ont semblé vraies, et j'y ai adhéré depuis lors, en cherchant à créer de l'espace, et non à le remplir. Quand je dis que je travaille avec l'écologie, j'essaie de travailler avec des systèmes entiers, des écosystèmes. Les choses au sein d'un écosystème sont les éléments avec lesquels j'essaie de travailler. J'essaie de ne rien introduire d'autre que ce qui est déjà là. En d'autres termes, faire de l'espace un habitat pour de nouvelles façons de penser, un habitat pour que la biodiversité s'enrichisse, un habitat pour d'autres façons d'aborder les choses. Il y a un vieil adage scientifique qui dit que la nature a horreur du vide, et ce vide est l'espace tel que je le vois.
e44 bilodeau : the arts are good at changing culture, ma conversation avec la dramaturge et militante pour le climat Chantal Bilodeau sur le théâtre, l’action culturelle pour le climat, le rôle de l’art dans l’urgence climatique et comment construire des publics et des réseaux.
Les voies que nous pourrions emprunter
- Pour moi, les arts sont un moyen de semer une graine et le militantisme est le moyen le plus rapide d'aller de A à B. Le militantisme, c'est comme : voilà ce que nous allons faire. Nous devons le faire maintenant. C'est une solution, c'est ce à quoi nous travaillons et il y a toutes sortes de solutions différentes, mais il s'agit d'action. Les arts n'ont pas pour but de promouvoir une solution particulière ou de dire aux gens que c'est ce qu'ils doivent faire, mais de dire qu'il y a un problème. Réfléchissons-y ensemble. Explorons les voies que nous pourrions emprunter. Réfléchissons à ce que cela signifie et ce que cela veut dire, pas seulement, dois-je conduire une voiture ou non, mais ce que cela veut dire, comme dans, qui sommes-nous sur cette terre et quel est notre rôle. Comment nous situons-nous dans le grand écosystème de la planète entière ? Je pense que les arts sont un excellent moyen de le faire et qu'ils sont capables de changer une culture.
e45 abbott : a compassionate, just and sustainable world, ma conversation avec la cinéaste Jennifer Abbott à propos de son film The Magnitude of all Things, de la réalité, du zen, de la compassion, du deuil, de l’art et de la manière d’assurer un monde habitable plus compatissant, plus juste et plus durable.
Comprendre en quoi nous avons été trompés
- La notion de réalité et la façon dont nous appréhendons la réalité en tant qu'êtres humains sont profondément subjectives, mais aussi socialement construites, et donc, en tant que cinéaste - et c'est pertinent parce que je suis aussi un bouddhiste zen - j'essaie d'explorer ce que nous percevons comme la réalité pour démêler et comprendre en quoi nous avons été trompés? Et dans quelle mesure avons-nous une vision claire ? Et évidemment, plus nous avons une vision claire, meilleures sont les actions que nous entreprenons pour garantir un monde plus compatissant, plus juste et plus vivable. Je suis tout à fait d'accord pour démêler l'illusion tout en admettant de tout cœur qu'il est impossible de la démêler complètement.
Incapables d'accepter la réalité du changement climatique
- Si l'on veut savoir pourquoi les gens sont si souvent incapables d'accepter la réalité du changement climatique, je pense que c'est très compréhensible, car l'ampleur et la violence de ce phénomène sont si vastes qu'elles sont difficiles à comprendre. C'est également si déprimant et fâchant si l'on connaît les politiques qui se cachent derrière et qui sont écrasantes. Je ne pense pas qu'en tant qu'espèce, nous gérons très bien les choses qui ont ces qualités et nous avons tendance à détourner le regard. J'ai beaucoup de compassion, y compris pour moi-même, quant à la difficulté d'accepter la catastrophe climatique. C'est la fin du monde tel que nous le connaissons. Nous ne savons pas exactement à quoi ressemblera le nouveau monde, mais nous savons que nous nous dirigeons vers une certaine catastrophe.
e46 badham : creating artistic space to think, ma conversation avec le Dr Marnie Badham sur l’art et la pratique de la justice sociale en Australie et au Canada, la recherche sur les arts engagés dans la communauté, la mesure culturelle, l’éducation et la façon dont les arts créent un espace pour que les gens puissent réfléchir à des questions telles que l’urgence climatique.
Les arts peuvent faire beaucoup de choses
- Je pense qu'à l'avenir, les arts peuvent faire beaucoup de choses. D'un point de vue philosophique, l'art est l'un des seuls endroits où nous pouvons encore poser ces questions, élaborer des enjeux politiques et négocier des idées. De plus, l'art n'a pas pour but de communiquer une catastrophe climatique, l'art a pour but de créer un espace pour que les gens puissent réfléchir à certaines de ces questions.
e47 keeptwo : reconciliation to heal the earth, ma conversation avec l’écrivaine, rédactrice, enseignante et journaliste autochtone Suzanne Keeptwo sur les droits et la reconnaissance des terres Autochtones, l’éducation artistique, la sensibilisation culturelle et le rôle de l’art dans l’urgence climatique.
