balado conscient

ENCORE é55 france trépanier– un petit instant

Episode Notes

Je vous invite cette fois à écouter ou a réécouter l’épisode 55 du balado conscient, ma conversation avec l’artiste, la commissaire et chercheure d’ascendance Kanien’kéha:ka et française, France Trépanier, enregistrée le 7 juin, 2021, en pleine pandémie COVID, sur Zoom à partir de ma maison à Ottawa et celle de France en Colombie britannique. J’avoue que cette conversation a exercé une grande influence dans ma vie au niveau de ma compréhension du temps et de l’espace. France nous parle de Terra nullius et comment ‘il s'est passé quelque chose au moment du contact, au moment où les Européens sont arrivés avec cette notion-là de propriété’. Elle parle aussi de la vision éurocentrique et élitiste des pratiques artistiques et comme cela va être un tout petit instant dans l'histoire et comment les premiers arrivants ici n'ont pas compris ce qui était en face d'eux, d’où le titre ‘un petit instant’. France parle aussi de la tragédiedu Canada dans le sens que les nouveaux venus n'ont jamais pu adopter les cultures d'ici. Donc une grande mésentente persiste mais peut-être qu’il n’est pas trop tard. Merci encore à France pour cet entretien. Bonne écoute.

Notes d’épisode générée par l’IA Whisper Transcribe

Points d'action 

Aperçu de l'histoire

Imaginez un monde où l’art est intrinsèquement lié à la vie quotidienne et où la sagesse ancestrale guide nos actions. France Trépanier nous invite à repenser notre relation à la terre et à l’art, nous rappelant que l’écoute et l’amour sont les clés pour surmonter la crise écologique.

Chapîtres

00:00 Introduction à l’Épisode 55
02:12 Le Colonialisme et Terra Nullius
07:36 La Notion de Réalité
10:19 Le Deuil Écologique
13:21 Reconnexion avec la Nature
16:06 Rêver la Terre
20:20 Redéfinir l’Art
26:03 L’Art et le Changement Climatique
29:13 Dissonance Cognitive et Réalité
32:16 Les Pratiques Artistiques Autochtones
36:09 Réécriture et Écoute
40:00 Vers une Nouvelle Approche du Savoir
43:20 Ralentir et Écouter
46:00 Vers une Nouvelle Saison

Citations

Derrière l'histoire

France Trépanier partage son parcours en tant qu’artiste, commissaire et chercheuse d’ascendance Kanien’kéha:ka et française. Installée sur le territoire non cédé des Lekwungen, elle explore comment les visions eurocentriques ont déconnecté les humains de la nature et comment les pratiques artistiques autochtones peuvent nous reconnecter.

Episode Transcription

Transcription 

Remarque : il s'agit d'une transcription automatique générée par IA pour ceux qui préfèrent lire cette conversation et à des fins de documentation. Elle a été vérifiée mais n'est pas tout à fait exacte à 100 % (certains noms peuvent ne pas être tout à fait exacts). Veuillez me contacter si vous souhaitez citer à partir de cette transcription : claude@conscient.ca

[00:00:00] Claude Schryer

Épisode 55 Encore. Bienvenue à un autre épisode Encore. Cette fois, je vous invite à écouter ou à réécouter l'épisode 55. De ce balado conscient, ma conversation avec l'artiste, la commissaire et chercheuse d'ascendance Kanien’kéha:ka et Française France Trépanier. Enregistré le 7 juin 2021 en pleine pandémie COVID sur Zoom à partir de ma maison à Ottawa et celle de France en Colombie-Britannique. J'avoue que je vous rappelle cette conversation parce qu'elle a eu une très grande influence dans ma vie, en partie au niveau de ma compréhension du temps et de l'espace, et aussi pour l'énergie vitale que France partage avec son travail et ses perspectives. Alors, France nous parle de terra nullius et comment il s'est passé quelque chose au moment du contact, au moment où les Européens sont arrivés avec cette notion-là de la propriété. Elle parle aussi de la vision eurocentrique et élitiste des pratiques artistiques, et comment cela va être un tout petit instant dans l'histoire, et comment les premiers arrivants ici n'ont pas compris ce qui était en face d'eux. D'où le titre « Un petit instant ». France nous parle aussi de la tragédie du Canada, dans le sens que les nouveaux venus n'ont jamais pu adopter les cultures d'ici. Donc une grande mésentente persiste. Mais peut-être qu'il n'est pas trop tard. Alors, encore une fois un grand merci à France pour cet entretien et je vous souhaite une bonne écoute ou réécoute. Un petit instant.

[00:02:12] France Trépanier

Je pense que ce cycle-là du colonialisme et de ce que ça a apporté, je pense qu'on est en train d'arriver à la fin de ce cycle-là aussi. Et avec le recul, on va s'apercevoir, je pense que ça va être un tout petit instant dans un espace beaucoup plus vaste. Et on est en train de retourner à des connaissances très profondes de ce que ça veut dire de vivre ici sur cette planète, ce que ça implique comme possibilité, mais comme responsabilité aussi, de maintenir les relations harmonieuses. Moi, je dis la solution à la crise climatique, c'est cardiaque. Ça va passer par le cœur. C'est de retomber en amour avec la planète.