Accord Originel
- Dans le travail que je fais et dans le livre que je viens de publier, intitulé We All Go Back to the Land, il s'agit vraiment d'une exploration de cet Accord Originel et de ce qu'il signifie aujourd'hui. Je veux donc rappeler aux lecteurs Autochtones notre Accord Originel pour nourrir, protéger, honorer et respecter la Mère Terre et tous les dons qu'elle nous a faits, puis présenter cet Accord Originel aux Canadiens non autochtones ou à d'autres personnes dans le monde, afin que nous puissions ensemble, en tant qu'espèce humaine, travailler à ce que j'appelle l'acte ultime de réconciliation pour aider à guérir la terre.
é48 danis : l’art durable, ma conversation avec l'auteur et artiste multidisciplinaire Daniel Danis sur l'art durable, la conscience, les rêves, la narration, le territoire, la nature, les catastrophes et le rôle de l'art dans la transition écologique.
Des images de notre partage de l'écologie
- C'est comme dire qu'on fait de l'art, mais c'est un art qui, tout d'un coup, juste comme ça, est déposé. On n’essaie pas de le montrer, mais plutôt, on essaie de vivre quelque chose et de faire vivre des choses avec les gens et donc, sans être dans la zone de médiation culturelle, mais d'être dans une zone d'expériences, d'échanges et donc que je ne contrôle pas, comme, par exemple, au théâtre, une bulle dans lequel je contrains le spectateur à regarder et à focaliser uniquement sur ce que je suis en train de lui raconter. Comment on peut se raconter la planète, comment on peut se raconter l'expérience terrestre quand on partage un lieu entre branches, glaise, pansement de réparation, des traces de la terre sur une toile ou soi-même couchée sur la terre? Peu importe, tous les éléments que l'on pourrait apporter comme traces possibles d'une expérience partageable et de là, tout d'un coup, naît des images de notre partage de l'écologie.
Comment être des coopérants?
- Pour moi, une manifestation de l'art doit émettre des ondes et ça ne se voit pas, ça se ressent et donc ça demande à l'être - ceux qui participent avec moi dans mes projets ou moi-même sur l'espace que je vais manifester ces objets là - d'être dans une porosité de mon corps qui permet qu'il y ait des ondes qui se produisent et forcément, ces ondes-là, mélangé à la terre et que tout un ensemble, on est en coopération. C'est sûr que ça a un effet invisible qui est l'onde et qui est l'onde du partage, du partage, même pas du savoir, c'est juste le partage de notre existence sur terre et comment être des coopérants?
e49 windatt, ma conversation avec l’artiste autochtone Clayton Windatt sur les arts visuels, la souveraineté autochtone, la décolonisation, les arts et le changement social, les communications, les droits des artistes, l’urgence climatique et l’espoir.
Apporter un changement
- Imaginez, si vous chargiez le secteur artistique de faire passer des messages, non pas sur la crise, mais sur les changements de comportement qui sont nécessaires de manière plus significative. Lorsque la pandémie a commencé, certains produits n'étaient pas sur les étagères des épiceries, mais il y avait encore beaucoup de choses. Il y avait des pénuries, mais pas tant que ça. Dans quelle mesure ma vie changerait-elle vraiment si la moitié des produits du magasin n'étaient tout simplement pas là, et si la moitié d'entre eux ne provenaient pas du monde entier ? Par exemple, tout ce qui a un sens d’être disponible ici et avoir moins de choix. Ce ne serait pas terrible : pas du tout. Comment pouvons-nous changer les comportements à un niveau plus holistique, et faire en sorte que cela soit durable, parce que c'est ce que nous devons faire maintenant, et je pense que les arts sont un excellent véhicule pour voir ces messages toucher tout le monde et apporter un changement.
e50 newton : imagining the future we want, ma conversation avec l’activiste climatique Teika Newton sur la justice climatique, l’espoir, la science, la nature, la résilience, les inter-connexions et le rôle des arts dans l’urgence climatique.
Il n'y a pas de limites
- Il y a tant de personnes extraordinaires dans ce pays qui contribuent au changement et qui ont une vision si puissante de ce que l'avenir peut être. Nous sommes pris au piège en pensant à la limite du paradigme dans lequel nous vivons actuellement, nous mettons des limites à ce qui semble être la réalité et à ce qui semble possible. Il n'y a pas de limites, et les arts nous aident à repousser cet ensemble limité de croyances et nous aident à nous rappeler que la façon dont nous savons que les choses sont actuellement n'est pas fixe. Nous pouvons tout imaginer. Nous pouvons imaginer le futur que nous voulons.