C'est ça, c'est ça le travail.

[00:03:07] Claude Schryer

Notre émission du balado conscient avec France Trépanier que je connais bien depuis plusieurs années. Bienvenue France.

[00:03:14] France Trépanier

Merci Claude, merci de l'invitation. Ça me fait plaisir d'être là.

[00:03:18] Claude Schryer

Écoute, c'est vraiment un honneur pour moi parce qu'on a eu différents échanges au cours des années au conseil, dans le milieu des arts, dans des rencontres d'art autochtone, toutes sortes de points de contact. Mais là, on va pouvoir se parler de ta pratique, qui m'intéresse beaucoup, tant au niveau de ton art, mais aussi de ton travail en tant que commissaire, mais aussi organisatrice d'événements. Je pense à couleurs primaires et d'autres activités qui sont toutes reliées, interreliées, j'en suis certain. Mais peut-être commencer par nous présenter qui tu es, d'où tu viens et qu'est-ce que tu fais, s'il vous plaît.

[00:03:52] France Trépanier

Avec plaisir. Mon nom est France Trépanier. Je suis artiste, commissaire et chercheur d'ascendance Kanien’kéha:ka et française. Ma famille vient du Québec, mais depuis une vingtaine d'années, je suis installée sur le territoire non cédé des Lekwungen et des Saanish, donc les Saanish de la côte sur l'île de Vancouver, donc plus précisément sur le territoire de la première nation Tseycum. Donc j'habite à trois minutes de la mer Salish, ce qui donne sur les îles du Golfe. C'est un endroit magnifique.

Ma pratique s'étend déjà sur plusieurs décennies. Je baigne dans le milieu artistique depuis longtemps. Et à la blague, je dis souvent que j'ai probablement occupé toutes les positions possibles dans le monde des arts, donc d'être à la fois de travailler dans la communauté. Je suis membre fondatrice d'un centre d'artistes en Outaouais il y a très très longtemps, mais aussi j'ai une expérience d'agente au Conseil des arts du Canada. J'ai travaillé aussi comme agente politique des arts au ministère du patrimoine canadien. Donc j'ai une expérience de l'intérieur d'être dans les institutions. J'ai représenté le Canada à l'ambassade du Canada à Paris. Maintenant, je suis autochtone francophone vivant en milieu minoritaire linguistique.

[00:05:29] Claude Schryer

Écoute, faut bien habiter en quelque part.

[00:05:32] France Trépanier

Ça fait bien des chapeaux à porter. J'ai une pratique de commissaire. Je suis venue au commissariat un peu par nécessité parce que En fait, la manière dont on présentait les arts autochtones me semblait assez inadéquate. C'est venu par frustration. J'avais l'impression qu'on ne rendait pas justice ni aux artistes autochtones ni à leur travail en les présentant dans des cadres conceptuels qui étaient un peu décalés. Donc, je me suis mise à présenter un peu ce travail-là. C'est un peu ce que j'ai fait aussi au Centre culturel canadien à Paris pendant quelques années.

de présenter le travail d'artistes autochtones à un public qui avait encore la notion des Indiens à plumes et macabanes au Canada. C'était un peu ça, le regard, et d'amener des artistes contemporains, ça permettait de pousser un peu la réflexion et la présentation de ces artistes-là. Donc, j'ai pris beaucoup de plaisir. Puis au fil des années, excuse, au fil des années, c'est sûr, j'ai travaillé avec plusieurs communautés autochtones, avec plusieurs communautés, pas juste autochtones, pour me retrouver ici maintenant où je partage mon temps entre ma propre pratique artistique, ma pratique commissariale, mais aussi le projet que tu mentionnais. Donc, je suis co-directrice de l'initiative Primary Colours, couleur primaire. dont l'objectif est en fait de placer les arts autochtones au cœur du système des arts au Canada, là où il aurait dû être depuis le tout début. Donc de recentrer un peu cette notion-là tout en faisant une place aux artistes et alors aux pratiques des artistes noirs et de couleur.

[00:07:28] Claude Schryer

Mais que commençons avec quelques réflexions ou des commentaires sur la notion de réalité. Je sais que tu as écouté l'émission Réalité et d'autres balados dans la série, mais c'est quoi pour toi la notion de réalité? Comment tu l'approches? Donc la saison 2 porte sur la.

[00:07:49] Claude Schryer

Réalité, sur la manière d'accepter la réalité, comment nous pouvons surmonter le deuil écologique et comment tracer pour soi et pour les autres une voie pour l'avenir.