Aimer les choses qui nous entourent
- Je vois qu'il y a beaucoup de façons dont les gens de ma communauté utilisent le paysage de manière irrespectueuse. Ils ne tiennent pas compte du fait que c'est la maison de quelqu'un et qu'un endroit sauvage n'est pas seulement un terrain de jeu pour les humains. Ce n'est pas nécessairement une source de création de richesse. Il s'agit en fait d'une entité vivante, qui respire, qui abrite d'autres choses et qui nous abrite aussi. Je trouve tout cela vraiment troublant, cette déconnexion, et cela me désespère parfois quant à la voie que nous suivons. Vous savez, si nous ne pouvons pas prendre soin de l'endroit qui nous nourrit, si nous ne pouvons pas vivre dans le respect non seulement de nos voisins humains, mais aussi de nos voisins sauvages, je ne sais pas comment nous allons nous en sortir à l'avenir. Nous devons aimer les choses qui nous entourent afin d'en prendre soin.
Connectés aux autres
- La capacité de se réunir en tant que communauté et de participer à l'acte collectif de création et d'expression par le biais de divers médias, que ce soit la chanson, l'écriture, la poésie, la peinture, la mosaïque ou la réalisation de fresques, autant de moyens d'expression différents, est, je pense, très précieuse pour que les gens restent ancrés dans la réalité, en bonne santé mentale et se sentent connectés aux autres. C'est l'interconnexion entre les gens qui nous aidera à survivre en temps de crise. Plus le réseau de connexions est profond et complexe, meilleures sont les chances de résilience.
e51 hiser : the emotional wheel of climate, ma conversation avec le Dr. Krista Hiser, éducatrice, sur la recherche en matière d’éducation climatique, la littérature post-apocalyptique et cli-fi, les hymnes musicaux, la non-notation, l’art comme espace ouvert et la roue émotionnelle de l’urgence climatique.
Aider à voir cette réalité
- Ce qui me motive, c'est de parler aux étudiants d'une manière telle qu'ils ne reviendront pas vers moi dans dix ans avec ce regard sur leur visage, vous savez, Dr Hiser, pourquoi ne m'avez-vous pas dit ça ? Pourquoi ne me l'avez-vous pas dit ? Je veux être sûre qu'ils quitteront l'interaction que nous aurons et qu'ils repartiront avec au moins l'idée que quelqu'un a essayé de les aider à voir cette réalité.
Le dernier espace ouvert
- L'espace d'art est peut-être le dernier espace ouvert où le caractère fermé et la rigidité ne sont pas aussi présents.
Réalités différentes
- Le changement réside dans le fait que les professeurs ne sont plus seulement des experts. Ils sont des courtiers ou des intermédiaires du savoir. Il y a tellement d'informations qui circulent. C'est tellement écrasant. Il y a tellement de réalités différentes que les professeurs doivent interagir avec cette information et créer des expériences qui traduisent l'information pour les étudiants afin que ceux-ci puissent gérer leur propre information.
Gamme d'émotions autour de l'urgence climatique
- Il y a toute une gamme d'émotions autour de l'urgence climatique et il ne faut pas s'enliser dans le chagrin. Ne pas s'enfermer dans la colère. Une grande partie de ce que nous voyons chez les jeunes activistes et dans l'activisme des jeunes, c'est qu'ils s'épuisent dans la colère et ce n'est pas une émotion durable. Mais aucune d'entre elles n'est une émotion dans laquelle vous voulez rester coincé. Lorsque vous êtes coincé dans le chagrin climatique, il est difficile de se décoincer, donc passer par toutes les différentes émotions - y compris la colère, l'espoir - et cette idée d'un hymne et de travailler ensemble, tout cela fait partie de la roue des émotions qui existe autour du changement climatique.
e52 mahtani : listening and connecting, ma conversation avec la compositrice Dr Annie Mahtani sur la musique, l’art sonore et l’urgence climatique, l’écoute, la nature, l’incertitude, les festivals, la parité des sexes et la Journée mondiale de l’écoute.
Encourager les gens à écouter
- Si nous pouvons trouver des moyens d'encourager les gens à écouter, cela peut les aider à établir un lien, même si c'est seulement avec une petite parcelle de terrain près de chez eux. En les aidant à avoir une nouvelle relation avec celle-ci, qui s'étendra ensuite et les aidera à savourer une relation plus profonde et plus significative avec notre monde naturel, et des petits pas comme ça, même si ce n'est que quelques personnes à la fois, cela pourrait se propager. Je pense que personne, pas une seule personne, ne sera capable de changer le monde, mais cela ne veut pas dire que nous devons abandonner.
Une réflexion sur le changement et sur notre avenir
- Pour le festival (BEAST), nous voulions examiner ce que le COVID a fait pour modifier et ajuster la pratique des gens, la façon dont les compositeurs et les praticiens ont répondu à la pandémie musicalement ou par l'écoute, et aussi aborder des questions plus larges : qu'est-ce que cela signifie pour l'avenir après cette année, l'année de l'incertitude, l'année de l'opportunité pour beaucoup ? Que signifie l'avenir de notre paysage sonore, de notre pratique environnementale et de notre écoute ? Nous avons présenté cet objectif sous forme de mots, comme une série de questions, sans attendre nécessairement de réponses, mais comme une façon de l'aborder et de l'explorer, et c'est ce que le week-end de concerts, de discussions et d'ateliers a permis de faire : une sorte d'exploration de nos paysages sonores, une réflexion sur le changement et sur notre avenir.
e53 kalmanovitch : nurturing imagination, ma conversation avec la musicienne Dr. Tanya Kalmanovitch sur la musique, l’ethnomusicologie, les sables bitumineux de l’Alberta, l’éducation artistique, l’urgence climatique, la politique artistique et la façon dont la pratique artistique peut nourrir l’imagination.