[00:08:16] France Trépanier

En questionnement, toujours en questionnement. Je voulais te dire que ton balado me parle beaucoup, ça résonne beaucoup pour moi, l'approche que tu as adoptée. J'ai aussi une pratique bouddhiste zen, donc ça fait longtemps que je me questionne sur cette idée de réalité. les différentes sphères de réalité aussi. Je pense que depuis très longtemps, je suis consciente qu'en fait, on vit dans une toute petite borne de réalité. Il y a plusieurs sphères qu'on habite peu ou pas. Et c'est quelque chose que j'ai appris aussi beaucoup des populations autochtones ici sur la côte ouest.

où la relation avec le monde supranaturel est encore très présente. Donc, la borne de lecture, si tu veux, de la réalité me semble plus élargie à certains égards. Donc ça demeure, c'est un « work in progress ». C'est un projet en cours toujours d'être en relation avec la réalité, peu importe ce qu'elle est, et d'essayer d'être consciente de ma subjectivité dans cette perception-là.

[00:09:45] Claude Schryer

On va revenir dans quelques instants à ta pratique, mais je voulais aussi parler de la notion du deuil. C'est un sujet délicat en tout moment et particulièrement en ce moment. Le deuil écologique, j'ai réfléchi à ça parce que je le sens dans mon corps. Je suis allé au chalet juste en fin de semaine et je sens la nature qui est en désarroi, qui me parle. C'est tellement triste et pourtant elle est forte. Elle est capable de résister jusqu'à un certain point. Mais la notion d'œil écologique, comment tu vois ça?

[00:10:19] France Trépanier

J'ai peut-être une vision un peu plus optimiste. Il y a plusieurs aînés qui... C'est une question que je pose souvent aux aînés, entre autres, leur perception de ce qui se passe, de ce qu'on est en train de vivre. Et il y a plusieurs approches, évidemment, mais j'ai entendu souvent l'histoire qu'on s'approche du sixième monde. Donc, on a déjà vécu des cycles comme ça où les êtres humains, peut-être leur présence était moins importante. Moi, je ne m'inquiète pas trop pour la planète comme telle, parce que je pense que la planète, ça va aller. Mais c'est peut-être pour les humains, pour l'instant, c'est peut-être moins positif, si on veut.

Mais il y a quelque chose qui est cyclique dans ça aussi. Et je pense qu'on s'approche d'un cycle. On s'approche de la fin d'un cycle. Les choses vont se transformer. Mais je pense pas qu'on va tuer la planète. Je pense que la planète va s'organiser pour retrouver un équilibre. Donc dans ce sens-là, ça ne me fait pas peur.

De toute façon, je n'ai pas peur de la mort en général. Je pense que j'ai un rapport à cette idée de cycle, à cette idée de choses qui se transforment constamment. Et je pense que pris sur un plan collectif global, peut-être qu'on est dans ça, on arrive à la fin d'un cycle. Bon, c'est sûr, c'est inconnu par là où on va, mais je ne m'inquiète pas trop. En tout cas, pas pour la planète.

[00:12:02] Claude Schryer

Oui, oui, tu as raison. C'est une question aussi d'accepter où on en est rendu, qu'est-ce qu'on a fait. La notion d'accepter, c'est assez conceptuel dans le sens que je veux émotionnellement m'accepter ce qui est réellement, moi aussi je suis bouddhiste, ce qui est réellement devant moi, ce que je ressens réellement, et ensuite que ça informe ce que je veux faire. Puis ce que je veux faire pour être assez passif, dans le sens que ce n’est pas une question de paniquer, mais c'est de poser des bons gestes, et d'aller de l'avant d'une façon informée et responsable, et qui a une vue quand même à long terme, une perspective à long terme. qui manque des fois parce qu'on est tellement sur nos intérêts à court terme qu'il faut vraiment penser. C'est pour ça les cultures autochtones et les 7 générations, tout ça, c'est tellement important comme concept parce que ça nous permet de voir au-delà de nous.

[00:13:05] France Trépanier

Oui, t'as raison, puis on se situe dans des espace-temps beaucoup plus vastes. On se rend compte qu'on fait partie d'une beaucoup plus longue chaîne. Et de se projeter dans l'avenir sur un plus long temps, mais c'est aussi de se projeter dans le passé. Je pense que pour moi, le défi de l'enjeu écologique ou de la crise écologique dans laquelle on se trouve, c'est de bien comprendre la source du problème et de ne pas juste mettre un pansement, de ne pas juste essayer de faire des petits ajustements sur nos manières de vivre, mais de vraiment porter un regard sur la nature même du problème. Et pour moi, je pense qu'il s'est passé quelque chose au moment du contact, au moment où les Européens sont arrivés. Ils sont arrivés avec cette notion-là de propriété. On parle de terra nullius, l'idée qu'elles pouvaient s'approprier les territoires qui étaient inhabités.

Je mets des guillemets sur inhabités. Et je pense que ça a été notre première collision de vision du monde, où les Européens sont arrivés avec cette idée-là où on pouvait posséder le territoire. Donc l'idée de propriété. Et on sait où ça nous a mené, la notion de propriété. Et ça a été, je pense que la question de relation au territoire, de prendre soin du territoire, d'être en relation avec lui, ça s'est brisé. On s'est déconnecté de la nature. En fait, on s'est pensé supérieur à la nature.

On a pensé qu'on pouvait juste s'en servir comme on le voulait. Et je pense que c'est là où il y a eu vraiment une rupture dans cette continuité-là, et pour moi, et dans mon travail d'artiste et de commissaire, c'est là-dessus que je me penche beaucoup, sur comment on se rebranche, comment est-ce qu'on rétablit notre rapport au monde naturel, à la planète, et les uns aux autres. Donc, Ce n’est pas juste des gestes accessoires de faire le recyclage, de prendre moins l'avion. Bon, oui, je ne dis pas que ça, c'est pas important, mais je pense que ça va beaucoup plus profondément que ça. Je pense qu'il faut revoir, se rebrancher sur une relation et de nourrir cette relation-là de manière très active. Ce n’est pas juste une vue de l'esprit. Ça se manifeste au quotidien. Et je pense que Si on peut donner l'expérience de cette connexion-là, à mon avis, ça nous met sur la bonne voie.

[00:15:56] Claude Schryer

Peux-tu nous donner un exemple de tes œuvres ou d'une œuvre que tu as commandée ou que tu as mis en espace qui fait ça?

[00:16:06] France Trépanier

Je travaille en fait sur un projet maintenant qui s'appelle « Dreaming the land », rêver la terre ou rêver le territoire. D'abord, une petite mise en contexte pour ce projet-là. Moi, ça fait plusieurs années que j'ai un espace atelier dans mes rêves. Alors, délibérément, j'occupe un espace créatif dans mes rêves. C'est comme mon atelier, j'ai un atelier et je le nourris, j'en prends soin. Il y a beaucoup de mon travail créatif qui se passe dans cet espace-là où mon intellect est au repos souvent, donc ça laisse place à une autre forme de créativité. Ma tête n'est pas toute en train d'analyser tout le temps, donc c'est un espace intéressant où travailler.

Et quand je suis arrivée sur la côte ouest, j'ai découvert que dans les communautés autochtones, il y a des gens qui sont rêveurs. C'est ça leur boulot dans la vie, c'est d'être rêveurs. Il y en a qui sont guérisseurs, il y en a qui sont ébénistes. Mais il y a des gens ici, et ça existe encore, qui sont rêveurs. C'est ça leur fonction dans la communauté. Et on fait appel à ces gens-là quand on a besoin de nouvelles histoires ou de nouvelles cérémonies ou de nouvelles danses. Et ces rêveurs-là accèdent à d'autres sphères de réalité et sont capables de ramener ces choses-là au service de la communauté. Donc, évidemment, je suis fascinée par cette découverte-là. J'ai poursuivi mes recherches et j'ai eu la grande chance de rencontrer des rêveurs. Donc, une avec laquelle je travaille présentement, qui est une aînée de la nation Namgeesh, donc la grande famille Kanien’kéha:ka, elle est rêveuse. C'est rêveuse et elle joue ce rôle-là dans sa communauté depuis très longtemps et on travaille ensemble présentement. Et l'idée de ce projet-là, donc de Dreaming the Land, c'est d'inviter une dizaine d'artistes sur différents territoires à entrer en relation avec le territoire, mais à partir d'un espace de rêve. Et on partage nos rêves, on partage nos parcours dans ces autres sphères de réalité.

Et les artistes créent de nouvelles œuvres. Donc on va créer de nouvelles œuvres qui sont basées dans le temps et sur le territoire et on va proposer des expériences en fait, c'est une expérience artistique. Donc on sort de la galerie là, on sort vraiment du cube blanc et on est sur le territoire où les gens vont être invités à entrer en relation à travers une production artistique, à travers une performance, à travers une installation, à découvrir un autre aspect de la relation au territoire. Donc c'est un peu ça, en gros, c'est un peu ça le projet sur lequel je travaille présentement. Parce qu'en fait, je pense qu'être artiste, c'est une manière de percevoir et d'aborder le monde.

C'est une manière d'être dans le monde. Et quand j'écoute ce que tu me dis, ça me renvoie à deux choses. La première, c'est ce qu'on dit souvent, que le mot « art » n'existe pas dans les langues autochtones. Mais en fait, ce n'est pas vrai. Parce que le mot « art », il existe. Il y a plein de mots pour parler d'art dans les langues autochtones. Mais ce n'est pas un mot passif.