Négocier l'incertitude et la complexité
- L'une des plus grandes crises auxquelles nous sommes confrontés aujourd'hui est en fait une crise d'échec de l'imagination et l'une des plus grandes choses que nous pouvons faire dans la pratique artistique est de nourrir l'imagination. C'est ce que nous faisons. C'est notre travail. Nous savons comment le faire. Nous savons comment négocier l'incertitude et la complexité. Nous comprenons le contenu à l'intérieur d'un silence, il s'agit de débloquer et de parler à des façons de connaître et d'être et de faire que lorsque vous commencez à essayer d'en parler avec des mots, c'est vraiment un défi parce que cela finit par ressembler à des autocollants pour pare-chocs, comme "La musique construit des ponts". J'ai un gros problème avec les discours universalisant dans les arts, qui cachent des structures d'impérialisme et de colonialisme.
Sur le deuil
- La vie normale en Amérique du Nord ne nous laisse pas de place pour le deuil. Nous ne savons pas comment gérer le deuil. Nous ne savons pas quoi en faire. Nous le repoussons. Nous le canalisons, nous le contenons, nous le compartimentons. Nous l'ignorons. Nous croyons que c'est quelque chose qui a une fin, que c'est linéaire ou qu'il y a des étapes. Nous croyons que c'est quelque chose que nous pouvons traverser. Alors que j'ai beaucoup réfléchi à l'idée de vivre avec la perte, de vivre avec l'indétermination, de vivre avec l'incertitude, comme un moyen de s'éveiller à une sorte de soin et d'amour radical pour nous-mêmes, pour nos compagnons les créatures vivantes, pour la vie sur la planète. Je réfléchis à la manière de transformer une salle de spectacle, une salle de classe ou tout autre environnement en une communauté de soins. Comment puis-je créer les conditions permettant aux gens de supporter d'être présents à ce qu'ils ont perdu, de nommer et de connaître ce que nous avons perdu et, à partir de là, de faire le deuil, de guérir et d'agir dans la pleine conscience de la perte ? Voir l'amour et la perte comme étant intimement liés.
À propos de la narration
- Mon idée est qu'il y a un spectacle, qui est en quelque sorte mon offre, mais qu'il y a aussi une série d'ateliers participatifs où les membres de la communauté peuvent raconter leurs propres histoires sur nos origines, la façon dont ils vivent aujourd'hui et le futur dans lequel ils souhaitent vivre, quels sont leurs besoins, quels sont leurs deuils. Donc, ici, je pense à l'utilisation de l'histoire orale et de la narration comme une pratique qui promeut des façons de savoir, de faire et de guérir ... avec la narration comme une sorte de mécanisme participatif et circulatoire qui favorise la guérison. J'ai tant à apprendre des pratiques indigènes de narration.
La nature comme musique
- Nous sommes tous, chacun d'entre nous, des musiciens. Lorsque vous choisissez la chanson sur laquelle vous vous réveillez avec votre alarme ou que vous utilisez la musique pour créer une ambiance. Vous vous chantez une phrase accrocheuse ou vous chantez à un enfant qui s'endort : vous faites des actes musicaux. Si l'on va un peu au-delà de cette optique anthropocentrique et que l'on entend un oiseau comme un musicien, un ruisseau comme un musicien, on retrouve cette relation intime avec l'environnement.
Sur l'Alberta
- Je suppose que c'est un plaidoyer pour que les gens ne pensent pas aux sables bitumineux comme étant des problèmes de l'Alberta, mais comme étant des problèmes de tout le monde, partout, et pas seulement à cause des conséquences écologiques et éthiques de la contamination de l'aquifère, de ce qui pourrait arriver si 1,4 trillion de litres d'eau de traitement toxique, si le bassin qui les retient se rompt, ce qui pourrait arriver ensuite... Mais l'histoire sera toujours là, la terre et les gens, les animaux et les plantes, toutes ces relations seront toujours en danger, n'est-ce pas ? Il faut donc se rappeler, tout d'abord, que ce n'est pas seulement une affaire albertaine et que l'histoire ne se termine pas simplement parce que Teck a retiré sa proposition d'exploitation minière (Frontier mine) en février 2020. L'histoire continue toujours. Je veux honorer le caractère particulier et le pouvoir d'un lieu et, en même temps, je veux renforcer l'idée que nous appartenons tous à ce lieu.
e54 garrett : empowering artists, ma conversation avec l’artiste de théâtre Ian Garrett sur l’éthique, le théâtre, l’éducation, le rôle de l’art dans l’urgence climatique, la durabilité dans la transformation numérique et l’empreinte carbone du secteur du patrimoine culturel.