Ce sont souvent des mots d'action. Ce sont souvent des mots actifs. Et je pense que c'est la deuxième collision des visions du monde. Après la notion de propriété, je te dirais, c'est le concept d'art. L'art, je pense qu'il y a eu vraiment une grande mésentente sur l'art et la production artistique qui était complètement intégrée à la vie quotidienne. L'art faisait partie de l'expérience quotidienne des communautés. Ce n'était pas quelque chose qui était séparé, ce n'était pas quelque chose qui était destiné à une partie d'une élite.

où il fallait se déplacer pour aller en faire l'expérience. C'est vraiment quelque chose qui était beaucoup plus intégré. Je pense qu'on s'en retourne vers ça. Je pense que, en fait, si on prend encore une vue allongée du temps, la façon dont la vision eurocentrique des pratiques artistiques s'est imposée sur les pratiques matérielles, les cultures du monde, Ça va être un tout petit instant dans l'histoire. Cette idée-là des disciplines, la manière dont la vision eurocentrique a imposé des catégories, a imposé un certain élitisme des pratiques, la manière dont il a déclassifié aussi la culture matérielle des Premières Nations, où ce n'était pas possible, ce n'était pas de l'art, les objets d'art devenaient ou bien des artefacts ou devenaient de l'artisanat. On a complètement déclassifié, on n'a pas compris. Je pense que les premiers arrivants ici n'ont pas compris ce qui était en face d'eux.

L'artiste Mike McDonald racontait souvent une histoire. Mike était un artiste que j'ai connu à temps. Mike Ma, qui n'est plus avec nous maintenant, mais qui a vraiment fait du travail remarquable. Un artiste de nouveaux médias. Il racontait une fois qu'un des aînés dans sa communauté disait que la vraie tragédie du Canada, ce n'est pas qu'on a empêché les gens de parler leur langue. La vraie tragédie, c'est que les nouveaux venus n'ont pas adopté la culture d'ici, la culture d'ici. Donc, il y a eu des grandes mésententes, en fait.

Mais je pense qu'il y a vraiment, encore pour retourner dans les cycles, je pense que ce cycle-là du colonialisme et de ce que ça a apporté, Je pense qu'on est en train d'arriver à la fin de ce cycle-là aussi. Et avec le recul, on va s'apercevoir, je pense, que ça va être un tout petit instant dans un espace beaucoup plus vaste. Et on est en train de retourner à des connaissances très profondes de ce que ça veut dire de vivre ici sur cette planète, ce que ça implique comme possibilité, mais comme responsabilité aussi, de maintenir les relations harmonieuses.

[00:24:20] Claude Schryer

L'activiste Sheila Watt-Cloutier. Il est important de reconnaître à quel point l'environnement, la santé, l'économie, la culture et les droits sont étroitement liés dans notre société. La terre est une entité vivante qui respire, tout comme notre corps. Notre survie dépend entièrement de la vie dans la nature. et non pas en dehors de celle-ci. L'écrivain Robin Wall Kimmerer La terre est le véritable maître. Tout ce dont nous avons besoin en tant qu'étudiants, c'est d'être attentifs.

[00:25:54] Claude Schryer

Tu as plus ou moins répondu à ma prochaine question autour du rôle de l'art, parce qu'on vient de redéfinir l'art et de le mettre dans un contexte beaucoup plus large. Ça explique beaucoup ça, parce que maintenant, le milieu artistique, de plus en plus, contribuer à résoudre le problème de changement climatique, mais ce n'est pas la bonne approche de dire qu'il y a un problème et qu'on va créer de l'art qui va résoudre un problème. Il n'y a pas de logique là, mais quand même, il y a une conscience, il y a un éveil qui se fait au niveau de, il n'y a pas juste du milieu artistique, mais de tous les citoyens qui se rendent compte qu'on est en grande, grande difficulté. Comment tu vois, toi, tu en as déjà parlé, mais peut-être tu peux en parler un peu plus, peut-être aussi faire référence aux couleurs primaires, parce que je trouve ça intéressant de recentrer sur les pratiques autochtones. Quelle est votre approche et comment vous voyez le rôle, je dis vous parce que je sais que vous travaillez en collectif, mais comment tu vois le rôle de l'artiste en ce moment, dans la crise dans laquelle on est, il y a multiples crises en ce moment, mais comment tu vois le rôle de l'art maintenant et dans le futur?

[00:27:10] France Trépanier

C'est une question complexe parce que je pense que c'est un rôle changeant. Je pense que la dernière année nous a vraiment permis, je pense, de sortir des cadres dans lesquels on avait placé l'art, je pense. Ça s'est fait un peu via la technologie, certainement, dans la dernière année de pandémie ou les derniers 15 mois de pandémie. Je pense qu'on a vu une explosion des contenus en ligne. Alors, c'est sûr que ça pousse un peu les cadres, mais je pense que des événements aussi comme le meurtre de George Floyd, et ce qu'on vit plus récemment avec la découverte des 215 enfants autochtones aux pensionnats de Kamloops. Et on regarde la réponse des artistes. On est là dans des manières d'aborder la réalité.

au quotidien et des réponses au quotidien. Moi, je suis un peu ce qui se passe autour de moi et la présence des artistes dans un espace qui devient un espace ouvert, un espace collectif, un espace beaucoup plus instantané, un espace paradoxalement connecté parce que la technologie, je pense qu'on on a ouvert des dialogues qui auraient été peut-être moins possibles sans la connexion qu'on a vécue via la technologie ces dernières années. Je pense aussi que les artistes jouent un rôle de pointer vers Je ne te dirais pas vers des solutions, vers des états d'être ou vers des expériences. Moi, je pense que collectivement, on vit souvent des grands phénomènes de dissonance cognitive. C'est-à-dire, surtout quand on parle de la crise écologique, Puis t'en as parlé avec tes autres invités dans d'autres émissions où on a l'information scientifique, on a les chiffres, on se le fait dire, les scientifiques nous disent 12 ans, 10 ans, on voit la calotte glaciaire qu'ils font, on voit ça. Mais dans notre quotidien, quand je monte dans ma voiture puis que je vais au supermarché, les étagères sont pleines. Puis il y a de l'essence à la station service, puis les restaurants vont rouvrir, puis tout le monde va se lancer.

Puis le commerce en ligne n'a pas tari durant la pandémie. Donc il y a comme, je pense, Il y a une dissonance cognitive entre ce qu'on sait intellectuellement et ce qu'on vit au quotidien avec nos cinq sens. Peut-être que toi tu le vis différemment parce que tu es proche de la nature, dans le chalet, tu vois la transformation. Je pense que dans certaines parties du monde, évidemment, les gens le vivent aussi beaucoup. J'ai des amis qui viennent du Vanuatu où l'île est en train de disparaître complètement. Donc c'est sûr qu'il y a, pour des parties des populations, c'est réel. Mais je pense qu'encore pour une majorité d'humains, on ne le vit pas au quotidien.

En tout cas, certainement pas en Amérique du Nord, en Europe non plus. Donc je pense que là, il y a un rôle dans cet espace-là, d'espace liminal, entre la catastrophe qui nous guette et entre la réalité où il semble que dans le fond, ce n'est pas si urgent et on continue à mettre nos affaires dans la boîte bleue pour le recyclage. Là, il y a un espace fertile où les artistes, je pense, jouent un rôle important de pointer vers les choses, mais aussi de proposer des expériences où dans le fond, on n'est pas en train de te dire, mais on est dans le faire et dans le senti. Moi, je dis la solution au climat, à la crise climatique, c'est cardiaque.

Ça va passer par le cœur. C'est du travail cardiaque, c'est du travail de cœur. C'est de retomber en amour avec la planète. C'est ça, c'est ça le travail. Puis ce n'est pas étranger au projet de couleur primaire parce que quand je parle de placer les arts autochtones au cœur du système des arts canadiens, dans le fond, ces pratiques-là sont les pratiques d'ici. C'est des pratiques qui émergent du territoire ici, le vaste territoire d'ici. C'est un territoire très vaste avec des cultures très différentes, mais peu importe là où on est sur le territoire dans notre pays, Les pratiques artistiques, ces pratiques-là émergent d'ici, de la réalité d'ici, d'une connaissance d'ici, d'un contact avec le supranaturel d'ici, avec la magie du territoire d'ici.

Et ça, c'est primordial. C'est qui on est. Ça nous informe tous. Si on vit ici, on a intérêt à être en contact avec ces connaissances-là parce que ça nous apprend à comment être ici. en relation avec ce territoire. Même si nos ancêtres sont arrivés il y a 400 ans ou que ta famille est arrivée l'année passée, t'es ici. Donc pour moi, c'est vraiment important parce que c'est comme établir les bonnes fondations.

Et c'est pas un travail qui se fait à l'exclusion de personnes. Ça exclut pas les autres pratiques, ça exclut pas les autres cultures. Au contraire, ça les met à la bonne place. C'est comme rétablir l'équilibre, un équilibre qui a été perdu. Et je pense qu'avec les changements démographiques et avec d'autres systèmes de connaissances aussi qui existent ailleurs sur la planète, je trouve qu'au Canada, on a la chance d'avoir des artistes qui sont en contact avec ces ensembles de connaissances. Donc, de faire de la place pour ces artistes-là, les artistes noirs, les artistes de différentes cultures, et de s'assurer qu'ils fassent partie aussi de l'imaginaire de nos futurs collectifs. de ramener ça, de rebrancher, si tu veux, ces connaissances-là qui sont, dans le fond, je n'aime pas parler d'universalité, mais je pense que c'est des cultures qui sont proches de cette relation-là au territoire.

Donc, je pense que c'est de ça qu'on a besoin, urgemment.