Civilisation écologiquement non viable
- Je ne veux pas confondre la fin d'un mode de civilisation écologiquement non viable, intenable, fonctionnant en ce moment, avec une garantie totale d'extinction. Il y a un avenir. Il peut sembler très différent et parfois je pense que l'incapacité à voir exactement ce qu'est ce futur - et notre plan pour cela - peut être confondue avec le fait qu'il n'y en a pas. Je suis plutôt d'accord avec cette incertitude et, en attendant, tout ce que l'on peut faire, c'est de travailler pour essayer de faire en sorte que l'avenir, quel qu'il soit, soit plus positif. Il y a un sentiment de biophilie.
Un tas de pneus en feu
- L'expérience de pensée extrême que j'aime utiliser dans le contexte d'une performance est la suivante : si vous avez une pièce de théâtre dans laquelle le public part en ayant changé d'avis sur toutes ses activités, vous pouvez dire que c'est positif. Mais si le décor sur lequel elle se déroule est un tas de pneus en feu - ce qui est objectivement une mauvaise chose pour l'environnement - il y a une conversation en l'encadrant comme une pratique artistique pour savoir s'il y a une valeur à avoir cet impact, à cause de l'impact plus grand. Et ces complexités ont en quelque sorte défini la fusion et les différentes approches à adopter ; il ne s'agit pas seulement de mesures.
Valeurs individuelles en matière de durabilité
- L'objectif [des outils verts créatifs de la bicyclette de Julie] n'est pas d'obtenir la certification LEED parce que vous avez établi une empreinte carbone précise. Il s'agit essentiellement d'un outil d'aide à la décision dans un contexte artistique. En effet, si vous connaissez ces informations, vous serez mieux à même d'examiner d'un œil critique la manière dont vous créez, ce que vous faites et comment vous représentez vos valeurs et ces aspects, qu'ils fassent ou non explicitement partie de votre travail. Il existe donc un grand nombre d'outils avec lesquels j'ai eu l'occasion d'établir une relation et qui visent à donner aux artistes, aux créateurs d'art et aux collectifs artistiques les moyens de prendre ces décisions afin que leurs valeurs individuelles en matière de durabilité - indépendamment de ce qu'ils font réellement - puissent également être représentées et qu'ils puissent faire les choix qui les représentent le mieux, qu'ils créent explicitement ou non quelque chose pour la "Journée de la Terre".
La séparation de l'artiste de la personne et l'articulation en tant que profession
- La séparation de l'artiste de la personne et l'articulation en tant que profession est une chose unique, alors qu'une alternative à cela pourrait simplement être que nous sommes des êtres expressifs et artistiques qui cherchent à créer et ont différents talents, mais transformer cela en une profession est quelque chose que nous nous sommes fait à nous-mêmes et donc pendant que nous faisons cela, nous existons au sein de systèmes, nos organisations culturelles existent au sein de systèmes, qui ont des impacts beaucoup plus loin à l'extérieur, de sorte qu'une approche d'analyse des systèmes est vraiment importante.
é55 trépanier : un petit instant dans un espace beaucoup plus vaste, ma conversation avec l’artiste autochtone France Trépanier sur le colonialisme, cultures autochtones, transition écologique, temps, art, écoute, rêves, imagination et ce petit instant…
Vivre ici sur cette planète
- Je pense que ce cycle du colonialisme, et de ce que ça a apporté, on est en train d'arriver à la fin de ce cycle là aussi, et avec le recul, on va s'apercevoir que cela a été un tout petit instant dans un espace beaucoup plus vaste, et qu’on est en train de retourner à des connaissances très profondes. Qu'est-ce que ça veut dire de vivre ici sur cette planète? Ce que ça implique comme possibilité, mais comme responsabilité aussi de maintenir les relations harmonieuses? Moi, je dis que suis la solution à la crise climatique c'est cardiaque. Ça va passer par le cœur. On parle d'amour avec la planète. C'est ça, le travail.
Terra nullius
- Pour moi, le défi de l'enjeu écologique ou de la crise écologique dans laquelle on se trouve, c'est de bien comprendre la source du problème et de pas juste de mettre un pansement, de pas juste essayer de faire des petits ajustements sur nos manières de vivre, mais de vraiment porter un regard sur la nature même du problème et pour moi, je pense qu'il s'est passé quelque chose au moment du contact, au moment où les Européens sont arrivés. Ils sont arrivés avec cette notion-là de propriété. On parle de terra nullius, l'idée qu'ils pouvaient s'approprier les territoires qui étaient 'inhabités' (je mets des guillemets sur inhabités) et je pense que ça a été notre première collision de vision du monde.