[00:34:42] Claude Schryer

On parle de réécrire le narratif. David Maggs, qui était sur une des émissions, parle de re-authoring the world. Mais je suis encore en train de réfléchir à ça, parce que ce que tu viens de dire, toi, c'est ça jusqu'à un certain point, mais c'est aussi d'écouter les voix qui sont ici depuis tellement longtemps et qui sont liées au territoire, et d'utiliser ça comme point de départ ou comme point de référence, tout en ayant toutes les autres cultures qui sont le complément de ces choses-là. Donc, est-ce que c'est une réécriture ou est-ce que c'est un processus d'écoute?

[00:35:20] France Trépanier

C'est un processus d'écoute profonde, d'écoute attendue. Oui, c'est ça. Oui, parce que c'est là, c'est là. Ce n’est pas parce qu'on n'a pas écouté que ce n’est pas là. C'est toujours là, c'est parce qu'on n'a pas porté attention. Ou on a interprété les choses différemment. On a imposé, tu sais, je veux dire, l'art eurocentrique ou les cultures eurocentriques ont imposé des manières de voir, des manières de classifier, des manières de privilégier des des philosophies, des postures politiques, sociales, qui ne sont pas à l'avantage de l'être humain, à mon avis.

[00:36:09] Claude Schryer

Je te trouve très lucide dans le meilleur sens du terme. C'est-à-dire clair.

[00:36:16] France Trépanier

Je dis souvent, pour expliquer cette position-là, si par exemple on interdisait l'opéra d'être présenté au Canada, la forme opératique ne mourrait pas parce qu'il y a une terre-mère, il y a une mère-patrie quelque part. Si on empêchait le kaito drumming, le tambour kaito d'être pratiqué au Canada, cette pratique-là ne disparaîtrait pas parce qu'il y a une mère patrie. Mais les pratiques artistiques autochtones, la mère patrie c'est ici. Alors si on n'en prend pas soin, si on ne les soutient pas, si on ne les met pas, au cœur de nos préoccupations, de notre soutien, de notre amour, et si elles disparaissent, mais elles disparaissent pour toujours parce qu'il n'y a nulle part ailleurs où les régénérer. Et je pense que ça, ça nous confère une responsabilité, pas juste aux Autochtones, mais à tout le monde. Et la perte ne serait pas juste pour les peuples Autochtones non plus, je pense que la perte serait pour les Canadiens, mais ultimement pour le monde. Et je pense que c'est la même réalité pour différentes parties du monde, en fait, où le colonialisme a vraiment eu des effets néfastes et qui nous a amenés à un capitalisme effréné.

avec les résultats qu'on connaît. Alors, je pense que de ce, je ne sais pas si de réécrire, je pense qu'on n'a pas besoin de rien réécrire du tout. Je pense qu'on a juste besoin de porter attention. Je pense qu'on a juste besoin d'écouter. En fait, je pense qu'on a juste besoin de se la fermer un peu pour un petit bout. Puis penser qu'on est, parce que dans la notion de authoring, Le mot author, ça présuppose le mot d'autorité. Et je ne suis pas certaine que c'est de ça dont on a besoin maintenant.

Je pense qu'en fait, c'est l'inverse. Je pense qu'il faut changer notre rapport d'autorité. Il faut déconstruire cette idée-là qu'on est en train d'être les décideurs ou les maîtres de quoi que ce soit. Je ne pense pas que c'est la bonne approche. Je pense qu'il faut écouter. Je ne dis pas qu'il ne faut pas imaginer. Je pense que l'imagination, c'est important dans cette écoute attentive.

Mais de penser qu'on va réécrire, c'est peut-être un peu prétentieux.

[00:38:57] Claude Schryer

Le théoricien de la culture Thomas Berry. Notre défi est de créer un nouveau langage, voire un nouveau sens de ce que c'est que d'être humain. Il s'agit de transcender non seulement les limites nationales, mais l'isolement même de notre espèce, pour accéder à la plus vaste communauté des espèces vivantes. Cela donne un sens complètement nouveau à la réalité et à la valeur.

[00:39:37] France Trépanier

Je pense que c'est plusieurs artistes présentement, et des universitaires aussi, et des historiens, et des anthropologues qui se penchent sur la question de la décolonisation, d'une approche décoloniale. C'est ce réflexe-là de vouloir trouver des solutions vite fait. OK, on a un problème, on va le résoudre. Puis ça va être les dix meilleures solutions en ordre prioritaire. Mais ça, il faut arrêter de faire ça. À mon avis, c'est vraiment un réflexe colonial. Il faut cesser de penser qu'on va régler le problème vite.

Et en fait, cette rapidité-là, ce réflexe de rapidité et de vouloir, parce que c'est une autre forme de contrôle, on va le régler, on va le contrôler. Je pense qu'au contraire, il faut adopter des approches beaucoup plus ouvertes. Je pense que des principes comme celui de la polyvocalité, par exemple, est un élément important. L'idée aussi même de notre rapport au savoir. Je pense qu'il faut repenser notre rapport au savoir, cette idée-là de l'expertise, le savoir qui est une forme de bien qu'on accumule et qui nous confère une autorité et qui nous met donc en relation de pouvoir avec les autres. Je pense qu'il faut repenser notre relation au savoir. Le savoir comme le territoire qui appartient à personne, c'est une chose qu'on partage, c'est une chose de laquelle on prend soin, le savoir.

Mais ce n'est pas quelque chose qu'on accumule pour en tirer profit, je pense. Et donc, il y a toutes ces approches-là. C'est un travail qu'on fait avec le projet de l'initiative Couleurs primaires, de mettre de l'avant ces pratiques décoloniales qui sont en train d'être inventées. On est vraiment dans une mouvance. Il n'y a pas de recette, il n'y a pas le top ten. C'est vraiment un projet qui est en train de se développer et ça se fait au niveau tant individuel, personnel, parce que je pense qu'on est tous habité par ça, ces réflexes-là coloniaux. Et donc, collectivement aussi, d'être capable de mettre en place des espaces ou en fait souvent c'est assez inconfortable, parce que de changer des réflexes ou de se rendre compte de certains réflexes, souvent ce n'est pas très confortable, mais d'être capable d'avoir suffisamment de, en anglais on dit stamina, je ne sais pas en français le mot, mais d'être capable de rester dans cet inconfort-là, de ne pas à tout prix vouloir régler.

Donc on a un problème et c'est vrai, le Canada a vraiment un problème sérieux et je pense qu'on l'a vu avec la découverte il y a une dizaine de jours des enfants autochtones. On a un problème qui n'est pas encore réglé et je pense qu'au lieu de vouloir courir vers une solution, le réflexe maintenant c'est peut-être de ralentir et d'écouter avant de vouloir formuler à tout prix une nouvelle proposition. Si il y a une chance de survivre, je pense que ce type de retard, en écoutant et en méditant, et en ne pas faire autant, je pense qu'il y a de l'espoir dans cela.

[00:44:11] Claude Schryer

Dans mon entrevue avec Hildegard Westerkamp en avril, quand j'étais à Vancouver, elle disait exactement la même chose. Elle disait, notre seul espoir, c'est de ralentir et d'écouter. Peut-être pas le seul espoir, mais notre meilleur espoir, c'est de ralentir et d'écouter. Ça va un peu à l'encontre de la notion d'une crise, d'une urgence. Mais tu peux être conscient de l'urgence, puis avoir une réaction, à la limite, à l'opposé d'une crise, parce qu'il faut passer, il faut aborder la crise d'une façon fondamentale, comme tu disais tout à l'heure. En fait, j'aime beaucoup que tu aies utilisé la notion de cœur parce que c'est tellement humain de parler du cœur, métaphoriquement, mais aussi physiquement. C'est le centre de notre...

comment se centrer, sortir de la tête, puis de sentir l'ensemble des sensations autour de nous. Alors, France, ça fait un bon 40 minutes qu'on se parle.

Est-ce qu'il y a autre chose? Je donne toujours la chance à la fin, parce que des fois, il y a des sujets que tu aurais aimé aborder, puis voilà l'opportunité. On a beaucoup couvert de contenus intéressants.

[00:45:23] France Trépanier

Oui, j'ai l'impression qu'on pourrait continuer à parler longtemps. Non, je pense que je veux juste te remercier pour le travail que tu fais, Claude. Merci d'amener ces voix-là. Merci de les partager. Je pense que c'est important. C'est important de donner la parole. C'est important de créer ces espaces-là de réflexion collective, commune.

Et donc, oui, je salue ton travail.

[00:45:51] Claude Schryer

Merci. Dans les prochaines semaines, je vais faire un recueil de ce que j'ai appris et je vais faire des liens entre les différentes conversations que j'ai eues. Chacun a un privilège et essayer de ne pas trouver des solutions, mais de faire un peu plus de sens entre toutes les différentes perspectives que j'ai entendues et aller de l'avant avec je vais faire une autre saison les prochaines, plutôt sur les pratiques artistiques, comme ce qui se fait sur le terrain. Là, je suis beaucoup dans les nuages, puis dans les théories, puis la philosophie. Mais là, qu'est-ce que les artistes font? Puis quelle est la réaction du public? Et regardons les pratiques artistiques, comme ton projet autour du rêve.

Ça serait intéressant d'en reparler, par exemple, et de comprendre, sans être analytique dans le sens de critique, mais juste de vivre l'expérience de l'expérience en conversation. Et comme ça, peut-être qu'on ne verrait jamais cette œuvre-là, mais on va comprendre les différents points de vue de pourquoi est-ce que c'est été créé et quelles sont les intentions. Ça, ça me stimule beaucoup parce que ça, ça donne de l'espoir quand on sent une œuvre d'art et on rencontre les personnes qui sont dans le processus. Il y a beaucoup d'espoir là-dedans.

[00:47:02] France Trépanier

Tout à fait, tout à fait.

[00:47:04] Claude Schryer

Merci bien.

[00:47:05] France Trépanier

Au plaisir. À bientôt.