Vision éurocentrique des pratiques artistiques
- En fait, si on prend encore une vue allongée de la façon dont la vision éurocentrique des pratiques artistiques s'est imposée sur les pratiques matérielles des cultures du monde. Ça va être un tout petit instant dans l'histoire. Cette idée des disciplines, la manière dont la vision eurocentrique a imposé des catégories, a imposé un certain élitisme des pratiques. La manière dont il a déclassifié aussi la culture matérielle des Premières Nations ou ce n'était pas possible, ce n'était pas de l'art. Les objets d'art devenaient soit des artefacts ou de l'artisanat. On a complètement déclassifié, on n'a pas compris. Je pense que les premiers arrivants ici n'ont pas compris ce qui était en face d'eux.
La vraie tragédie
- L'artiste Mike MacDonald racontait une histoire, Mike, qui est un artiste Mi'kmaq, qui plus est avec nous maintenant, a fait du travail remarquable, un artiste des nouveaux médias, il y racontait une fois un des ainés dans sa communauté. Il disait que la vraie tragédie du Canada n’est pas qu'on a empêché les gens de parler leur langue. La vraie tragédie, c'est que les nouveaux venus n'ont pas adopté les cultures d'ici. Donc il y a eu des grandes mésententes.
Réécrire le monde?
- Je pense qu'on n'a pas besoin de rien réécrire du tout. Je pense qu'on a juste besoin de porter attention et d'écouter. On a juste besoin de la fermer un peu pour un petit bout. Parce que dans la notion de 'authoring', il y a le mot 'author' et cela présuppose le mot autorité (authority) et je ne suis pas certaine que c'est de ça dont on a besoin maintenant. Je pense que c'est l'inverse. Je pense qu'il faut changer notre rapport à l’autorité. Il faut déconstruire cette idée là quand on est en train d'être les décideurs ou les maîtres de quoi que ce soit. Je ne pense pas que c'est la bonne approche. Je pense qu'il faut écouter. Je ne dis pas qu'il ne faut pas imaginer - je pense que l'imagination c'est important dans cette écoute attentive - mais de penser qu'on va réécrire, c'est peut-être un peu prétentieux.
é56 garoufalis-auger : surmonter les injustices, ma conversation avec l’activiste Anthony Garoufalis-Auger sur sacrifices, injustices, stratégies, activisme, jeunes, art, culture, transition écologique, catastrophe
Sacrifices
- Ça va prendre des sacrifices et ça va prendre une implication énorme pour changer des choses, donc peut être sortir de notre zone de confort sera nécessaire à ce point-ci dans l'histoire. Ce qui est le fun est de regarder tout le passé et l'historique de l'humanité. Cela a pris beaucoup d'efforts pour changer les choses, mais au moins, on a des exemples dans l'histoire qu'en se mettant ensemble on a été capable de surmonter des injustices. Il faut se s'inspirer de ça.
On s'en va vraiment vers la catastrophe
- Les gens autour de moi, la grande majorité, comprennent ou on est en rendu avec les changements climatiques. Il y a une complète déconnexion avec la réalité qu'on voit dans notre culture de masse et dans les nouvelles. Ceci n'est pas une réalité construite. Ce que la science nous dit est la réalité. On s'en va vraiment vers la catastrophe.
é57 roy : ouvrir des consciences, ma conversation avec l’artiste Annie Roy sur l’art socialement engagé, le deuil, les politiques culturelles, la nature, comment ouvrir notre conscience, le numérique et la place de l’art dans nos vies
Revenir à l'essentiel
- Être créatif, c'est tu aussi s'éloigner du monde, pure à la source telle qu'il est, plutôt que de juste accepter aussi qu'on bien petit et on devrait revenir à l'essentiel? Je ne sais pas si l'art nous ramène à l'essentiel versus nous ramène à dériver complètement. Peut-être que la créativité ou la création, ça nous amène tellement loin qu'on s'imagine vivre sur Mars dans une espèce de plateformes pas d'allure dénuée, ou est-ce qu'on n'aura plus besoin des oiseaux, puis des tempêtes, puis des ci et des ça. On va avoir recréé un univers de toutes pièces où est-ce qu'il fait dont bon vivre. Ça pourrait être ça, l'apport de l'art. Moi, je ne l’aime pas trop cet art-là.
Ouvrir des consciences
- Si on est dans le réelle et puis qu'on se dit dans le monde actuel, il faut que cela vienne insuffler du désir, de la puissance vers un avenir meilleur. Mais ce n'est pas l'artiste qui va décider et puis ça me dérange. Ça me dérange d'avoir un poids sur les épaules, de changer le monde tout en n'ayant pas le pouvoir de le faire, réel. Le pouvoir que j'ai, c'est d'ouvrir des consciences, de voir du rêve dans l'esprit des autres et d'insuffler des graines de possibles d'un avenir.
Sur le dos de l'art
- L'artiste est un être qui vit dans sa contemporanéité, qui absorbe le 'caca' à tout ce qui se passe et qui essaie de le transformer en quelque chose de beau, puis de puissant pour un tremplin pour aller vers mieux. Mais on pourrait en rester là, dans le sens que les gens, comment ils utilisent l'art dans leur vie? L'artiste a peut-être toutes ses volontés, mais c'est quoi la place de l'art qu'on fait dans nos vies? Parce qu’ils sont entre quatre murs, dans un musée ou dans des lieux super spécifiques. Ce n’est pas toujours intégré dans le flux de la journée comme quelque chose de super naturel. C'est un moment bien cadré qu'on donne comme on consomme n'importe quoi d'autre. Puis, si on consomme de l'art comme n'importe quoi d'autre, comme on va au spa ou comme on va magasiner et puis qu'on s'achète un nouveau pantalon, puis que ça fait du bien d'être allé voir une pièce de théâtre, n'était-ce pas bon? Ouais, c'est cool mais ça n'ira pas plus loin que n'importe quoi d'autre qu'une belle émotion qui va durer deux ou trois heures et puis tu vas prendre ton Hummer pour retourner chez toi pareil. Je trouve que c'est mettre beaucoup sur le dos de l'art.
e58 huddart : the arts show us what is possible, ma conversation avec Stephen Huddart sur la dématérialisation, la nature, la culture, le capital, le soutien aux activités de base, l’innovation et la façon dont les arts peuvent nous montrer ce qui est possible.
Crise existentielle
- C'est maintenant une crise existentielle, et nous avons, d'une certaine manière, une crise conceptuelle, mais le simple fait de comprendre ce que nous sommes et ce que c'est, ce moment, toute l'histoire est derrière nous : chaque livre que vous avez lu, chaque bataille, chaque empire, tout cela est juste là, juste, juste derrière nous. Et maintenant, nous sommes dans cette position de prise de conscience émergente que pour que cette civilisation, sous une certaine forme, continue, nous devons agir rapidement, et les arts peuvent nous aider à le faire en nous donnant un sens partagé de ce moment et de sa gravité, mais aussi de ce qui est possible et de la rapidité avec laquelle ce point de basculement pourrait être atteint.
Dématérialisation
- Je pense que nous devons, de manière plus générale, nous dématérialiser et passer d'une culture plus matérielle à une culture plus spirituelle, une culture capable d'apprécier le fait d'être ici, qui connaît un changement évolutif vers la connexion avec la nature, avec tout ce que cela implique pour les êtres humains, ainsi que le plaisir et la célébration de la culture, et donc je pense que ces deux perspectives que les arts ont un défi essentiel et tellement important et pourtant difficile à relever.
Gabrielle Roy
- Disons que sur le précédent billet de 20 dollars, il y a une citation de Gabrielle Roy. Elle est en très petits caractères, mais elle dit en substance : "comment pourrions-nous avoir la moindre chance de nous connaître sans les arts". Cela m'a frappé lorsque j'ai lu cette citation et que j'ai pensé aux distances qui se sont creusées entre nous, à la polarisation, aux préjugés, à toutes ces choses, et au fait que les arts créent ce pont entre les peuples, entre les personnes seules, entre les rêveurs et tous les gens, et que les arts ont cette capacité de nous relier les uns aux autres d'une manière très personnelle, profonde et importante.
Capital
- Je consacre maintenant beaucoup de temps à la question de savoir comment influencer les flux de capitaux. Comment intégrer l'économie de la subvention, avec tout ce qu'elle a et toutes ses limites, au reste de l'économie : les fonds de pension, les investisseurs institutionnels de toutes sortes, les bureaux de famille et ainsi de suite, parce que nous avons besoin que toutes ces ressources s'alignent et s'intègrent de manière à permettre aux activités de base d'être vues, soutenues, nourries, liées au changement de système plus large dont nous avons besoin de toute urgence, et cela nécessite le déplacement du grand capital.
e59 pearl : positive tipping points,ma conversation avec l’organisatrice artistique Judi Pearl à propos du théâtre, de l’urgence climatique, de la collaboration, du leadership artistique, de l’intersection des arts et de la durabilité et de la nouvelle organisation Sectoral Climate Arts Leadership for the Emergency (SCALE) (Leadership Sectoriel des arts sur l’urgence pour la transition écologique (LeSAUT)
Lieu de rassemblement
- C’est (LeSAUT, Leadership sectoriel des arts sur l’urgence de la transition écologique) une table ronde nationale permettant au secteur des arts et de la culture de se mobiliser autour de l'urgence climatique. Il y a quelques mois, vous, moi et d'autres personnes avons fait le même constat : alors qu'il y avait beaucoup de travail et de projets importants à l'intersection des arts et de la durabilité au Canada, il manquait une sorte de structure pour rassembler ce travail, pour aligner les activités, pour développer une stratégie nationale et pour questionner profondément le rôle des arts et de la culture dans l'urgence climatique et activer le leadership du secteur en termes de mobilisation qui doit se produire dans la société au sens large. LeSAUT essaie vraiment de devenir ce lieu de rassemblement qui engendrera cette collaboration de haut niveau, qui, espérons-le, créera ces points de basculement positifs.
é60 boutet : a la recherche d’un esprit collectif, ma conversation avec la chercheure en pratique des arts, Dr. Danielle Boutet sur la conscience écologique, la réalité, l’activisme, le deuil, l’art comme mode de vie, l’innovation et la spiritualité
Le deuil il est loin d’être fait
- Collectivement, on est inconscient. On cherche à parler de la conscience écologique. On cherche à parler de ça, mais en réalité… S’il y a une psyché collective, ce que je crois, je pense qu’il y a une espèce d’esprit collectif, mais c’est un esprit qui est inconscient, qui n’est pas capable de se voir aller, de se réfléchir et donc pas capable de méditer, pas capable de se transformer, donc soumis à ses peurs et ses pulsions. Je suis assez pessimiste par rapport à ça, mais c’est que le deuil écologique, tout le chagrin et toute la peur est refoulée présentement. Il y a des activistes qui crient dans le désert, qui hurlent, et les gens entendent, mais comme dans un brouillard. Ce n’est pas suffisant pour amener à une action collective. Donc, le deuil il est loin d’être fait, collectivement.
Changer notre rapport à la nature
- Il faut arriver à changer notre rapport à la nature, notre façon d’entrer en relation avec les autres et ce n’est pas là la science généralisant qui va nous dire, c’est cette espèce de science du singulier et de l’expérience de chacun. Pour moi, c’est vraiment un grand domaine d’innovation, de recherche et je vois que les artistes s’en vont dans cette direction. Tu sais, toi et moi, on observe les changements dans le monde de l’art depuis les années 1990. Moi, je vois ça à travers les artistes qui en parlent de plus en plus et intègrent de plus en plus leur réflexion dans leur démarche.
Comment l'art peut aider les humains à évoluer
- J'entends beaucoup des gens qui appellent les artistes à intervenir, des artistes aussi qui disent qu'il faut faire quelque chose, etc. Je trouve que l'art ce n’est pas un bon véhicule pour l'activisme. Je suis vraiment désolé pour tous ceux qui s'intéressent à ça. Je ne veux pas choquer personne, mais parfois ça peut risquer de tomber dans la propagande ou de tomber dans l'idéologie ou dans une sorte de facilité qui me désole au sens où je pense que l'art peut faire tellement plus que ça et aller tellement plus profondément que ça. L'art peut aider les humains à évoluer. C'est à ce niveau-là que je pense qu'on était comment on pourrait vraiment avoir une action, mais je pense qu'on l'a toujours eu cette action-là et il suffit de la relancer encore et encore et encore.
e61sokoloski: from research to action, ma conversation avec le leader artistique Robin Sokoloski sur la recherche culturelle, la politique artistique, l’urgence climatique, les arts engagés dans la communauté, l’élaboration de solutions créatives et la manière de créer des structures organisationnelles équitables et inclusives.
Avoir un véritable impact sur la politique
- Je pense qu'il doit y avoir une plus grande capacité dans le secteur de l'art pour que la recherche se transforme en action. Quand je dis que le secteur artistique lui-même doit être le moteur de la politique. Nous devons avoir les outils, la compréhension, la formation, les connexions pour avoir un véritable impact sur la politique et une chose sur laquelle Mass Culture se concentre vraiment en ce moment est de savoir comment engager d'abord le secteur dans les priorités de recherche et ce qui doit être étudié ensemble et à quoi ressemble ce processus, mais ensuite comment prendre cette recherche et la créer pour qu'elle conduise au changement.
L'élaboration de solutions créatives
- Je suis très curieux de voir ce que les arts peuvent faire pour nous rassembler en tant que société autour de domaines particuliers de défis et d'intérêts que nous ressentons tous et auxquels nous devons faire face. Je pense qu'il s'agit d'amener l'art dans un cadre où nous pourrions potentiellement fournir un plus grand sens de la création de solutions créatives au lieu de la façon dont nous sommes parfois perçus, qui est l'art sur les murs ou sur les scènes. Je pense qu'il y a beaucoup plus de potentiel que cela pour engager les arts dans la société.
Structures organisationnelles
- En tant qu'êtres humains, nous avons le pouvoir de changer les systèmes humains et je suis donc très curieux de travailler avec des personnes qui partagent les mêmes idées et qui veulent fonctionner différemment. J'utilise souvent la structure organisationnelle comme un exemple de cela parce que, comme nous le savons tous, ce n'est pas un modèle parfait. Nous nous en plaignons souvent et pourtant nous y recourons toujours. Comment pouvons-nous nous rassembler, nous organiser et donner vie à des idées de manière différente en changeant le système actuel, en le rendant plus équitable, plus inclusif, en trouvant des moyens de faire venir des gens et de ne pas nécessairement les faire s'engager, mais de les faire venir et repartir quand ils en ont besoin et j'ai l'impression qu'il y aura une plus grande variété d'idées apportées à la table, une expérience plus enrichissante et la possibilité d'apporter des solutions dans la réalité en pensant à la manière dont nos structures sont mises en place et comment nous pourrions faire ces choses différemment.